Les coulisses de l’AS : Crit’, compétition et Grand Chelem

Cette semaine, Sciences Po est en ébullition : la campagne BDE bat son plein et l’AS se prépare pour le Grand Crit’ Classé, qui démarre le 29 mars à Bordeaux. Paris part défendre ses couleurs. Au local de l’AS, je suis accueillie chaleureusement par Amélie Guignabert, rugbywoman et handeuse, présidente de l’AS, en 4ème année, Master Affaires Publiques. Elle est entourée des deux capitaines de l’équipe masculine de rugby, Tristan Gautier et Clément Girard, également en 4ème année, et de son vice-président, Foucauld Tribel, en 2ème année, pompomboy.

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1. Cette année, Grand Crit’ classé à Bordeaux. Comment le sentez-vous ? Quel est notre plus gros challenger ?

Tristan : Bordeaux
Amélie : Grenoble !
Tristan : Grenoble et Bordeaux. Bordeaux parce qu’ils organisent et parce qu’ils vont être beaucoup, Grenoble parce qu’ils sont bons en sport et parce qu’ils sont balèzes.
Amélie : Et parce qu’ils ont perdu de 15 points l’année dernière et que ça va être très tendu avec eux.
Clément : Et pour le rugby, Toulouse est toujours assez bon et ils viennent de perdre deux fois en finale, donc ils sont assez revanchards.
Foucauld : Donc Grenoble, Bordeaux en général et Toulouse en rugby, parce que le rugby, ils connaissent.

2. Paris remet en jeu son titre, une fois encore. Pouvez-vous nous en dire plus sur les prix ? Lesquels visez-vous cette année ?

Clément : La totale ! (Approbation collective)
Amélie : Le prix sportif, bien évidemment. C’est l’amphore que vous pouvez voir derrière moi.
Foucauld : Et si on gagne cette année ça aura fait trois fois d’affilée qu’on gagne et on garderait l’amphore, pour la première fois dans l’histoire du Crit’. Ça c’est le grand enjeu du tournoi. Après y a le prix de l’ambiance, qu’on a gagné une fois, à Strasbourg, il y a quelques années. Sinon c’est Lille généralement qui l’emporte.
Amélie : Grenoble l’an dernier !
Foucauld : Après y a le Prix Pompom. Dont je suis le fier représentant. (Rires)
Amélie : Et y a les deux boucliers, le Brannus et le Clitus. Le clitus est ici présent, la récompense pour les championnes du rugby féminin…
Tristan: Et nous il faut le reconquérir (le Brannus, prix du rugby masculin, NDLR)! Nous l’avons perdu l’année dernière. Mais c’est parce qu’on n’était pas là, c’est parce qu’on était en 3A…(Rires)

3. Savez-vous ce que les autres IEP visent, côté prix ?

Foucauld : C’est Lille qui gagne, normalement, le prix de l’ambiance. Mais le fait qu’ils ont axé le Crit’ sur un côté plus sportif et moins sur un côté supporter a nui à leur capacité d’ambianceurs.
Amélie : Rennes vise la cuiller en bois, Bordeaux, Grenoble et Aix, eux, visent le titre.
Tristan : Toulouse vise le Brannus.
Amélie : Et Toulouse vise le prix de l’ambiance cette année aussi. Lyon…Lyon, ils ont eu le prix de la fanfare ! Strasbourg aussi, alors qu’on ne parle jamais de Strasbourg.
Foucauld : C’est Lille qui gagne, normalement, le prix de l’ambiance. Mais le fait qu’ils aient maintenant davantage axés leur préparation au Crit’ sur un côté plus sportif et moins sur un côté supporter a un peu nui à cet aspect festif.

4. Comment s’attribuent les prix ? Y a-t-il des risques de tricherie ?

Amélie : Le prix sportif se fait avec le compte des points. Le prix pompom c’est…très objectif, c’est les présidents des BDS qui votent selon une grille très, très objective…(Rires) En gros, les pompoms les plus bonnes gagnent…
Tristan : Quand le président est une fille, est-ce que c’est le vice président qui vote pour le prix pompom ?
Amélie : Non (surtout que Foucauld est membre des pompoms) mais j’ai des côtés masculins aussi ! Et sinon, le prix de l’ambiance c’est aussi décidé par les différents BDS, de manière aussi très objective… Ce n’est pas facile pour Paris de l’avoir, on est ostracisés par rapport aux autres IEP. On peut difficilement gagner à la fois le prix de l’ambiance et le prix sportif. Ca s’est fait une seule fois dans l’histoire du Crit’, à Grenoble en 2007. Quand ils l’ont accueilli chez eux y a eu un doublé, ils ont gagné à la fois le CRIT’ et le prix de l’ambiance. Et sinon, c’est un peu attribué en fonction des autres résultats…Par exemple, l’an dernier c’était Rennes, parce que d’habitude ils gagnent la cuiller en bois et l’an dernier ils ne l’ont pas eu, donc on leur a filé le prix de l’ambiance. Et Bordeaux, à mon avis, est bien placé parce que c’est eux qui accueillent…Le prix de la fanfare, c’est aussi les présidents du BDS qui l’attribue.
Foucauld : Il y a forcément des risques de tricheries pour le prix sportif, notamment de la part de Bordeaux, enfin, en général, de l’IEP d’accueil. Ils sont chez eux, ils ont forcément plus d’informations que nous, mais on va essayer de contrôler ça au maximum et puis ils ont l’air relativement honnêtes.
Tristan : C’est souvent que les IEP arrivent à trouver des espèces de pseudos-conventions avec des facs ou il y a des joueurs plus ou moins professionnels…En rugby, notamment, des joueurs qui sont en centre de formation, des STAPS par exemple.
Amélie : les IEP de province dépendent des facs. Donc en fait, leurs étudiants ont la carte de la fac’, alors que nous on a une carte spécifique à SciencesPo. Ils peuvent arriver à trafiquer : par exemple, un étudiant qui vient juste à un cours de chinois à Bordeaux peut se faire passer pour un étudiant alors même qu’il est en centre de formation espoir…
Clément : Mais généralement c’est contrôlé, et de plus en plus.

