Et le gagnant est…
Ils étaient là, les 4 fantastiques, les quatre triplettes finalistes : Justice League, Amobonfis, Ocatarinetabellatchitchix et Borgia. Ce soir, Boutmy a rugi au son des salves d’applaudissement faisant trembler les tables centenaires à l’occasion de la finale des arts oratoires des Triplétades 2013-2014. Cette épreuve organisée par Sciences Polémiques jouissait cette année d’un jury des plus prestigieux… et des plus exigeants comprenant par exemple Jean-Luc Pouthier (doyen du collège universitaire), Sylvie Herlicq (directrice exécutive du collège universitaire) mais aussi, en président du jury, Frédéric Mion.
Joute au sommet
Le défi est de taille et déjà Amonbofis se lance dans la bataille, devant s’interroger sur une éventuelle enfance heureuse de Satan. Les sujets s’enchaînent, parfois abstraits tels que « Faut-il être contre ? » pour la triplette corse Ocatarinetabellatchitchix, parfois plus équivoques comme « Si on est dénué de talent, doit-on faire le héros », question évidemment posée à Justice League ayant ramené pour l’occasion une cohorte de pancartes propres à enflammer un Boutmy survolté. Enfin, la triplette Borgia ferme le bal pour se demander si l’art est un crime.
L’art était dans tous les cas au rendez-vous ce soir. Des jeux de mots subtils aux rimes poétiques, des réponses impertinentes aux blagues déstabilisantes. Les orateurs sciences-pistes ont dû déployer toute leur rhétorique et leur ingéniosité afin de séduire le jury. Il faut rappeler que chaque triplette dispose de cinq orateurs. Deux déclament des discours devant logiquement durer trois minutes tandis que les trois suivants subissent l’épreuve des questions du jury. Ce « droit de réponse » demande une répartie aiguisée et une réactivité sans pareille. D’autant plus que les membres du jury ne font preuve d’aucune pitié lorsqu’il s’agit de coincer les orateurs. Ils maîtrisent d’ailleurs parfaitement le sous-entendu malicieux avec cette question suscitant l’hilarité générale en Boutmy : « Sciences Po, Satan l’habite ? ». D’autres se révèlent plus sérieuses mais tout aussi embarrassantes : « Pierre Dac disait : il faut être pour le contre et contre le pour. Un commentaire ? ».
Certains s’en sortent mieux que d’autres et ce fut là tout l’enjeu de cette soirée placée sous le signe de la parole et de l’éloquence : désigner un vainqueur.
Une ambiance survoltée
Les sciences-pistes s’étaient déplacés en nombre pour assister à cette épreuve, prémonitoire du prix Philippe Séguin, prix se
disputant vers la fin de l’année scolaire et ouvert à tous les étudiants cette fois. Les places de Boutmy se sont rapidement remplies mais ce n’est pas tant la foule qui se pressait dans l’amphithéâtre qui a fait sensation : les cours magistraux déclenchent (presque) une bousculade similaire. Ce qu’il faut retenir de ces deux heures d’épreuve, c’est une ambiance et une excitation particulières. Des cris de joie, des rires contagieux, des hurlements de soutien, des applaudissements endiablés… C’est aussi ça les Triplétades.
Néanmoins, on peut regretter la qualité de la reprise de Maître Périer, professeur à Sciences Po, alors que le jury se retire pour délibérer. Certes, les sciences-pistes de première année ont encore beaucoup à apprendre pour maîtriser le verbe et ses subtilités infinies. Toutefois, les attaques furent parfois particulièrement acerbes ce qui contraste avec le côté « chouettos » des Triplétades. En outre, la critique ne doit pas tomber dans une basse vulgarité et les multiples attaques ad personam ont terni cette fin d’épreuve. Aucun orateur ne fut épargné, et leur mérite ne fait que grandir à mesure que M. Périer les rabaisse…Alors que l’on pouvait légitimement s’attendre à une reprise faite de conseils donnés aux jeunes apprentis de première année, les propos ne vont que dans un sens négatif, moqueur, méprisant même.
Le verdict
Alors, le grand moment arrive. Le silence s’installe. Mme Herlicq, M. Pouthier et M. Mion montent sur l’estrade pour décerner les prix et annoncer le podium final de ces épreuves d’arts oratoires. En troisième position, les corses d’Ocatarinetabellatchitchix ne sont pas contre leur récompense. La médaille d’argent revient à la satanique triplette Amobonfis.
Et le gagnant est… Ah non ! Attendez, un dernier petit discours de Frédéric Mion auparavant ! Ah ça y est ! Et le gagnant est… les héroïques sciences-pistes de Justice League qui, ce soir, n’ont pas été dénués de talent ! Félicitations à eux et à leurs adversaires !