Etre sportif de haut niveau à SciencesPo

 

Aux Jeux Olympiques de Rio, SciencesPo peut se vanter d’avoir apporté deux médailles au palmarès Français : l’argent en boxe de Sarah Ourahmoune et l’or au judo de Teddy Riner.  Les deux anciens élèves ont suivi le cursus « sportif de haut niveau » de l’école, une formation à part, pour leur permettre de pratiquer leur sport de la manière la plus intensive qui soit, tout en se donnant l’opportunité de se reconvertir, à travers des aménagements d’emploi du temps et un étalement de la durée des études.  D’autres athlètes ont choisi, eux, d’entrer au collège universitaire comme n’importe quel autre étudiant.  Ce sont ces sportifs de haut niveau, inscrits sur les listes ministérielles, ceux- là mêmes qui alternent entre galops de socio et compétitions internationales auxquels nous nous intéressons aujourd’hui. La Péniche se glisse dans la peau d’un athlète avec Aubin Dronsart, sciencepiste et escrimeur.

Aubin Dronsart est en deuxième année du cursus général à SciencesPo Paris. Il pratique en parallèle l’escrime, armé de son fleuret depuis 12 ans désormais. Une passion qui l’anime depuis ses 6 ans, jusqu’à l’emmener au rang de 5ème national dans la catégorie des moins de 20 ans.

 

GABRIELLE RADET : Bonjour Aubin, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions pour La Péniche. Nous imaginons que ton emploi du temps doit être très chargé, peux-tu nous en parler ? 

AUBIN DRONSART : Effectivement ! Il y a bien sûr les entraînements, mais les compétitions sont plus intenses encore. Je participe à des championnats et des circuits français, sur les catégories moins de 20 ans, ainsi que seniors.  Je fais également partie du « groupe France » dans la catégorie des moins de 20 ans.  Nous sommes 12 français à partir pour des circuits de coupes du monde. Au terme de ce circuit de compétitions internationales, seuls les quatre meilleurs sont choisis pour aller aux championnats d’Europe et du Monde.

GR : Beaucoup de déplacements donc ?

Je participe en tout à une vingtaine de compétitions, donc je voyage beaucoup, oui !  Les destinations varient :  Toulouse, Strasbourg, Bordeaux, Valence ou Hénin Beaumont pour les compétitions en France, l’Angleterre, la Hongrie, l’Allemagne ou l’Espagne pour les coupes du monde.  Néanmoins, à part les aéroports, les gares et les gymnases, on ne voit pas grand-chose d’autre ! (rires)  C’est plus ou moins exotique selon les compétitions !

Aubin Dronsart lors d'une compétition d'escrime
Aubin Dronsart lors d’une compétition d’escrime

 

GR : Tu es rentré à SciencesPo Paris l’année dernière, cela a-t-il perturbé tes résultats par rapport aux années précédentes ?

De façon assez paradoxale, l’année dernière a été très prolifique au niveau des résultats sportifs : j’ai fini la saison classé 5ème national dans la catégorie moins de 20 ans, champion de France junior par équipe avec mon club de Melun Val de Seine, et champion de France universitaire en individuel, sous les couleurs de SciencesPo.  J’ai aussi connu des moments difficiles et des déceptions, notamment lors des périodes de galops ou d’examens.  Il était plus dur d’aller s’entrainer, on a un peu la tête ailleurs…  Néanmoins, j’ai aussi eu le sentiment de m’épanouir, au niveau universitaire comme sportif, libéré de la pression notamment. À plusieurs moments, ça a réellement été un plus je pense.

GR :  Explique-nous un peu ton rythme de vie ? 