5. L’an passé, le président de l’AS avait critiqué les équipes bordelaises comme, je cite « des gros cons pointilleux sur le règlement ». Etant donné qu’ils organisent, vous craignez un peu pour cette année ?

Tristan : Bordeaux, je ne pense pas que ce soit des gros cons mais en tout cas ils sont pointilleux sur le règlement.
Clément : Faut dire aussi que ce n’est pas nous qui avons tenu ces propos l’année dernière parce qu’on était en 3A !
Amélie : Chaque année, il y a des problèmes de règlement. L’année dernière, c’était le basket féminin et la double prolongation qui n’existe dans aucun règlement. Pour la danse aussi, c’est assez subjectif, c’est avec des jurés et si les jurés sont les potes des sportifs…Chaque année, on essaie de les régler au mieux, et…
Tristan : Ca ne nous empêche pas de gagner !

6. Côté ambiance, qui s’occupe de la gestion de nos supporters, des soirées, des déplacements ?

Amélie : La gestion des supporters, il y a les Ultras, qui sont là pour ça, avec les chefs Ultras qui sont censés être responsables et gérer leurs délégations et les ambiances. Les soirées, c’est Bordeaux qui les organise avec son BDS.
Clément : Déjà on a assez peu de supporters. Sur les 260 parisiens, il doit y avoir 80 supporters.
Amélie : il y a la Batuka, les Ultras et les Pompoms, qui sont là pour ça, et après les supporters lambdas qui ne font pas partie d’une équipe.
Tristan : Alors qu’à la grande époque, c’était plutôt 150 supporters, à Strasbourg par exemple.

7. Quels rôles ont les capitaines ? Cela change-t-il pendant le Crit’ ?

Tristan : Nous on a beaucoup, beaucoup de travail, parce qu’on est capitaine SUR et EN DEHORS du terrain. (Rires). Il y a quand même pas mal de travail administratif, il faut aller chercher les gens pour organiser tout, programmer les entraînements, faire les compositions d’équipes, transmettre les compositions d’équipe, trouver les licences, faire les Doodle pour les tournois…Ca prend pas mal de temps mais bon, on est deux et ça fait partie du contrat. Et sur le terrain, il faut être présent pour les joueurs, les motiver…
Clément : C’est le côté cool du CRIT’ : le BDS gère tout le côté administratif. Nous, les capitaines, on est centrés sur l’aspect sportif, notre objectif est de gagner. Donc pendant le week-end, on est uniquement sur ce côté-là.
Tristan : En fait notre seul but, durant le Crit’, c’est d’aller soulever le Brannus devant toute la foule rassemblée !

8. Cette année, il y a eu un effet de mode des vidéos, avec une star vantant la future victoire de telle ou telle IEP (notamment Jean Dujardin pour Lille). Qu’en pensez-vous ?

Amélie : Pas que cette année ! C’est chaque année comme ça.
Tristan : Nous c’est plus la flemme qu’autre chose qui nous a guidés. En gros on voulait faire une vidéo avec un joueur du Stade Français qui est à Sciences Po, Scott LaValla (américain, en master de relations internationales, NDLR), et faire croire qu’il allait jouer avec nous. On l’a plus ou moins contacté mais on a finalement eu un peu la flemme. Mais bon, nos actes, c’est plutôt sur le terrain qu’en dehors, on n’a pas besoin de parler avant, on ramène le trophée à la maison, on n’a pas besoin d’aller interviewer Jean Dujardin comme Lille.

9. Un petit secret sur l’édition du CRIT de cette année ?

Amélie : le MegaMacumba ! C’est le lieu de la soirée du dimanche. Y a eu Sexion d’Assaut là-bas la semaine dernière, une soirée MissFrance, bref une programmation éclectique.
Tristan: Nous on a un p’tit secret. On a un de nos joueurs, Yann R., qui prévoit de réaliser le Grand Chelem, c’est un truc intra-rugby, un mythe dans l’histoire du Crit’… On peut citer Adrien B. en gagnant du Grand Chelem, ou Félix DM, quoiqu’il n’ait pas rempli le contrat jusqu’au bout. Le but est de se taper une pompom de chaque IEP dans la même soirée. Et Yann a commencé à se chauffer à la soirée Pré-Crit’.
Clément : Et il est challengé par Alexandre M., c’est l’inconnu sur l’affiche de la soirée Saint Pa’Crit’.

2 Comments

  • un grenoblois

    « Amélie : les IEP de province dépendent des facs. Donc en fait, leurs étudiants ont la carte de la fac’, alors que nous on a une carte spécifique à SciencesPo. »

    Les IEP de province sont des grandes écoles comme celui de Paris, à Grenoble on est indépendant et on a une seule carte d’étudiant Sciences Po Grenoble ; tous nos sportifs sont de la maison, pas besoin de tricher pour vous battre!