Prix Philippe Séguin : mais qui sont les finalistes ?
Dignement, en surplombant par leur talent et leur éloquence les 257 candidats qui se sont présentés aux sélections, les six finalistes du Prix Philippe Séguin de Sciences Polémiques se dresseront demain soir face au vaste amphithéâtre Boutmy pour surprendre une fois de plus un jury exceptionnel.
Comme le disent, presque à l’unanimité, les responsables de Sciences Polémiques que nous avons interrogés, cette finale semble particulièrement serrée au vu de l’excellence des candidats mais aussi et surtout car chacun semble posséder une petite caractéristique qui le distingue des autres finalistes.
Il est donc difficile, au vu de leurs performances lors des sélections et de la demi finale (car l’arrivée en finale n’est jamais un accident comme le dit Guillaume Courvoisier, ancien deuxième du prix), de déterminer qui seront les finalistes qui graviront le podium cette année.
Après l’épreuve des sélections à Paris et dans de nombreux campus, après le spectacle de la demi-finale, en Chapsal, qui a révélé le niveau des participants, et après des dizaines d’heures de délibérations entre les organisateurs du prix et les jurés, La Peniche vous dresse le portrait de ces six finalistes hors du commun, tout d’abord parce qu’ils vous ont époustouflés mais surtout car ils ont réussi avec succès une épreuve plus sélective que le concours même de Sciences Po Paris. Les sélections du PPS présentent en effet un taux de réussite de 2, 33%…
Louis Anicotte, la « surprise de l’édition »
Alors qu’il n’avait jamais été aperçu au moindre évènement organisé par l’association Sciences Polémiques, Louis Anicotte arrive en finale doté de qualités et d’atouts impressionnants.
Pour Alexis Goin, vainqueur de l’édition du PPS 2013 et membre de Sciences Polémiques, il fait des « discours d’une écriture impeccable » et possède une « voix tonnante qui nous ramène aux grands moments de la vieille éloquence parlementaire ». De plus, l’engagement qu’il met dans ses discours fusionne parfaitement avec ses « intonations très IIIème République » selon Raphaël Charpentier, membre aussi de Sciences Polémiques.
Il devra cependant, faire attention à « ne pas parler trop vite en accélérant le pas » pour Raphaël Charpentier et à « se détacher de son texte » pour regarder un peu plus la salle, pour Guillaume Courvoisier. Pour Alexis Goin, la principale préoccupation de Louis devra être l’utilisation de sa fabuleuse éloquence face à des micros car Boutmy est effectivement « une grande salle ou on peut difficilement parler a capella ».
Paul Antoine de Carville, « le tribun incroyable »
Si la performance exceptionnelle de Paul Antoine de Carville a fait l’unanimité en Chapsal et au sein du jury des demis finales, c’est bien parce qu’il « n’hésite pas à sortir des sentiers battus » (Guillaume Courvoisier) ou encore à « laisser tomber le discours classique pour oser quelque chose de beaucoup plus vivant et beaucoup plus engagé » (Grégoire Durand, organisateur du prix cette année, ancien deuxième du prix).
Les principales qualités de celui qui est également conseiller municipal de Sens en Bourgogne, sont sans aucun doute son audace et sa confiance qui interloquent et procurent quelque chose de réellement nouveau à la compétition tout en lui conférant une certaine répartie qui « colle très bien avec le personnage qu’il s’est forgé »(Grégoire Durand).
Cependant, si pour Alexis Goin, « il a toutes les clés pour faire un tabac en finale », les membres de Sciences Polémiques sont curieux de voir comment il va réussir son « show » époustouflant dans un cadre plus solennel sans pour autant « perdre son côté provocateur qui fait sa grande originalité » (Raphaël Charpentier).
Pour ce dernier, Paul Antoine devra faire attention à la structure de ses discours mais il est impossible de savoir comment le jury va le percevoir : si en 2010 le jury n’avait pas apprécié un candidat ayant fait un discours très provocateur, cette année le jury est principalement composé de personnalités connues justement pour ne pas avoir leur langue dans leur poche !
Paola Grondin, « l’assurance assurée »
Pour Guillaume Courvoisier, « Paola semble disposer d’une confiance en elle à toute épreuve », qualité indispensable d’une finaliste qui vise le podium. Cette confiance en elle lui permet effectivement d’aborder une salle remplie et intimidante avec une aisance particulière dans ses paroles.
Pour Alexis Goin, si son discours en première année lors des sélections était très drôle mais un peu léger,il semble que cette année, « Paola ait réussi un excellent compromis : elle a gardé le côté un peu insolent et décontracté de ses premiers discours, avec dans le même temps une forme de sérieux qui lui réussit très bien ». Une « alchimie particulière » qu’elle se doit de préserver d’autant plus que son répondant lui permettra de ne pas être déstabilisée par les questions souvent particulières du jury.