On peut diviser mes semaines en trois parties : les cours de SciencesPo et le travail universitaire la journée, les entrainements et la préparation physique, et enfin les compétitions.  Il faut réussir à libérer ses soirées pour les entrainements, s’organiser pour les départs à l’étranger en avion le vendredi pour partir en coupe du monde…

Je m’entraine trois fois par semaine, des entrainements de deux heures trente environ.  C’est plutôt chronophage !  C’est un rythme à prendre : tu te lèves plus tôt pour faire un footing le matin avant de partir en TD, tu cours en sortant de ton amphi avec ta housse pour ne pas être en retard à ton entrainement…  Évidemment ça implique des sacrifices : tu rates des soirées, tu déclines des invitations, tu vois moins tes amis…

En première année, à part mes cours je n’ai vraiment rien vu de SciencesPo (rires). Cette année, je me suis engagé dans différentes associations, je suis membre de l’AS. J’ai envie de pouvoir débattre dans différents cercles ou groupes de réflexion, participer à des évènements, rencontrer des gens différents, bref de participer à la vie étudiante de l’école ! Je ne veux pas finir mes années de SciencesPo en me disant que je suis passé à côté de la vie associative qu’on nous offre ici, j’aurai sinon le sentiment d’avoir raté quelque chose.

GR : Des sacrifices, mais pas de regrets ?

Pour pouvoir participer aux Championnats de France l’année dernière, j’ai raté deux examens.  Ça implique plusieurs complications, des discussions avec l’administration, des rattrapages de mes matières en fin de deuxième année, un peu de stress pour le choix de 3A…  Néanmoins je n’ai aucun regret, je suis très fier au contraire de pouvoir à la fois être à SciencesPo et continuer mon sport au plus haut niveau.

GR : Tu as fait les championnats de France universitaire, tu es membre de l’AS… Ressens-tu l’envie de développer l’escrime à SciencesPo ?

Complètement. L’année dernière, j’ai plusieurs fois entendu des élèves me dire qu’ils regardaient l’escrime aux Jeux Olympiques, ou que, petits, ils auraient vraiment voulu en faire… L’AS propose des cours d’initiation, ce qui est une vraie opportunité pour pouvoir pratiquer en partant de zéro.  En parallèle des cours de l’AS, on a la chance d’avoir au sein de notre école une petite dizaine d’élèves qui font de l’escrime en compétition, dont deux membres de l’INSEP (Alexandre Sido, cursus sportif, et Malina Vongsavady, en 3ème année du cursus général). C’est une super opportunité pour faire briller l’école sur les pistes universitaires, nationales, ou en coupes du monde ! Cette année, j’ai réussi à regrouper les élèves motivés pour une créer la première équipe de compétition d’escrime (l’ASSAUT) à SciencesPo, tout en donnant plus de visibilité à l’offre des cours pour les débutants.  Avoir gagné les France Universitaires 2016 sous la bannière de SciencesPo a été une vraie fierté et a donné une forme de crédibilité au projet. Je suis soutenu par l’AS, des amis…  C’est très motivant

L'ASSAUT à Sciences Po
L’ASSAUT à Sciences Po

 

GR : Et pour toi, quelle finalité ?  Escrimeur professionnel ?

Malheureusement, l’escrime est un sport amateur.  On ne peut donc pas concrètement vivre de l’escrime, il est nécessaire d’avoir un emploi ou une formation en complément.  J’ai des aspirations professionnelles de plus en plus précises avec les années, et il est certain qu’un moment il faudra vraiment choisir…  Mais mon choix s’est déjà un peu fait, rien qu’en rentrant à SciencesPo dans le cursus général.

Néanmoins, l’escrime est une sphère primordiale dans ma vie.  Je n’ai jamais abandonné, jamais renoncé.  J’ai toujours essayé de faire le maximum pour équilibrer études et sport.  Jusque-là, ça me réussit je crois, mais des challenges sont encore à venir.  Tant que je pourrai être performant sur la piste et en dehors, je continuerai à tout donner.  C’est un peu magistral comme réponse, je sais, mais c’est assez vrai (rires).

GR : Effectivement, et c’est ce que La Péniche te souhaite ! Avant de nous quitter, peux-tu nous dire quel sera ton prochain défi ?

La semaine prochaine débute la première coupe du monde de l’année, je serai donc à Budapest pour essayer de représenter au mieux la France.  On croise les doigts !