L’Afrique à Sciences Po et Sciences Po en Afrique
Cette semaine s’ouvre à Sciences Po la quatrième édition de la Semaine africaine organisée par l’ASPA, Association Sciences po Pour l’Afrique. Un programme hautement culturel met l’Afrique au goût du jour : l’art, la littérature, le sport et même la mode constitueront les thèmes abordés lors de conférences, d’expositions, de ventes de livres, de tables rondes, de défilés, le tout concoctant un plan de réjouissance agrémenté d’un cocktail fameux hier soir et d’un Gala de clôture « Made in Africa » vendredi. Un but évident de sensibilisation des étudiants à la cause africaine cache un désir de visibilité nécessaire à la promotion de l’association mais aussi au projet humanitaire en cours, « Une école, un quartier ».
C’est en septembre que débutait un projet de longue haleine, riche en rebondissements et imprévus dont les plus malencontreux surgiront sans doute pendant le voyage même. Après de nombreuses candidatures et entretiens, la fière équipe était constituée : des profils variés la constituaient mais se rejoignaient dans un même désir de s’engager.
La course aux partenariats s’est alors enclenchée, car point s’en faut de motivation, l’argent constitue toujours l’obstacle le plus évident. Une levée de fonds globale s’est mise en place au niveau de Sciences Po, mais aussi au niveau national, local et départemental ; des partenariats avec Cohésium, Pataugas mais surtout Air France ont facilité un projet parfois entravé par des limites budgétaires. Les harcèlements téléphoniques ne suffisant pas, les étudiants se sont même appliqués lors des fêtes à empaqueter des ribambelles de cadeaux de familles occidentales autocentrées : une preuve de leur motivation ! Le travail d’équipe semblait donc assez bien organisé, jusqu’à ce jour, où la Semaine africaine et le Gala de clôture marqueront le point d’orgue de mois d’implication acharnée. Cette semaine, vous pourrez par ailleurs croiser d’étranges étudiants tout de vert criard vêtus vous faisant miroiter de beaux présents parmi lesquels un appareil à raclette Cosy Life et un charmant crocodile gonflable ! Vous pourrez ainsi passer d’heureuses vacances ensoleillées pendant qu’ils trimeront sous des températures extrêmes, sous réserve de votre participation à une Tombola. Pour la modique somme de deux euros, vous aurez peut-être le crocodile, et sûrement un semblant de bonne conscience.
L’arrivée à Lomé, capitale du Togo, se faisant de plus en plus imminente, il semble important de passer en revue les caractéristiques et les objectifs d’un projet qui malgré les critiques qu’il a pu rencontrer, constitue une belle preuve de l’ouverture des étudiants sur le monde.
Depuis déjà quelques années, l’ASPA, Association Sciences Po pour l’Afrique, organise des voyages humanitaires en Afrique dans le but de rénover des écoles. Il s’agit de fournir de bonnes conditions de travail aux élèves et aux professeurs et de conférer une longévité au projet, dans l’espoir d’accorder une place et une visibilité à l’Afrique à Sciences Po, mais aussi, à long terme, sur la scène internationale. En effet, l’ASPA et ses voyages humanitaires ont pour but de créer une relation durable entre Sciences Po et l’Afrique, par le biais d’une amitié sincère avec les responsables de l’école, les artisans et les populations locales. Ainsi le nom s’inscrit-il dans le même esprit de longévité que le projet : l’école constitue le centre d’un quartier, en tant que lieu d’éducation et de socialisation de la population, elle impulse la dynamique de développement de la société et c’est pourquoi le projet mobilisera aussi les artisans et acteurs locaux.
Mais pourquoi le Togo ? Ancienne colonie française, le Togo a déjà connu la présence de la France, certes pas sous ses plus beaux atours, mais cette période d’histoire commune reste une des raisons pour lesquelles l’ASPA a préféré ce pays. Mais c’est avant tout la stabilité du pays et la politique du pouvoir en place, largement axée sur l’éducation avec 80% d’élèves scolarisés désormais, qui ont joué dans ce choix de destination.