S’il est fondamental que Paola conserve cette « alchimie » c’est surtout, selon AG, pour qu’elle « réussisse à jouer sur son personnage très sûr de lui pour créer le décalage, ce qui n’est évidemment jamais facile sans tomber dans le pathos et le ridicule ». Pour Raphaël Charpentier, l’enjeu concernant Paola est le même : « il faut qu’elle montre qu’elle est capable d’avoir également des discours touchants, qui nous en disent plus sur ce qu’elle est ». Donc, veiller au fond de son discours et, comme le préconise Guillaume Courvoisier, faire attention à ne pas tomber dans la « petite blague facile » qui pourrait lui nuire.
Martin Chellet, « homme d’esprit et garnement »
Avec une énergie digne de son petit côté « garnement » insolent, Martin Chellet dévoile des discours « très bien construits et remplis d’une sincérité souvent absente des discours du Séguin » pour Guillaume Courvoisier. Il trouvera souvent « le mot d’esprit qui fait mouche », en dépit de l’absurdité de la question posée assure-t-il.
Candidat « assez complet », il dispose d’un atout indéniable : celui de réaliser ses discours sans aucune note, comme Jean-François Michalczyk, deuxième l’an passé du prix. Pour Grégoire Durand, la spécificité de Martin est à chercher dans le plaisir qu’il a à parler et surtout, dans sa capacité à nous montrer qu’il aime ça, qu’il aime faire rire les gens et s’amuser sur scène. Son « jeu d’acteur » est pour Alexis Goin, un vrai atout, « surtout en finale où les discours sont un peu long et ou le risque de décrocher le public est présent ».
Ses principaux défauts sont, pour Raphaël Charpentier, sa tendance à adopter une « gestuelle assez répétitive » et parfois à « manquer un peu de variation dans les tons ». Pour Guillaume Courvoisier, Martin doit surtout être attentif à « ne pas tomber dans une certaine facilité ou trop grande linéarité dans son discours », conseil confirmé par Alexis Goin pour qui Martin doit faire attention au piège de la trop grande recherche de la maîtrise, qui risquerait de lui faire perdre cette petite « étincelle de folie » qui pourrait en allumer tant d’autres.
Thibault Berger, « le poète à la plume si belle »
Sa très belle plume réalise des exploits : des discours toujours très bien écrits et toujours très agréables à écouter. C’est ce même talent, qui lui a valu, deux ans plus tôt, la même place prestigieuse en finale du PPS. Pour Alexis Goin, « il a réussi en sélections grâce à un discours très drôle, et en demi-finale avec un discours très imagé ».
Thibault fait inévitablement voyager son public entre ses paysages et ses souvenirs qu’il évoque si bien. Pour Grégoire Durand, sa réponse au sujet « frappe toujours par sa pertinence sans pour autant être ennuyeuse ». Enfin, Guillaume Courvoisier souligne l’humour qu’il met dans ses réponses aux questions, en rappelant sa « métaphore sexuelle sur la crème pâtissière » lors de la finale de 2013.
La problématique principale sera de savoir si Thibault a appris de ses expériences de 2013 en relevant le défi d’allier sa belle plume avec une apparition imposante pour ne pas perdre l’auditoire. Pour ce qui est des réponses aux questions, elles frappent pour Alexis Goin par leur mode direct et sincère : « je lui conseillerais peut-être d’y mettre parfois un peu plus d’artifice » pour emporter un peu plus loin l’auditoire et le jury, qui n’attendent que ça.
Lola Elbaz, « la benjamine de la compétition, la cadette de l’humour »
La plus jeune de la compétition suscite tous les espoirs des 1A et de nombreux regards sont tournés vers elle, ce qui fait peser sur ses épaules une pression particulière. Mais les différents membres de Sciences Polémiques ne doutent pas une seconde qu’elle « gèrera parfaitement le stress » bien que « cela reste un événement impressionnant ».
On ne tarit pas d’éloges à son sujet : si Lola a déjà prouvé le talent de son éloquence en faisant partie de l’équipe gagnante des Triplétades, elle continue d’étonner et de provoquer la surprise par son répondant, sa fraîcheur et « l’angle surprenant par lequel elle attaque ses sujets » (Guillaume Courvoisier).
Pour Alexis Goin, « elle est très inventive, a une très jolie voix et surtout, elle n’a pas froid aux yeux ». Son humour fait l’unanimité au sein des jurés de demi-finale : pour Guillaume Courvoisier, « elle n’hésite pas à faire des plaisanteries sur elle-même ce qui est toujours un franc succès quand on fait un discours devant autant de monde ».
Bien sûr, son manque d’expérience par rapport aux autres finalistes qui ont déjà participé au Prix, peut représenter un risque en finale, même si beaucoup ne doutent pas « qu’elle ne se laissera pas démonter ». Enfin, pour Alexis Goin, si ses « positions à rebours » qu’elle adopte dans ses discours « donnent quelque chose de très drôle », « cela peut faire douter le jury de sa sincérité. Il faudrait qu’elle réussisse à les emmener avec elle sur ce point ».
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2 Comments
Captain
Heureusement que Sciences Polémiques et le BDE étaient là pour nous organiser cette géniale finale !
Louis Olivier Valigny
bravo! a bientôt et bonne continuation