Droit de réponse : A Sciences Po, de quoi Force Républicaine sera-t-elle (vraiment) le nom ?

Un article récemment publié dans ce journal a tenté de faire le point sur notre action. Malheureusement, certaines approximations ou erreurs d’interprétation nous obligent à répondre clairement à cette question : « de quoi Force Républicaine sera-t-elle le nom ? »

Force Républicaine est un club de réflexion créé en 2002 par François Fillon et dirigé par Bruno Retailleau depuis le 19 octobre 2017. Ce mouvement ne participe pas directement au jeu politique mais assume davantage le rôle d’un centre de réflexion par l’organisation de multiples conférences.  

  • les « mercredis de Force Républicaine » : un mercredi par mois, une conférence sur un sujet précis est organisée avec un ou deux spécialistes de la question posée.
  • les conventions de Force Républicaine : tous les trois mois, une grande convention (sur un sujet assez large cette fois-ci) est organisée avec de nombreux intervenants, venant de plusieurs parties du spectre politique (Jean-Pierre Chevènement, Laurent Bouvet, Dominique Reynié, Mathieu Bock-Coté et beaucoup d’autres).

Force Républicaine comprend également une formation pour les jeunes nommée « Politéia » : Elle se construit par cycles de trois cours, animés par des intellectuels (Bérénice Levet, Mathieu Bock Coté …) ou des professionnels. Les adhérents peuvent suivre les « mercredis de Force Républicaine » directement au siège ou à travers des ateliers délocalisés (qu’ils peuvent librement créer) au nombre de 160 actuellement. Tous les adhérents peuvent faire remonter leurs propositions et leurs idées via le site.

L’indépendance de Force Républicaine Sciences Po envers la structure nationale est quasi-totale. Nous ne recevons pas d’argent d’elle, sommes libres d’organiser les conférences que nous voulons et de nous organiser comme bon nous semble. Force Républicaine compte cependant sur nous pour étendre son action. L’organisation nous fait confiance, et toute confiance implique des responsabilités.

Ainsi, notre ambition est d’organiser de nombreuses conférences tout au long de l’année pour faire vivre le débat au sein de SciencesPo. Nous nous inscrivons dans l’ADN de Force Républicaine. Nous croyons au triptyque « intellectuels / société civile / politiques ». Les intellectuels et universitaires fixent un cadre philosophique, à l’intérieur de ce cadre de pensée la société civile propose des mesures pragmatiques et les hommes et femmes politiques défendent le projet construit et engagent l’action. Vous pouvez d’ailleurs voir qu’à travers toutes les conférences prévues, nous essayons d’inviter à la fois des intellectuels (essayistes, philosophes, scientifiques, universitaires), des gens de la société civile (entrepreneurs, fiscalistes, militants associatifs) et des personnalités politiques (députés, sénateurs, et même peut-être l’ancien Président de la République Tchèque mais cela dépendra de la concrétisation de notre initiative étudiante).

Toutes les conférences ne seront pas construites de la même manière, certaines prendront la forme du débat contradictoire, d’autres s’apparenteront à des « cours » (par exemple la conférence d’Alexandre Del Valle sur « La guerre des représentations ») ou encore à des tables rondes.

Notre « stratégie » à SciencesPo diffère de ce que l’on peut trouver dans certaines structures politiques traditionnelles. Notre but n’est pas tant de parler à un public déjà politisé (bien que nous ayons un cycle « Du retour de la pensée en politique » fait pour ça) mais au contraire de nous adresser à tous les étudiants qui ne sont pas nécessairement engagés en politique. Parler de fiscalité à celui qui veut devenir chef d’entreprise, parler d’industrie militaire à ceux qui veulent intégrer le monde de la défense, évoquer des sujets géopolitiques pour ceux qui se destinent à travailler dans le domaine de la diplomatie et ainsi de suite.

Nous fondons notre action sur un principe fondamental : la liberté. Liberté d’agir, liberté de penser, liberté de s’exprimer. C’est d’ailleurs par ce sujet que nous avons commencé l’année. Devant plus de cinquante étudiants, les trois invités ont débattu sur la notion de Liberté (ce mot étant sujet à beaucoup d’interprétations). Ce fut un débat à la hauteur, respectueux des conceptions défendues par chacun.

Concernant notre orientation politique, nous nous inscrivons dans un cadre philosophique que l’on pourrait dire «conservateur », dans la lignée d’un Edmund Burke, d’un François Guizot, d’Alexis de Tocqueville ou, plus récemment, d’un Raymond Aron ou d’un Roger Scruton. Je sais cependant que les termes en « -isme » ne font pas toujours l’unanimité, aussi vaut-il mieux sûrement nous définir selon la défense de certains principes : la liberté, l’identité, le bien commun et la préoccupation sociale, l’autorité de l’État, la souveraineté (sans tomber dans des excès anti-européens). Ces valeurs fondent cet idéal commun dont nous parlons, que l’on pourrait résumer de la façon suivante : une défense de la civilisation européenne et française. Défense que nous jugeons nécessaire, car l’humanité n’est pas innée, et ce sont ces civilisations qui, par le cadre qu’elles imposent, permettent de sortir l’Homme de son état de nature et de le rapprocher, paradoxalement, de sa nature véritable, de sa nature humaine.

Il faut  enfin prendre en compte que notre objectif est la diversité intellectuelle à Sciences Po. Dans cette école, nous ne manquons pas d’associations et de mouvements ayant leur propre credo (des mouvements féministes et intersectionnels, des syndicats anarchistes ou socialistes etc.). Chacun doit pouvoir s’exprimer. Mais il n’y a pas ou peu de mouvements faisant vivre d’autres positions intellectuelles, notamment des positions libérales-conservatrices (ou tout simplement conservatrices). Nous l’avons d’ailleurs bien vu l’année dernière, où l’invitation d’Alain Finkielkraut a entraîné une tentative de blocage. Ceux qui nous accusent de manquer de diversité intellectuelle feraient peut-être mieux de se tourner vers d’autres pour cette critique, car nous croyons en cette diversité, au pluralisme politique et au débat d’idées. Mais pour cela il faut une structure qui soit capable d’abriter et de faire vivre une pensée. Pour paraphraser un orateur bien connu : « Débattre, c’est le contraire de se battre ».  Alors débattons !

Adrien Perier, pour Force Républicaine