Conférence: Craig Stapleton, ambassadeur des Etats-Unis à Paris

Décidément, Transatlantique nous gâte en ce moment puisqu’après la conférence de Jerry Hagstrom sur les primaires aux Etats-Unis la semaine dernière, nous avons eu droit mardi matin à une conférence de Craig Roberts Stapleton, ambassadeur américain en France, dans sa résidence rue du Faubourg Saint-Honoré afin de nous éclaircir sur la politique étatsunienne. Pour cet événement très hype, les étudiants en groupe restreint étaient bien évidemment sur leur 31 et ont eu droit au petit déjeuner offert par Son Excellence. Mais assez des superficialités, que s’est-il donc dit à cette conférence ?

La France et les Etats-Unis, actions et relations :

C. Stapleton a commencé par un petit speech où il a tenu à rappeler que la France, ce si vieux pays, est la « meilleure amie » des Etats-Unis depuis sa création. Effectivement, nous avons vaillamment guerroyé pour les libérer du joug britannique, mais ceux-ci se sont bien évidemment acquittés de leur dette en 14-18 et 1944. Depuis, il semblerait que nous ne cessions de nous aimer et donc de mener des actions conjointement dans le monde afin de répandre notre bon vieil idéal de démocratie et de stabilité politique : Iran, Afghanistan, Israël, Darfour, Tchad ou encore Kosovo, Son Excellence a tout passé en revue. Même en Irak, il semblerait que nous agissions main dans la main désormais car G. Bush et N. Sarkozy veulent tous deux ‘pacifier et aider le peuple’ qui, après tout, le mérite bien. Il n’a pu s’empêcher cependant de déplorer le peu d’activisme de la France en Birmanie afin de rétablir la situation.

La France et les Etats-Unis vivent donc une histoire d’amour calme et sereine… N’est-ce pas un peu étrange à entendre quand la France critique les USA et vice-versa ? Pour Craig Stapleton, la France a toujours été dans le bon camp, si l’on peut dire, même si la force des liens a pu être plus ou moins forte. Il cite d’ailleurs des tensions entre les deux pays : le départ du Général de Gaulle de l’OTAN en 1966 ou encore la guerre en Irak qui aurait (paraît-il) créé quelques petites tensions entre nos deux nations. Cependant, il semble que l’élection de N. Sarkozy ait créé un réel changement dans nos relations ; effectivement, rappelez-vous, notre cher Président avait dit dès le début qu’il soutenait les Etats-Unis, l’a répété dans son discours du 6 mai dernier et l’a réaffirmé dans son discours au Congrès américain. Craig Stapleton semble même apprécier la fougue de NS qui n’hésite pas à s’affirmer et à encourager le dialogue. Sarkozy mène même des actions en ce sens : il a récemment annoncé qu’il enverrait plus de troupes en Afghanistan afin de compenser le grand engagement qu’ont eu les USA jusqu’à présent. Mais cette relation au beau fixe n’est-elle pas liée à la relation personnelle entre G. Bush et N. Sarkozy, et qui donc risque de souffrir dès l’élection d’un nouveau Président ? Apparemment pas, car le Président français est un ‘amoureux des United States’ et pas seulement de G. Bush.

Les Etats-Unis : politiques et économie

Justement, Bush arrive à la fin de son mandat, quel sera donc d’après Craig Stapleton son héritage politique ? D’un point de vue national, il a réussi à mettre en place une croissance économique stable, surtout après le 11 septembre, et à améliorer l’éducation et le système scolaire. D’un point de vue international, G. Bush a mis en place de nombreux programmes de lutte contre le SIDA en Afrique ; il a aussi réussi à se rapprocher de nombreux pays (Russie, Chine…) ; enfin, selon Stapleton, la guerre en Irak sera une des bonnes actions de G. Bush, même s’il pense qu’il faudra encore une vingtaine d’années avant que l’opinion publique ne le reconnaisse… Ce qui est sûr, c’est que le Président américain a été meilleur sur le plan domestique qu’international mais on peut dire à sa décharge que Bush avait prévu d’être un Président ne s’occupant que de son pays et que le 11 Septembre l’a forcé à endosser un rôle qu’il ne voulait pas forcément tenir.