La rénovation de l’école se décline en quatre points essentiels : la restauration du mobilier scolaire, l’électrification, le raccord à l’eau courante et la sécurisation des bâtiments. Mais l’action de l’ASPA Togo ne se limite pas à la simple rénovation puisqu’une collecte de matériel scolaire dans les écoles primaires de France permettra de constituer une bibliothèque à la disposition des élèves et des professeurs ; le but du voyage demeurant la création d’une véritable relation, les étudiants prépareront des tables rondes afin de confronter des points de vue, certainement enrichissants car divergents, sur les problématiques contemporaines.
Enfin, pour assurer la continuité du projet, l’ASPA souhaite rencontrer les autorités locales, une fois l’école terminée, pour organiser des conférences sur le long terme, raffermissant les liens entre le Togo et la France.
Toutefois, l’aspect sur le long terme semble plus abstrait dans la mesure où l’ASPA ne compte pas en réalité retourner dans les villages déjà visités. Interrogés sur la question, les responsables du projet ont avancé les arguments selon lesquels l’ASPA avait pour but de faire découvrir de nouveaux pays et de nouvelles cultures et ne pouvait dès lors se limiter à quelques destinations. Ensuite, le but est de rénover une école pour fournir de meilleures conditions de travail à ses élèves mais pas de creuser un fossé social entre les différentes écoles du quartier.
Cette description fastidieuse du projet ne nous familiarise cependant pas assez avec ses membres.
« Nous sommes quinze ». La solennité de cette annonce récoltée à force d’insistance, de harcèlement voire de violence psychologique, insiste trop peu sur la constitution de la fière équipe. En effet, quinze étudiants enthousiastes et impliqués s’embarqueront en juillet pour un mois de rude labeur sous le soleil africain. Quitter le confort de Saint Germain des Prés pourrait paraître difficile pour certains mais tous sont prêts à mettre en pratique des talents cultivés tout au long d’une courte vie d’étudiant. Outre la motivation, c’est en effet la particularité de chacun qui était appréciée lors des entretiens : artistes incompris, intellectuels maudits, organisateurs un tantinet pointilleux, animateurs pleins d’humour, forment une équipe soudée bien que variée qui a appris à se connaître en se bâfrant de spécialités ensoleillées dans le doux pays auvergnais. Leur expérience de vie, même en dehors du cadre humanitaire, leur personnalité et leur engagement font de chacun d’entre eux un membre à part entière de la belle équipe.
2 Comments
ASPA
Merci beaucoup LaPeniche pour ce bel article !
Par souci de précision, nous ajouterons tout d’abord que les organisateurs n’ont pas été interrogés directement, qu’ils ne mordent pas et qu’ils restent ouverts à toutes questions de grands reporters ou de petits curieux.
Il est dommage que l’article ne comporte par un peu plus de détails sur nos deux projets précédents ( à Conakry et au Sénégal) et mentionne le fait que le projet ait été critiqué ( « qui malgré les critiques qu’il a pu rencontrer*!» ) sans savoir quand et par qui. Nous sommes ouverts à la critique, à la discussion et à l’échange, prêt à prendre toutes les idées et les suggestions !
Dans tous les cas, rendez-vous en péniche pour discuter de notre action et surtout nous vous invitons à consulter notre page facebook ou notre site internet de manière à mieux vous informer sur notre action.
Nous ajouterons une petit précision qui nous semble primordiale : le projet est basé sur une alternance entre deux capitales de deux pays : Guinée-conakry et Togo et le suivi de l’école se fait sur trois ans, surtout grâce à une autonomisation des acteurs locaux dans la gestion de l’école ( association locale Nuaké qui est notre partenaire principal) et association de parents d’élèves. Une visite des responsables est prévue un an après le mois de travaux, et une dernière visite deux ans après lorsque l’équipe retourne dans un quartier voisin pour travailler sur une autre école.
Constance Daire
Je m’excuse pour la petite précipitation de cet article qui m’a empêché d’avoir un contact tout à fait direct avec les responsables et donc ces imprécisions, le but restait de donner de la visibilité à votre projet, et de montrer le manque de bien fondé des rumeurs ayant pu le critiquer ainsi que l’association. Une correction reste bien sûr envisageable mais je pense, j’espère, avoir tout de même réussi à cerner le fond du sujet qui demeure l’engagement des étudiants dans un projet humanitaire susceptible d’avoir des répercussions à long terme. Pour m’excuser, le lien du site, que j’avais oublié: http://aspatogo2013.wordpress.com/