CRIT 2019 : Le mégaphone, symbole du week-end ?
Elément phare de la panoplie de chaque délégation au CRIT, le mégaphone est bien plus qu’un objet, si bien que chaque équipe est lié d’une relation très personnelle avec le sien. Que ce soit le Michel Bitophone du volley de Paris ou der RACofone de l’athlétisme, sa capacité à décupler la voix de celui qui l’utilise en fait « l’essence même des ultras de Paris » et de tous les IEPs.Gauthier, membre du groupuscule ultra les Fils d’Arcueil, témoigne « c’est vraiment une drogue, la première fois qu’on commence à parler dedans, on ne sais pas trop à quoi l’on s’attend, puis on se rend compte que notre voix est multipliée par 10, on a envie de continuer à parler dedans parce qu’on se rend compte que tout le monde nous écoute, même si ça casse les oreilles de certaines personnes, et même si c’est pour autre chose que le CRIT ». Le mégaphone permet en effet de partager avec tous les chuchotements intimes et messages secrets, « quitte à ce que ça s’entende un petit peu, ça reste du chuchotement, dans un mégaphone ». Remy, au CRIT avec la délégation d’athlétisme, confirme : « j’ai commencé à expliquer mes problèmes de famille à la foule », « il faut savoir faire la part des choses entre la vie privée et le CRIT, c’est très important ».
Particulièrement utile pour « remettre les points sur les i aux provinciaux » lorsque ceux-ci remportent des victoires, à coup de petites phrases pré-enregistrées et diffusées en boucle (« Ettttt nique la province », « Nul, nul, nul » « bel effort, mais raté ! »), les mégaphones sont l’objet de rudes affrontements. Les histoires de vols et les courses-poursuites sont légions. En effet, en plus de leur valeur monétaire (« plus de 60 balles avec les piles »), ils sont rattachés à leurs équipes par un lien symbolique très fort. « Si des provinciaux en venaient à courir sur moi pour essayer de me le voler, je le protégerais coûte que coûte, encore plus que mon téléphone, encore plus que ma place à Sciences Po Paris » affirme Gauthier. Les multiples cicatrices présentes sur son beau mégaphone jaune et noir en témoignent. Partout, on assiste à des combats, où un mégaphone ambulant actionne inopinément sa sirène, ce à quoi répondent une floppée de rivaux, dans un véritable chaos sonore émergent de façon assez régulière.Hélas, le CRIT s’achève, et les mégaphones seront bientôt rangés précieusement dans les placards. Mais ces derniers ont de la bouteille et n’en sont pas à leur première sortie. L’an prochain, ils seront de retour, cette fois à Aix, pour détruire de nouveaux tympans et porter haut et fort la voix des supporters les plus fervents.
Adam Galametz