EELV à Sciences Po, un développement fait pour durer
Créé en 2010 après la fusion d’Europe Ecologie et des Verts (au départ rassemblés pour les élections européennes de 2009), Europe Écologie Les Verts est un parti à part, sur l’échiquier politique français comme dans le panorama sciencespiste. C’est pour faire un état des lieux que je rencontre, autour d’un jus de pomme (bio, bien sûr) Brice Roinsard, coresponsable du Parti.
« Réfléchir sur l’écologie politique, c’est nouveau, on est en train de construire quelque chose ». C’est la grande différence entre EELV et la plupart des autres partis présents à SciencesPo. Les membres ont donc décidé de limiter leur ambition pour se concentrer sur la sensibilisation interne et l’auto-formation. Ils organisent donc des réunions et discussions plutôt informelles sur les grandes thématiques de l’écologie politique.
« Parfois on va prendre un auteur, comme Ivan Illich ou André Gorz, et on en discute, tout simplement pour se former. Il n’y a pas de rendu particulier, c’est vraiment pour nous. » Ils discutent également des grands thèmes autour d’articles de presse et de leurs propres propositions, sur les alternatives économiques que propose l’écologie, l’écologie sociale, ou même l’écologie américaine. « Un de nos membres est en master d’histoire sur l’histoire de l’écologie, donc ses analyses sur les racines de l’écologie nous aident beaucoup ». Une autre question fondamentale, bien évidemment, est le lien entre démocratie et écologie, la question institutionnelle. « La démocratie, ça se fait à court terme, alors que l’écologie c’est une réflexion à long terme. C’est un de nos sujets de discussion les plus importants. »
Un parti peu visible mais pas pour autant peu actif
« C’est vrai » concède Brice quand je l’interroge sur le manque de visibilité du parti. Ils ne sont qu’une quinzaine de véritables militants et une soixantaine de sympathisants, ce qui n’est pas énorme. Ils n’ont pas non plus d’équipe de communication particulière, et se concentrent d’ailleurs sur la communication interne. « Notre priorité, c’est la formation politique des militants ». C’est donc à la fois un phénomène subi par manque de membres et un choix. « On n’est plus dans une période électorale, alors on se recentre sur nous et on essaie de se constituer un socle d’idées, de pensée ».
Ils font donc parti du collectif d’associations et projet de réflexion Université Alternative, et organisent de nombreuses conférences.
Ils ont par exemple invité Thierry Salomon, président de l’association négaWatt : http://www.negawatt.org/ (qui milite pour la réduction de notre consommation énergétique), pour débattre de scénarios de sortie du nucléaire. La semaine dernière, ils ont également participé à un débat sur l’Europe et à la journée des gauches, ce qui leur permet quand même d’avoir une certaine visibilité au sein de l’école. Leur prochain projet est d’inviter Denis Baupin, vice président de l’Assemblée Nationale et député EELV de la 10ème circonscription de Paris, qui sort un nouveau livre sur la révolution énergétique.
EELV/Sciences Po Environnement, même combat ?
« On partage des thématiques, bien sûr, mais nous on s’occupe vraiment du côté politique ». Ils sont certes très en lien avec le milieu associatif, et certains des membres d’EELV Sciences Po sont membres de Sciences Po Environnement, P.A.V.é.S ou encore des Jeunes Ecologistes mais Brice insiste bien sur le fait qu’il s’occupent de la face politique de l’écologie. Ils ont donc été invités à la Semaine du Développement Durable mais n’en étaient nullement les organisateurs. Et d’ajouter que Sciences Po Environnement est apolitique et très en lien avec l’administration : leur but est de promouvoir le développement durable au sein de Sciences Po. Même objectifs, entre autres, mais pas même combat donc.
La vitrine d’EELV à Sciences Po
Un des buts principaux de l’association est donc de faire la passerelle entre les étudiants et les élus EELV. Ils ont par exemple récemment invité Laurence Abeille (députée EELV de la VIème circonscription du Val de Marne) pour discuter avec elle de manière informelle du travail parlementaire.
Leur but est également de démontrer comment les écolos peuvent être utiles et avoir des réponses sur toutes les questions. « On a un point de vue sur l’Europe (la PAC par exemple), sur l’économie ou encore la transition énergétique ». Ce dernier est d’ailleurs un thème transversal puisqu’il regroupe le social (comment changer de modèle de société), l’économique (comment adapter le capitalisme aux nouveaux enjeux), l’institutionnel (comment avoir un consensus démocratique), l’indépendance internationale, etc. « Mais tous ces sujets sont difficiles à expliquer, c’est pour ça qu’on fait autant de formation ».
Les militants d’Europe Ecologie Les Verts sont donc encore en pleine formation et sensibilisation à leurs propres idées. Au niveau national, le parti, s’il ne jouit pas d’une côte de popularité exceptionnelle a au moins le mérite d’avoir des membres au gouvernement, et donc de faire entendre ses idées en participant de manière constructive à la politique actuelle. On attend aujourd’hui du parti à Sciences Po une communication à la hauteur de cet enjeu.