« Expulsons Besson », le comité d’accueil de la rue Saint-Guillaume
A 17h ce jeudi, les forces de gauche de Sciences Po ont organisé un « comité d’accueil » pour le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, en visite à l’IEP.
La venue d’Eric Besson, annoncée dans la dernière newsletter de Sciences Po, ne leur a pas échappé. C’était l’occasion rêvée de faire connaître la cause des travailleurs sans papiers en grève, pour Attac, le NPA, le PG, le PS, Pavés, Sciences-Papiers, SUD Etudiant et l’UNEF, réunis dans un comité de soutien depuis deux semaines.
« En cette période de débat démagogique sur notre prétendue « identité nationale », qu’on essaie de manière nauséabonde de relier avec l’immigration, l’islam et les mineurs délinquants, il serait dommage de ne pas réserver un accueil chaleureux à nos expulseurs en chef. » C’est à cet appel, placardé et distribué le matin même, qu’on répondu 300 étudiants, réunis en péniche « pour réclamer l’expulsion de Besson ». SUD Etudiant s’est fait remarquer en offrant une petite image vichyssoise à ceux qui refusaient l’invitation.
Les slogans n’étaient pas tendre à l’égard du Ministre : pendant plus de deux heures la péniche retentissait de « Un charter pour Besson », « Pétain, reviens, t’as oublié tes chiens », ou encore « C’est pas les immigrés, c’est pas les sans papiers, c’est le gouvernement qu’il faut virer » ! De quoi mettre en rage les quelques militants de l’UNI, qui ont toutefois échoué à faire tomber la banderole « régularisation de tous les sans papiers ».
A 19h30, le ministre a fini par arriver par derrière. Une vingtaine d’étudiants présents dans le jardin se sont rassemblés en une chaîne symbolique pour l’arrêter. Ils ont été « gentiment bousculés » par les forces de l’ordre. Quelques étudiants présents dans l’amphithéâtre Boutmy y ont déployé une banderole, à l’arrivée d’un ministre déconfit. « On avait l’impression que les chevaliers de l’apocalypse lui couraient après », témoigne l’un d’entre eux.
Jean-Paul Huchon, présent en tribune, en a profité pour ironiser sur la situation, ce qui a provoqué l’ire du transfuge socialiste, prêt à régler ses comptes à son ancien collègue « Où tu veux, quand tu veux ! » Les manifestants ont également eu droit à quelques remarques. Le ministre a rapidement quitté la rue Saint-Guillaume, dans une ambiance tendue.
Se revendiquant « tous des fils d’immigrés, première, deuxième, troisième génération », les étudiants ont pu manifester leur solidarité à l’égard des travailleurs sans papiers en signant la pétition ou en contribuant à la caisse de grève.
Le collectif appelle tous les étudiants à une réunion publique d’information et de solidarité avec les « sans-papiers » en grève, mardi 10 novembre à 19h15 en Amphithéâtre Jean Moulin (13 rue de l’Université).
10 Comments
Falco
Oui, mais c’est drôle.
Le débat es toujours ouvert; nous sommes, je pense, dans une période de redéfinition profonde de l’identité nationale, ou du moins de l’intégration « à la française ». Le mode d’intégration avec une identité nationale « inamovible » selon dit plus haut, a bien marché pendant pas mal de temps. Mais il faut bien avouer que ça ne marche plus très bien: sentiment d’exclusion, voire exclusion réelle, sont souvent le lot des immigrés de première ou de deuxième génération venant des « cités » ou « banlieues ». Faire avancer le débat sur ce que signifie être français et tenter de redéfinir ce que c’est n’est pas dangereux en soi. En revanche, le fait de le faire sans prendre en compte les difficultés qu’ont certains à s’intégrer et ne pas tenter d’ouvrir les portes l’est. C’est ce que fait ce Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale (ne parlons même pas du mix entre immigration et identité), et a fortiori ce que fait Besson.
Agathe
Le commentaire rédigé par » Claude Levi-Strauss » est lui complètement inutile, je trouve (un peu de respect pour le véritable Levi-Strauss), cela n’ajoute aucun argument au débat – or l’article doit sûrement vouloir prolonger le débat.
Claude Lévi-Strauss
Eric Besson est un sale ethnocentriste, doublé d’un traitre arriviste flirtant -euphémisme- avec l’extrême-droite.
Je suis à deux doigts de ressuciter pour lui botter le cul.
