In3yable 3A, épisode 1 : Ottawa avec Thibaut
La « 3A », la mythique année hors-les-murs des étudiant.es à Sciences Po, est sans doute l’année la plus attendue par les sciencepistes friands de nouvelles rencontres et toujours en quête d’aventures. En revanche, pour les plus sédentaires, elle s’avère bien souvent être la plus redoutée. Thibaut Chaix, lui, casanier francophile, compté parmi les quelques 7% de la promotion à n’avoir obtenu que leur 5ème vœu de destination, n’a jamais été convaincu par cette méchante année loin de sa terre natale et des bancs d’Émile Boutmy.
Durant sa deuxième année, il est plus que motivé et certain de son choix : il veut effectuer sa troisième année en Amérique du Nord. « Je n’étais pas en quête d’exotisme. À Paris, mon équilibre était parfait, je voulais retrouver en troisième année un environnement culturel similaire au cadre occidental. De plus je gardais de l’Amérique du Nord un très bon souvenir, j’avais participé au lycée à un sommet à Washington et le mode de vie m’avait beaucoup plu.» Alors il postule avec conviction à trois universités américaines (Seattle, San Francisco, Texas) ainsi qu’à trois établissements canadiens, et finit par obtenir l’université d’Ottawa, son 5ème choix.
La 3A, entre espoirs et désillusions
Hélas pour Thibaut, la troisième année s’avère très vite frustrante. Une fois arrivé au Canada, les choses se compliquent, il est insatisfait de sa collocation et se voit contraint de trouver un nouvel appartement en vitesse. Dans la capitale canadienne, il finit par tomber dans l’amertume, car tout le poussait à rester à Paris. Au cours de la campagne présidentielle, il a été très actif dans sa ville du Havre et a reçu de belles opportunités de stage auxquelles il a dû renoncer. À la fin de cette même deuxième année, il commençait à préparer la campagne de Sciences Power en tant que président de liste du BDE. Il ne parvient pas à se familiariser à son environnement, il n’en ressent pas l’envie. «Contrairement aux autres 3A, je n’ai pas connu les soirées entre amis car je ne me suis pas intégré les premières semaines. J’ai raté le coche, ce qui fait que je ne connaissais que très peu de monde en amphi. Sur le plan académique, je ne me suis pas du tout investi car le niveau académique était faible. J’étais la plupart du temps calé sur le fuseau horaire de Paris, connecté à Sciences Po, car c’est à cette période qu’il me fallait constituer la liste de campagne du BDE».
Sciences Po, administration ex machina ?
Le premier semestre s’achève et Thibaut décide de rentrer à Paris. Il obtient un stage parlementaire avec une député havraise. Avec une proposition de réorientation solide, il contacte l’administration en décembre et obtient un rendez-vous avec la conseillère pédagogique après les vacances de Noël. Il remarque que «l’administration s’est montrée très compréhensive et flexible. C’est grâce à elle que je n’ai pas eu à retourner au Canada. J’ai pu réaliser mon stage et obtenir les crédits qu’il me fallait pour valider mon second semestre».
Le « retour aux affaires »
Il faut le dire, rentrer au pays à fait un bien fou à notre francophile. Ce stage a été pour lui un véritable « retour aux affaires ». Entre rencontres et travail, Thibaut découvre les joies la vie parlementaire. Ce qu’il a surtout appris avec cette expérience, c’est avant tout le sens de la confiance et des responsabilités. Son retour lui a également permis d’être plus près de sa liste de BDE. Le jeune homme affirme avoir pu être bien plus proche de son équipe, et donc avoir été plus à même de lui déléguer des tâches en vue de la campagne. «Mon stage était très prenant, et même si cette fois j’étais sur le même fuseau que Sciences Power, j’ai confié beaucoup plus de responsabilités aux autres membres de Sciences Power avec qui j’ai passé des heures à préparer la campagne. Cette liste a surtout été une belle expérience humaine. Sciences Power a occupé une grande place dans ma 3A : j’ai fait de fabuleuses rencontres et nous avons vécu de très beaux moments ensemble. Ils ont tous fait une très belle campagne, et même si nous n’avons pas eu le bureau, nous avons construit quelque chose de bien plus fort. »
Thibaux Chaix est passé d’une année « frustrante » à une année « exaltante » pleine de rencontres. Comme quoi, la 3A est avant tout l’année des surprises improbables : le sciencepiste a effectué ses premiers mois à l’université d’Ottawa pour terminer dans le cabinet d’une députée à Paris. Notre petit parlementaire entame cette année un master à l’école des Affaires Publiques, pour son plus grand bonheur. La Péniche lui souhaite bon vent, si possible avec un parcours moins mouvementé – quoique, comme nous venons de le voir, l’imprévu est parfois une bonne chose…
Magalie Danican