• Le Procès Goldman, autopsier l’insubordination

    Amiens, Cour d’Assises de la Somme. Le tumulte qui s’élève de la salle d’audience voit s’affronter les « Goldman, assassin ! » aux « Police assassin, justice complice ! ». Nous sommes en 1976, année où se déroule le deuxième procès du militant d’extrême gauche Pierre Goldman. Deux ans auparavant, ce dernier fût condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée et pour homicide volontaire des deux pharmaciennes du 6 Boulevard Richard Lenoir. Or, si Goldman reconnaît sa responsabilité dans les cambriolages, il nie farouchement être le meurtrier des deux femmes : « gangster », oui, mais « assassin, certainement pas ». C’est ainsi…

  • Le Mag’ : Sérotonine, ou le guide contemporain du voyageur dépressif

    C’est un livre au format standard, beige, de trois cent cinquante-deux pages. Une chronique des temps post-modernes, un livre des crises de notre société. Dans son dernier livre Sérotonine, Michel Houellebecq propose comme un guide à l’intention de quiconque cherchera à s’aventurer dans l’esprit du dépressif, assistant à ce qu’il considère comme le déclin de son esprit accompagnant celui de notre civilisation. Une tentative d’évasion où se condensent tous les sujets de l’imaginaire houellebecquien : la sexualité et ses tabous, le travail et son ennui, l’homme et son besoin d’amour, la souffrance et son silence permanent. Reste à savoir ce que…

  • House Of Cards Saison 6 : une affaire peu claire

    Cette critique comporte des « spoilers », il est donc recommandé de regarder les huit épisodes de la saison pour mieux apprécier la présente analyse[1]. House Of Cards. Ce nom a d’abord résonné en moi grâce au nom du réalisateur des deux tout premiers épisodes : David Fincher. Son travail très méticuleux, précis et d’une qualité graphique exceptionnelle m’a très rapidement attiré vers cette production, et c’était uniquement cela que j’attendais de la première série originale de Netflix. La qualité du jeu des acteurs et l’intérêt assez divertissant du scénario ont fait le reste, je suis resté. La dernière saison achève-t-elle la…

  • Le Mag’ : Mektoub, my Love, jeunesse envoûtante et ensoleillée

    La bande-annonce du nouveau film d’Abdellatif Kechiche est riche en promesses. Mêlant musique disco, plans ensoleillés et visages juvéniles, elle semble dessiner les contours d’un film situé entre photos de vacances postées sur Instagram et hymne à la jeunesse, ce qui peut potentiellement aller de pair. Sous le charme, on se laisse donc tenter par les trois heures de (longue) parenthèse procurée par « Mektoub, my love : canto uno » dans un cinéma obscur du Boulevard Montparnasse. À l’issue de ces trois heures, la fascination prévaut. Le film est passé lentement et simplement, offrant aux yeux fatigués de la dizaine de spectateurs…

  • Black Mirror : noir, c’est noir ( mais pas sans espoir )

    Si vous avez laissé traîner vos yeux sur Internet dans les dernières semaines, vous n’aurez assurément pas pu échapper à la rituelle déferlante suscitée par la sortie de la nouvelle saison de la série britannique Black Mirror, créée par Charlie Brooker. Si, cependant, par des circonstances obscures, vous avez décidé de vous retirer en ermite sur la planète Saturne – ce qui est un choix de vie tout à fait respectable – et n’en avez jamais entendu parler, voici une brève introduction au quasi-phénomène culturel qu’est cette série, n’ayons pas peur du terme.             Black Mirror est une anthologie de…