Tom
Carlos…
Quel est ce pays dans lequel on confond (volontairement d’ailleurs) identité et immigration? Des hommes et des objectifs électoraux? L’égalité et l’élitisme (appelle ça « égalité des chances » si tu veux)?
Quel est ce pays dans lequel des gens travaillent et cotisent pour la société et sont pourtant criminalisés, incapables de se construire un avenir certain là où ils ont décidé de vivre?
Quel est ce pays dont l’administration met un zèle incroyable à dénicher des personnes en situation « irrégulière » et à les expulser vers des pays qu’ils ont fuis parfois au péril de leur vie?
Quel est ce pays dans lequel le pouvoir de vie et de morts sur les « étrangers » est entre les mains de bonshommes tellement prêts à tout pour exercer ce POUVOIR qu’ils vont jusqu’à outrepasser la logique de la démocratie (qui est le dissensus, plus ou moins mal représenté par les partis de gouvernement) et à renier leurs convictions?
J’ai bien peur que ce soit cette « république » dont tu parles…J’ai bien peur que ce soit celle dont j’ai honte.
Définir une « identité » collective inamovible, même en donnant à cette définition les apparences du débat, c’est exclure tous ceux qui ne s’y conforment pas sans réussir à intégrer les autres.
L’identité nationale, c’est un sentiment vague, fugitif, mouvant, qui te fait dire « je suis français » quand tu te présentes. C’est un sentiment qui évolue sans cesse, parce que la société évolue. Le débat sur notre identité collective il est permanent, il est dans la redéfinition de cette identité au jour le jour.
Tout le monde n’a pas la même expérience de la vie. Faut il que tout le monde fasse semblant d’avoir la même expérience de la société? Le résultat serait un décalage croissant entre ce qu’être français est sensé signifier, et l’expérience qu’en font les français.
Non seulement les termes du débat sont mauvais, mais le débat sur l’ « identité nationale » est EN SOI dangereux! Voilà pourquoi il ne s’agit pas de débattre avec un ministre convaincu par sa propre mauvaise foi, mais de dire haut et fort que nous refusons de définir pourquoi on se sent français.
carlos
Bravo aux étudiants de gauche qui ont réussi a rentrer dans l’amphi: a l’appel de Besson » j’accepte que l’un d’entre vous vienne m’expliquer pourquoi il s’oppose de manière si virulente à ce débat », ceux ci ont fui, ils ont quitté, penauds, l’amphithéâtre…. De plus, Besson n’a pas voulu régler ses comptes, mais « débatre en face à face, ou tu veux, quand tu veux ».
Quel est ce pays dans lequel on confond ( volontairement d’ailleurs) débat et volonté de régler ses comptes, identité nationale et culte nationaliste vichiste, et dans lequel on traite de facho un ministre de la république venant parler de diversité et d’égalité des chances, ou de traitre un homme faisant abstraction de la logique de partis pour servir la France et son administration ? Quel est ce pays, d’ailleurs, ou l’on siffle la marseillaise dans une grande école d’excellence, au même titre que dans un stade de foot ?
A cela je réponds, sans crainte de me faire traiter de « facho ou de chien de pétain »: VIVE LA FRANCE, et VIVE LA REPUBLIQUE !!
gaga
Ce genre d’événement ne sert pas à rien, car les media en parlent un peu et ça fait un peu de couverture aux grêvistes sans papiers d’IDF, largement ignorés par ailleurs (et c’était la raison principale pour organiser le comité d’accueil).
Et puis ça énerve Besson et ça montre qu’une petite partie des étudiants au moins sont solidaires des sans papiers, et puis ça introduit le débat à sciences po.
En tout cas, merci à lapéniche de relayer l’info sur la réunion de mardi soir.
Sandra
Bah au moins ça fait de l’animation, la banderole sur tissus imprimé floral était très jolie d’ailleurs.
Une des raisons pourquoi Sandra aime Sciences Po… c’est ça!!
NB : un jour faudrait aussi préparer des merguez pour que ce soit plus festif.
Gus
« SUD Etudiant s’est fait remarquer en offrant une petite image vichyssoise à ceux qui refusaient l’invitation. »
Quand on a eu un grand-père mort déporté, je trouve ça de très mauvais gout de se voir donner une chose pareil. SUD, pitoyable et décevant. Moi qui les trouvait assez sympathique, ils ont baissé dans mon estime de manière vertigineuse
Ben
Vous servez à rien!!!
Jean-Paul
La phrase exacte est « Jean-Paul, on fait un face-à-face quand tu veux et où tu veux »