Vous aussi vous trouver que ce bilan enjolive un peu trop les choses ? Ne vous inquiétez pas, les étudiants présents n’ont pas hésité à poser des questions pour que Son Excellence précise sa pensée, notamment sur la crise des subprimes. Là, il semble qu’on soit dans un flou certain, du fait qu’on ne sait pas trop si l’on est au début ou à la fin de cette crise ; mais C. Stapleton a tenu à rappeler que ça n’entache en rien le bilan économique de G. Bush auprès des Américains.
Mais vous, après avoir été à la conférence sur Bali (ou lu l’excellent compte-rendu écrit sur LaPéniche.net) et moi (après mon cours de ce matin sur le droit international de l’environnement) ne pouvons nous empêcher de nous révolter du manque de conscience environnementale des Etats-Unis. Qu’en est-il donc ? Tout d’abord, Stapleton tient à rappeler que les USA ne sont pas totalement inactifs dans ce domaine (C. Rice a fait passer une loi en 2007 visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre). Il rappelle aussi que son pays n’a pas refusé de signer le Protocole uniquement pour des raisons égoïstes : il l’a refusé car cela limiterait la croissance économique, ce qui était politiquement infaisable à ce moment-là et enfin que la Russie et la Chine ne l’avaient pas signé non plus à l’époque…

Cette conférence aura donc abordé de nombreux points, ce qui a permis d’envisager la vision de la politique américaine de l’intérieur, même s’il est à déplorer que les positions de C. Stapleton n’aient pas été assez objectives parfois, ce qui tient certainement au fait qu’il soit un proche de George Bush.

En tous les cas, merci beaucoup à Transatlantique pour l’organisation de cette rencontre !

7 Comments

  • Une iepienne de Toulouse

    vous avez pensé quoi de la conférence?
    Il y a deux ansà son entrée en fonction, Craig" est venu faire une conférence à l’IEP Toulouse. C’etait desastreux. Il a commencé par nous lire un long discours en français alors qu’il n’en comprenait visiblement pas un seul mot. Il agressait les gens qui osaient poser une question un peu dérangeante, il était incapable de répondre aux critiques.

    J’espère qu’il a progressé!

  • Jb

    Alors, si c’est pour la stylistique, je m’incline.
    Cela dit "l’ambassadeur" ça donne un petit côté Ferrero Rocher plutôt appréciable entre Noël et Pâques…

  • Charles

    cher jb, parfois les rédacteurs cherchent à varier de "l’ambassadeur" ou de "Craig Stapelton", alors ils cherchent autre chose, et il écrivent Son Excellence.
    tkt, quand j’interrogerai Elizabeth II, j’écrirai Sa Majesté.

  • Jb

    Ahem, je suis d’accord sur le fait qu’il faille respecter les ambassadeurs, mais "Son Excellence" c’est pas un peu TROP? (à moins que ça soit ironique auquel cas je signe tout de suite)
    Non parce que j’entends bien qu’il y ait un protocole, tout ça, pour s’adresser directement à un ambassadeur. Mais de là à l’utiliser dans un article. Ou alors il faudrait le faire aussi quand on parle des Présidents, Ministres et autres hauts représentants des Etats. Ce qui franchement serait chiant, non?

  • Go Patriots tu veux dire !

    Excellent compte-rendu en effet.
    Tout comme l’était la conférence : merci beaucoup à Transatlantique !

  • go giants !

    excellent compte-rendu mais euh.. "9" septembre ?! really ? petite erreur qui vient de "9/11" j’imagine, trop de bilinguisme alala…