Un Week-End pluvieux? Les expos à voir sous un ciel maussade
Débordés par galops et fiches techniques, vous êtes en plus accablés par le temps morose? La Péniche vous propose une sélection d’expos pour sauver votre week-end!
« L’impressionnisme et la mode «
du 25 septembre au 20 janvier 2013, au Musée d’Orsay, Paris 7ème.
Avis à tous les « impressionnistas », évènement à Orsay à ne manquer sous aucun prétexte! Robes à volants ou à poufs, chapeaux plats et manches pagode, traînes bouillonnées et cravates de soie, la mode parisienne triomphe et défile avec magie sur les palettes impressionnistes. Le Musée d’Orsay, sous ses plus beaux atours, défroisse le sujet et expose subtilement Manet, Degas ou Caillebotte.
Amateurs de mode et de peinture se délecteront de la même manière de ces instants de vie couchés sur toile. Le regard observateur des artistes est incontestable, les peintures s’animent et nous révèlent toute la richesse de la vie « moderne » de l’époque. Avec eux, le vêtement s’enhardit, au fil des rues colorées, il flâne, prend l’air. La rayure est remise au goût du jour par nos créateurs contemporains? Renoir en faisait déjà mousser sa palette et vibrer ses pinceaux. Amoureux(ses) de la soie? C’est auprès de Monet, que vous trouverez votre bonheur. L’artiste sublime les lourds drapés de ce tissu précieux en peignant la dissolution de la femme dans son intérieur. La critique sociale portée par le tableau ne peut qu’interpeler. Evocation fugace et vagabonde d’une époque enchantée, cette exposition ne se cantonne par au registre de la mode illustrée, mais constitue surtout une empreinte fulgurante du temps présent.
Anne-Charlotte Monneret
Bohèmes
Du 26 Septembre 2012 au 14 Janvier 2013
Il est probable que la chanson de Charles Aznavour vous trotte dans la tête alors que vous rêvez nuit et jour de courir voir cette exposition. Mais lorsque vous pénétrez les couloirs calfeutrés de velours cuivre du Grand Palais, c’est un tout autre timbre de voix, qui, agrémenté de timbales, s’empare de vos charmantes oreilles. Oubliez Shazam, car ce fond sonore nasillard qui vous entraîne dans la fantaisie bohémienne est bien plus beau quand il demeure mystérieux.
« Si tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d’où tu viens. » (proverbe rom)  Actuellement, vous venez du hall d’accueil du Grand Palais, mais il est clair que vous ne savez pas encore dans quel monde vous entrez… En tout premier lieu, Bohèmes vous expose le thème mis à nu : savez-vous en effet réellement qui sont les bohémiens et bohémiennes, ces personnes à la peau d’or et de cuivre qui animent la rue et peuplent les imaginations les plus délirantes, depuis ce qui semble être la nuit des temps ?
Pour vous lancer sur des pistes de réponse, les couloirs du Grand Palais exhibent de nombreux tableaux de maîtres, mettant principalement en scène le personnage éclectique de la bohémienne : elle est vierge effarouchée, elle est séductrice sauvage, elle est mère protectrice, elle est diseuse de bonne aventure, et j’en passe. Des panneaux explicatifs, à défaut d’être très développés, vous guident à travers des thèmes disparates comme « la bohémienne et l’égyptienne », « le grotesque chez les bohémiens », ou bien encore « la théorie du voyage ».
Ces éclairages ne prétendent donc pas traiter le sujet à fond, mais tentent malgré tout d’être exhaustifs dans leur énumération de références, ce qui conduit la Esmeralda de Victor Hugo à ne représenter qu’une malheureuse ligne dans toute l’exposition. En revanche, il en est une qui incarne l’indépendance et l’autonomie nouvelles de la femme : la Carmen de Bizet est ainsi une transition haute en couleur et en puissance vers le premier étage.
