Tu pars où pour ta 3A ? Le périple (avant l’heure) des 2A. Episode 1 : Road to IELTS

Première année, première semaine. Dans une salle du 13U qui ressemble étrangement à celle dans laquelle on a passé l’oral d’admission, une prof d’anglais demande avec enthousiasme qui, dans l’auditoire un peu assoupi, « passe l’IELTS ». Deux ou trois mains se lèvent sous les regards interrogateurs et inquiets des néo Sciencespistes pour lesquels cet acronyme n’a que peu de sens. L’IELTS. Après cette brève évocation, ce terme un peu barbare disparaît sous le flot ininterrompu d’exposés et de plans détaillés propres à la première année rue Saint-Guillaume. C’est ainsi qu’à la mi-juin, alors qu’on a presque oublié qu’on parle anglais, un mail alarmé et alarmiste du département des langues nous presse de nous inscrire sans tarder à une session du fameux examen, sésame autoproclamé pour la suite de nos études. L’étudiant, au beau milieu de son stage civique, doit donc se plier aux directives rassurantes d’un mail ayant pour objet « URGENT ! Inscription IELTS ». Le premier pas vers l’obtention d’un diplôme qui fascine (surtout) les profs d’anglais.

Préparer l’IELTS : de l’indifférence à l’urgence

Toutes ces démarches de la mi-juin hissent les révisions de l’IELTS comme priorité numéro 1 du long été des sciencepistes. La motivation est telle que tous les libraires de France et de Navarre se voient sollicités pour trouver le livre préparant le mieux au fameux examen. Puis les vacances passent par là. Les baignades, les séries Netflix, la maison des grands-parents, tout sauf les révisions de l’IELTS qui rétrogradent dramatiquement dans la liste des priorités…

Retour donc le 2 septembre en cours d’anglais C1, la prof n’a rien perdu de son enthousiasme, force est pour l’étudiant de réaliser que l’IELTS approche à grand pas.

L’IELTS nécessite d’être bossé, entre deux jours et six mois avant selon les sources. L’éventail pour s’y préparer est assez large : les annales gratuites du British Council, les entraînements de « Road to Ielts » (une fois que Sciences Po est disposé à en donner les codes), le fameux livre qui réapparaît brusquement en plein milieu du bureau après sa déchéance estivale, … On peut aussi emprunter un camarade ou deux pour bosser l’épreuve orale dans le jardin du 13U. Le Jour J arrive plus vite que prévu, et le trajet pour se rendre dans les méandres de la Seine-Saint-Denis offre une dernière possibilité pour réviser les mots clés de la description de graphique. On descend station Noisy-Champs, beaucoup trop tôt pour un samedi matin, mais déterminés à assurer son avenir linguistique.

Le Jour J : RER A, photos d’identités et plan en deux parties

On entre plutôt décontracté dans le Centrex de Noisy-le-Grand. L’étudiant en 2ème année en a vu d’autres, et ce petit examen de début de semestre n’a rien pour l’affoler outre-mesure. Pourtant le British Council, qui organise l’épreuve, la prend beaucoup plus au sérieux. On passe l’IELTS comme on passe la douane pour entrer aux Etats-Unis : photos d’identités sans sourire ni boucles d’oreille, signature conforme à la pièce d’identité, bouteille d’eau sans étiquette, pas de trousse, pas de manteau, pas de paquet de mouchoir, pas de béquille. On a fait plus laxiste. Le tout annoncé dans un anglais parfait.

L’IELTS se décompose en 4 épreuves, toutes notées sur 9. L’expression orale (20 minutes) consiste à répondre plus ou moins honnêtement à des questions plus ou moins existentielles sur la pluie, les animaux, les amis ou les voyages. L’épreuve est assez difficile, demandant une certaine réactivité et une habitude du format La compréhension orale dure quarante minutes, se compose en quatre écoutes de difficultés croissantes et diffusées une seule fois. On doit pendant la compréhension écrite lire trois textes différents et répondre à des QCM à leurs propos. Enfin l’expression écrite consiste en deux essays, une description de graphique en 150 mots et une réponse à une question plus classique en 250 mots, sur lequel on recycle pour la énième fois le plan Sciences Po « oui/non ». Une fois les centaines de crayons laborieusement ramassés par l’équipe du British Council, chacun peut rentrer profiter de son samedi, plus ou moins satisfait.

A quoi sert l’IELTS ? Où aller avec quel score ?

L’IELTS est, à l’instar du TOEFL, un examen international de reconnaissance du niveau en anglais. Il constitue une sorte de passage obligé lors de la scolarité à Sciences Po : pour intégrer une université partenaire lors de la 3ème année, et souvent pour intégrer un des masters proposés par l’Ecole. La première session que passe l’étudiant à Sciences Po est gratuite, généreusement offerte par l’administration. Ce « cadeau » est cependant unique, et n’importe qui repassant pour une raison ou pour une autre l’examen devra le payer de sa poche. Ainsi peut-on conseiller aux étudiants partant dans des pays non-anglophones en 3ème année de ne pas passer l’IELTS cette année mais d’attendre la veille de l’entrée en master, lorsque leurs niveaux auront augmenté et que l’administration leur demandera un résultat récent.

Dans le tableau ci-dessous sont récapitulés les scores à l’IELTS exigés par les universités partenaires proposant des cours en anglais. Pour plus de précision, le site de Sciences Po International donne les scores précis demandés par université.

Pays Score moyen requis Sous-scores exigés
Amérique du Nord
États-Unis 6,5 à 7,5

Columbia / MIT : 7

Canada 6 à 7
Europe
Royaume-Uni (Cambridge, Oxford, King’s College) 7 6,5 ou 7
Royaume-Uni (autres) 6,5 6
Irlande 6,5 6
Allemagne 6 à 7
Italie Niveau B2 (5,5 , 6, 6,5)
Espagne Niveau B2 ou C1
Scandinavie (Suède, Finlande, Norvège, Danemark, Islande) Niveau B2
Russie Niveau B1 ou B2
Pologne Niveau B2
Asie
Chine 6
Corée du Sud 6
Japon 6 à 6,5
Hong Kong 6
Singapour 7
Taïwan 6
Inde Non-précisé
Afrique
Afrique du Sud 6 à 7 6
Ghana 6
Amérique du Sud/centrale
Brésil Niveau B2
Mexique Niveau B2
Equateur Niveau B2
Pérou Niveau B2
Océanie
Australie 6,5 5,5 à 6
Nouvelle-Zélande 6 5,5

Les scores demandés varient ainsi. Ce tableau est utile à l’étudiant, lorsque, à la veille de l’examen, il se demande avec un optimisme modéré où est-ce qu’il va bien pouvoir partir. Il l’est ensuite le jour des résultats, lorsqu’il constate qu’il va pouvoir postuler à Cambridge ou qu’il va devoir se rabattre sur l’Université de Genève, selon le score. L’étudiant en a fini avec l’IELTS. Il peut arrêter de suivre les cours d’anglais, mais n’est pas au bout de ses aventures. La 3A est encore loin.

Louise Hébert et Simon Le Nouvel