Débat Jeunes Européens : Six voix pour une seule Union
Débat à l’approche des élections européennes…
Mardi soir, l’association des Jeunes Européens de Sciences Po a invité plusieurs personnalités politiques afin de débattre en vue du scrutin européen de mai prochain, en amphi Emile Boutmy. Malgré l’échéance des partiels (que l’on voit arriver encore plus vite que l’élection), l’échange a eu lieu sous les yeux d’un public de sciencepistes avertis.
Des intervenants issus de différents bords
En effet, étaient présents 6 actuels ou anciens députés européens, n’ayant pas les mêmes avis politiques. Ainsi, Jean Arthuis soutient le mouvement d’Emmanuel Macron et de l’autre, tandis que Younous Omarjee représente la France Insoumise. Par ailleurs, Constance Le Grip est issue des Républicains, Virginie Rozière parle au nom des Socialistes, Joëlle Mélin appartient au Rassemblement National et enfin, Michèle Rivasi défend les couleurs des Verts.
Aux premiers abords, cette pluralité promettait un échange enflammé et des répliques tranchantes. En réalité, l’ensemble est resté globalement courtois, bien que Michèle Rivasi se soit plusieurs fois laissée aller à des tirades passionnées. Nous avons également tous remarqué les mimiques de la députée des Républicains au fil des interventions de ses petits camarades, mais cela en est resté là.
Des thèmes variés et (trop?) nombreux
La journaliste chargée de modérer le débat lance ainsi tout au long de la soirée des sujets de discussion et interroge tour à tour les personnalités présentes, n’hésitant pas à les couper si il le faut. De cette façon, sont abordés pèle mêle-le problème de l’abstention, le Brexit, les migrations, l’État de droit, le budget… Jusqu’à finir à 21h35, en laissant Constance Le Grip parler en continu pour rattraper l’écart des temps de parole.
L’importance de l’élection de 2019
Tous ces enjeux font donc dire au Directeur de l’École des Affaires Internationales de Sciences Po qu’il s’agit de l’élection européenne « des premières fois » : la première après la sortie d’un pays, la première à parler réellement d’Europe, la première pour laquelle les résultats ne sont pas prévisibles, les première où tous les chefs des institutions seront renouvelés et la première où les Allemands sont susceptibles d’avoir le leadership (il évoque alors la possibilité d’Angela Merkel).
Cependant, l’intervention de Younous Omarjee tempère les choses : selon lui, chaque élection est identifiée hypocritement par les responsables comme celle qui va tout changer mais au vu de la continuité qui suit ces élections, ce discours ne fait que provoquer le désamour du peuple pour les institutions qui le représentent.
Des discours qui demeurent traditionnels
On reconnaît pendant les 2 heures d’échange des points de désaccords classiques et des positionnements prévisibles. Ainsi, la représentante du Rassemblement National demande « pourquoi intégrer [les réfugiés] ? » et propose que le départ de leur pays natal soit accompagné d’un retour. Au contraire, Virginie Rozière dénonce la politique d’Emmanuel Macron quant à l’Aquarius et souligne que les arrivées migratoires en Europe n’ont rien d’insurmontable à ce jour.
Par ailleurs, l’extrême droite et l’extrême gauche se présentent comme « euro-critiques » tandis que les autres apparaissent comme europhiles. Cependant, tous s’accordent sur la question du Brexit et sur son échec, sauf la députée du Rassemblement National qui assure « ne pas s’inquiéter pour ses amis britanniques ».
De même, quand il s’agit de savoir si l’Europe doit sanctionner la Pologne pour ses violations de l’Etat de droit, Jean Arthuis met en avant qu’il est difficile pour des Etats membres de donner de l’argent à un pays qui ne partage pas leurs valeurs – des valeurs qui font partie des « critères » afin de rentrer dans l’Union comme le remarque Virginie Rozière. En opposition, Joëlle Melin parle d’ « ingérence » en Pologne et de « traités trop contraignants » qui mettent en péril la souveraineté nationale et qui expliquent selon elle le départ du Royaume-Uni.
Enfin, sur la problématique abstentionniste, chacun a tendance à jeter la pierre sur l’autre, dénonçant soit le libre-échange soit les contraintes du cadre européen. Constance Le Grip parle d’un nécessaire « renouvellement des visages ».
Ainsi, le débat de mardi s’est efforcé de rappeler l’importance pour les jeunes d’aller voter en mai prochain, pour s’exprimer sur le fonctionnement des institutions supra étatiques et soutenir l’une des multiples visions de l’Europe. Les intervenants, convaincus, ont rappelé leur ligne politique et ont répondu aux divers enjeux identifiés. La suite d’ici quelques mois…
Rachel Dufrène