L’exposition se poursuit en nous faisant glisser vers la société des Romantiques. Se considérant comme des personnages errant parmi leurs semblables, les Romantiques ont tôt fait de s’approprier les caractéristiques des bohèmes. Sensibilité, mystère, précarité, tous les champs touchant ces écorchés vifs de la société sont couverts par les multiples pièces de l’exposition, laquelle va même jusqu’à reconstituer un café pour ancrer le caractère sociable des artistes du XIXe siècle dans notre réalité. 
Si l’on peut reprocher à Bohèmes de s’être quelque peu éloignée de sa source d’inspiration originelle, on salue néanmoins cet admirable élargissement, qui fait de l’exposition un concentré de rebondissements et de nouvelles découvertes à mettre en perspective avec le peuple des bohémiens. La scénographie de l’exposition est également à applaudir, car elle réussit parfaitement à nous intégrer dans le monde de la bohème, au travers d’ambiances remarquablement mises en scène.
Bref, Bohèmes, c’est un savant mélange de peintures, de ressources littéraires, et même de quelques sculptures, qui nous invite gaiement à revisiter cette figure flamboyante et mystérieuse qu’est la bohémienne, ce personnage de rupture et de défi tel que l’envisageait Courbet, en perpétuel vagabondage telle que l’a représentée Van Gogh, pour révéler la pointe de liberté et d’impétuosité qui sommeille en chacun de nous.
« La bohème n’a rien et vit de ce qu’elle a. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur, au-dessous de la fortune, mais au-dessus du destin.» (Balzac)
Clara Duchalet
Paris vu par Hollywood
jusqu’au 15 décembre à l’Hôtel de Ville de Paris, 5 rue Lobau, Paris 4ème.
« Il y a le Paris de Paramount et le Paris de la MGM. Et puis bien sûr le vrai Paris » disait le réalisateur américain Ernst Lubitsch. En effet, vu de la Californie, Paris est l’expression du plaisir, du désir et de la sophistication. Elle est la ville étrangère la plus représentée dans le cinéma hollywoodien et plus de 800 films américains y situent leur action. Du « french kiss » au french cancan, du glamour à l’humour gouailleur, le charme de la capitale est ravageur derrière les caméras!
Utilisant les clichés à son avantage, l’exposition se divise en quatre parties correspondant à quatre temps forts du cinéma: le Paris historique des films muets, le Paris sophistiqué de la comédie sentimentale, le Paris virevoltant et coûteux du Cancan, et enfin le Paris « for real » (où les réalisateurs tournent dans la ville désormais et non plus en studio). On se met à rêver de ce Paris enchanté où toutes les femmes auraient le charisme d’Audrey Hepburn dans « Charade », où les amoureux danseraient sur les quais de Seine tels Gene Kelly dans « un Américain à Paris ». « Paris vu par Hollywood » suscite ainsi beaucoup d’émotions autour de près de 400 documents, extraits de films, photographies, maquettes de décors, costumes, scénarios, affiches… et plus de 70 extraits de films de toutes les époques! Le clou du spectacle reste l’écran géant de 20 mètres de long, projetant un montage astucieux sur ce siècle d’échanges cinématographiques incessants.
Cette expo dévoile toutes les sortes de rêves que nous offre la capitale, de l’ambiance polar avec le « Da Vinci Code », à une autre plus gastronomique avec « Ratatouille »… Un vrai régal.
Anne-Charlotte Monneret
One Comment
Grompf
Quelle lecture !
Quelles critiques !
J’ai grâce à vous un soudain et néanmoins lyrique regain de confiance en les jeunes d’aujourd’hui…
Continuez ainsi, et n’arrêtez jamais !
Mention spéciale à Mlle Duchalet, dont la prose prometteuse m’offre le retour de ma vigueur d’antan : c’est bien simple, non seulement j’irai visiter cette exposition, mais je m’endormirai cette nuit avec le désir farouche de me la fourrer en mode gangbang dans une roulotte.
Merci.
XOXO