• Les Démons à la Comédie, beauté glaçante et démentielle

    Désabusés, aliénés, furieux, les Démons de Dostoïevski enflamment la Comédie-Française sous la direction du metteur en scène flamand Guy Cassiers. Une scénographie spectaculaire et des comédiens de haut vol signent ici une réussite épatante, un brin hermétique. C’est sans doute le roman le plus politique de Dostoïevski. Le portrait d’une Russie déchirée, prise entre une aristocratie vieillissante, perdue dans un intellectualisme tiède et abstrait ; et une jeunesse révolutionnaire, pétrie de certitudes délétères. Une critique vive et incisive, adressée aux uns autant qu’aux autres. Son roman-fleuve interroge bien sûr la vanité du nihilisme et l’inutilité des éternels pourparlers, mais il va…

  • Pirandello’s As You Desire Me: Capturing the beautiful and dangerous ideal on stage

    The lights come up on a woman, assailed. Blindfolded, she vaults across the stage, dancing in and out of the embrace of a group of lusting men. Are these assailants her lovers or attackers? The audience hesitates: is it witnessing a debauched party, or is a more sinister violation being committed against this blinded figure ?  As You Desire Me’s opening scene premises a play in which different perceptions of reality are pushed onto the stage, competing for legitimacy and power. The ‘unknown woman,’ ultimately a nameless entity, is a figure in which these competing realities clash. Chloé Réjon plays her with…

  • Le géant du cinéma français Jean-Paul Belmondo est décédé

    « Embrasse-moi mec, t’es mes 20 ans ». Lorsque Jean Gabin donne la réplique à Belmondo en 1962, dans Un singe en hiver (Henri Verneuil), l’immense star française du moment reconnaît immédiatement le talent de son jeune collègue, encore à l’aube de sa carrière. L’aîné avait vu juste, puisque celui que l’on surnomme le Magnifique est décédé le 6 septembre dernier sous les honneurs. Annoncé par son avocat dans un communiqué sobre, le départ de Jean-Paul Belmondo à l’âge de 88 ans a immédiatement suscité une vive émotion dans l’hexagone, et même au-delà.  Politiques, artistes et autres observateurs sont unanimes : le…

  • Le Mag’ – Théâtre : Qui a tué mon père, ou quand le théâtre donne corps à la violence du texte

    Figure hautement visible et internationale de la littérature française, Edouard Louis publie en 2018 son troisième ouvrage, Qui a tué mon père. Ce monologue théâtral, écrit à la suite d’échanges avec le metteur en scène et acteur Stanislas Nordey, s’inscrit dans la continuité de son œuvre récente et vient dénoncer la violence politique et sociale qui marque la région de la Somme où il est né et a grandi. La pièce, qui était déjà controversée au moment de sa publication aux éditions du Seuil pour la mise en mots, peut-être au détriment de la finesse littéraire, d’une opinion aux yeux…

  • La Tempête de Shakespeare vue par Rhinocéros

    La cinquième édition du festival Festiféros, organisé par l’association de théâtre de Sciences Po, Rhinocéros, a débuté le 4 mai. Entre la pièce “Breadcrumbs”, “L’eau des Saraph” et “La jeunesse du Cid”, la compagnie a aussi monté “La Tempête” de Shakespeare, avec une mise en scène de Gaspard Baumhauer. Belle occasion pour la troupe d’étudiants sélectionnés de jouer dans une pièce professionnelle, et pour les spectateurs d’apprécier une pièce moins connue du répertoire shakespearien. Le Festiféros ou le choix d’une équipe éclectique et motivée Chaque année, la compagnie Rhinocéros fait un appel à projets. Des auditions sont organisées pour former les…