Transposer le Grand débat à Sciences Po : un défi relevé ?

Si vous vous êtes déjà fait la réflexion que le Grand débat national brillait par son absence dans notre établissement, c’est désormais chose rectifiée par Sciences Po TV.  Mercredi 20 mars, les partis et les étudiants étaient conviés à des échanges sur les thématiques proposées par Emmanuel Macron. Certes, l’événement a lieu 5 jours après la clôture officielle du débat pour des raisons pratiques, et tous les partis n’étaient pas présents faute de représentant, mais en tout cas, le PS, LR, LREM et LFI étaient bien au rendez-vous. Top départ pour un débat très condensé sur les enjeux de démocratie et de représentation, les questions fiscales, sans oublier les solutions pour la transition idéologique !Réforme des institutions: des pistes et des disputes

Les sections des partis ont clarifié leur plan d’action pour renforcer la démocratie et la participation citoyenne. LREM s’empresse alors de rappeler les avancées du quinquennat dont la représentation féminine à l’Assemblée, et le projet de loi de proportionnelle partielle portée par le gouvernement. Chez les Républicains, on défend clairement la ligne de François-Xavier Bellamy et Bruno Retailleau, celle d’un retour au local en allouant plus de moyens aux collectivités. On enchaîne : du côté du PS, un référendum d’initiative citoyenne encadré est vu d’un bon œil, et l’on propose la généralisation des budgets participatifs. Puis, c’est au tour de La France Insoumise qui revient sur les violences policières et les échanges de plus en plus virulents entre policiers et civils. Dans la salle, quelques accusations s’élèvent et le débat se cristallise rapidement sur la gestion de la crise par le gouvernement.

Une opposition gauche/droite marquée pour les propositions de fiscalité

Quelques altercations plus tard, place au débat sur la fiscalité : le PS défend l’automatisation du RSA pour éviter les non-recours, tandis que les Insoumis demandent la fin de l’indexation de l’Allocation Adultes Handicapés sur les revenus du conjoint, une proposition de loi pourtant rejetée par la majorité au Parlement. Dans sa défense, LREM donne le bilan de la revalorisation de la prime d’activité et rappelle le projet de réduction des cotisations pour les entreprises, propos aussitôt contestés par les Républicains qui signalent la hausse totale des prélèvements obligatoires depuis le début du quinquennat. S’ensuivent dans le public des débats sur la privatisation de l’aéroport de Paris, entre ceux qui défendent la création d’un fonds pour l’innovation grâce à la privatisation, et ceux qui y voient la perte d’un patrimoine public rentable.Le débat sur l’écologie encore très partisan

Dans un climat un peu âpre et pressé par le temps, les questions écologiques sont désormais sur la table. Les militants de LR prônent une transition pas à pas pour éviter la division, tout comme LREM qui veut amortir les perturbations liées à un changement de mode de vie, mais qui veut également fermer l’ensemble des centrales à charbon et créer une banque européenne du climat. Alors que le PS revient sur la proposition de taxer le kérosène, LFI appuie en critiquant la réforme de la SNCF qui vise à supprimer les petites lignes peu rentables pour les remplacer par des véhicules… Le débat revient à nouveau sur les réformes contestées du gouvernement, laissant peu d’occasions pour discuter d’alternatives.

En définitive, le débat de Sciences Po TV, c’était un bel effort de transposer le Grand Débat dans un milieu où bien des étudiants ne se sentent pas les premiers concernés par les revendications des mouvements sociaux, où l’on croit deviner à l’avance ce que les sections politiques vont raconter, bref, où l’on regarde parfois le phénomène national avec un brin de cynisme. Dommage que la discussion se soit concentrée autour des partis, mais il est bien difficile de libérer les échanges en si peu de temps.

Aude Dejaifve