Interview : Katia Kachan, 2A, Présidente de l’Association MUN Sciences Po

Sciences Po accueille sa première simulation United Nations du 19 au 21 février.

Afin d’en savoir plus sur ce qui promet d’être, en dépit des vacances, un événement international fort de la vie de Sciences Po, nous avons rencontré la présidente du MUN, Katia Kachan.

  • LaPeniche.net : Bonjour Katia ! Tu es la Présidente de MUN Sciences Po. Parle nous un peu de toi …

Katia Kachan : J’ai 20 ans, je viens de Biélorussie et je suis en France depuis trois ans déjà. J’ai passé deux ans dans un lycée français en province et je suis actuellement en deuxième année à Sciences Po. Venir en France m’a beaucoup ouverte sur le monde. J’ai appris qu’il fallait se battre contre les préjugés, les siens comme ceux des autres. Je parle anglais, russe, biélorusse, français, allemand et un peu espagnol. J’ai déja participé à une quinzaine de simulations United Nations. Lors de ma première participation, j’avais 15 ans et j’ai fait signer ma résolution par toute l’Assemblée. J’ai représenté plusieurs pays, la Corée du Nord, les Etats-Unis mais aussi l’Irak, notamment lors d’une simulation qui s’est tenue en 2003 dans une base américaine en Allemagne et où j’ai argumenté pour le départ des Etats-Unis.

  • Tu connais donc très bien les simulations MUN. C’est ce qui t’a poussée à créer une association MUN à Sciences Po ?

Oui, en fait l’année dernière, nous avons participé sous l’égide de Samovar à une simulation UN à Moscou (MGIMO) et deux étudiants de Sciences Po ont remporté le prix de best delegate. Cette année, nous avons décidé de créer une association afin d’organiser le premier Model United Nations à Sciences Po Paris. Les membres de l’association ont participé en novembre 2006 à une simulation à Oxford et nous comptons partir à nouveau à Moscou et à Brême en avril 2007. Nous attendons près de 150 personnes à Sciences Po, ce qui est pas mal pour un début, venant de partout, du Brésil, du Canada, d’Israël, de Grèce, de Bosnie, de Moldavie, de Biélorussie et de Russie, d’Allemagne, d’Angleterre, d’Italie… En fait, et c’est dommage, il y aura certainement plus d’étudiants étrangers que d’étudiants de Sciences Po car ces derniers connaissent moins le MUN. Aux Etats Unis par exemple, c’est vraiment quelque chose de très développé, il y a même des cours pour s’entraîner aux débats, des clubs débattent chaque semaine !

  • Que fait-on dans un Model United Nations ?

Les participants représentent un pays dans différents comités. Il y en a quatre : le Security Council (The role of the Un in the normalization of the current situation in Iraq), le Disarmament and Security Committee (A comprehensive Ban Treaty on « Cluster Bombs » ), l’Economic and Financial Committee (Sustainable development and outsourcing), Human Right Council (The question of LGBT, lesbian, gay, bisexual, and transgender rights ). Selon moi, c’est un bon moyen de comprendre le monde en abordant des thèmes très divers, comme les droits de l’Homme, mais aussi le problème de la santé en Afrique, le problème de l’eau, la prolifération des armes de destruction massive… On comprend les subtilités de la négociation, les questions techniques. On apprend beaucoup car c’est vraiment à travers le débat qu’on peut percevoir la véritable essence du problème. On partage notre point de vue avec celui d’autres étudiants, on peut même le défendre, chose que l’on ne fait pas quand on est diplomate, on apprend à convaincre et on peut aussi faire évoluer les choses comme on veut dans la simulation, mettre fin au conflit israélo-palestinien, voter une résolution ou déclencher une guerre…

  • Justement, une simulation UN n’est elle pas trop utopique ?

C’est vrai qu’il y a un côté utopique dans les simulations UN mais il ne faut pas oublier que c’est un jeu ! Même si c’est un peu artificiel, cela nous donne la chance de comprendre la politique, la diplomatie. Si nous faisons des erreurs ou que nous déclenchons un conflit, cela n’a pas de conséquences car c’est une simulation. J’ai moi même failli déclencher un conflit entre la Corée du Nord et les Etats-Unis alors que je représentais la Corée du Nord à Oldenburg. Mais chaque débat est particulier, tout dépend des participants. Une année le petit-fils de Colin Powell était présent et Kofi Annan a encouragé les participants d’une simulation en 2005 à Moscou. Je ne participe pas à la simulation United Nations simplement pour les débats mais surtout pour rassembler des gens différents, combattre les idées reçues et finalement à travers le MUN j’essaie en quelque sorte de recréer un idéal de société. Il y a tout un côté relationnel qui n’est pas à négliger, puisque nous organisons de nombreuses sorties pour les participants, cela permet de créer des liens entre des universités.

  • Tu as des projets personnels pour plus tard ? Tu aimerais faire de la diplomatie, travailler à l’ONU ?

En fait je ne sais pas car j’ai vu lors des nombreuses simulations auxquelles j’ai participé, quelles pouvaient être les limites de la politique, et j’ai tendance à envisager d’autres moyens peut être plus efficaces que la politique pour changer le monde. Je pense par exemple aux médias, ou au cinéma… En effet je suis convaincue qu’un film peut transmettre un message, je pense qu’on peut influencer les gens en leur montrant des images de la guerre par exemple… et que cela peut avoir plus d’impact qu’une résolution de l’ONU. La Liste de Schindler de Steven Spielberg par exemple est un film qui m’a vraiment touchée. C’est pour ça que pour le moment, je sais que je veux changer le monde, mais je ne sais pas encore par quel coté, la politique ou le cinéma…

  • Le mot de la fin ?

Je suis très idéaliste mais je pense que le plus important dans la vie ce sont les relations avec les autres, c’est avoir une véritable volonté de partager. Tout est possible, on peut changer le monde si on le veut ! Je ne serais pas là aujourd’hui si ça n’était pas vrai.

Merci Katia. Rendez-vous donc pour le MUN Sciences Po qui se tiendra du 19 au 21 février. Pour les étudiants qui souhaiteraient participer, il est encore possible de s’inscrire

4 Comments

  • Joris

    Ouais sérieux Katia vous êtes une asso géniale!!! Continuez…
    Et très jolie philosophie de vie, il faut plein plein de gens comme toi 🙂

  • Marion

    Super interview, merci Charlotte et bravo Katia pour tout ce que tu dis ici, je regrette vraiment de ne pas pouvoir participer, en master j’espère.
    Bon courage pour tout ça! Et puis la péniche sera là pour couvrir l’événement !