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Smash ou pass ? Notre critique de L’amour c’est surcoté, de Mourad Winter
L’amour c’est surcoté est un enfant d’Internet. Les deux protagonistes, Laura Felpin et Hakim Jemili ont fait leurs débuts sur Youtube et Instagram, avant de se faire connaître du grand public dans la série de Jonathan Cohen Le Flambeau pour la première et par le stand-up pour le second. Les deux sont réunis pour une histoire d’amour entre un enfant de quartiers populaires, Anis, et une bourgeoise, Madeleine, bien que la lutte des classes ne soit pas le cœur du film. Auteur : Eliott Offenstadt Reprenant les codes d’Internet jusqu’au titre — l’emploi du verbe surcoter, le film frappe par…
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Le Procès Goldman, autopsier l’insubordination
Amiens, Cour d’Assises de la Somme. Le tumulte qui s’élève de la salle d’audience voit s’affronter les « Goldman, assassin ! » aux « Police assassin, justice complice ! ». Nous sommes en 1976, année où se déroule le deuxième procès du militant d’extrême gauche Pierre Goldman. Deux ans auparavant, ce dernier fût condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée et pour homicide volontaire des deux pharmaciennes du 6 Boulevard Richard Lenoir. Or, si Goldman reconnaît sa responsabilité dans les cambriolages, il nie farouchement être le meurtrier des deux femmes : « gangster », oui, mais « assassin, certainement pas ». C’est ainsi…
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Le Mag’ : Sérotonine, ou le guide contemporain du voyageur dépressif
C’est un livre au format standard, beige, de trois cent cinquante-deux pages. Une chronique des temps post-modernes, un livre des crises de notre société. Dans son dernier livre Sérotonine, Michel Houellebecq propose comme un guide à l’intention de quiconque cherchera à s’aventurer dans l’esprit du dépressif, assistant à ce qu’il considère comme le déclin de son esprit accompagnant celui de notre civilisation. Une tentative d’évasion où se condensent tous les sujets de l’imaginaire houellebecquien : la sexualité et ses tabous, le travail et son ennui, l’homme et son besoin d’amour, la souffrance et son silence permanent. Reste à savoir ce que…
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House Of Cards Saison 6 : une affaire peu claire
Cette critique comporte des « spoilers », il est donc recommandé de regarder les huit épisodes de la saison pour mieux apprécier la présente analyse[1]. House Of Cards. Ce nom a d’abord résonné en moi grâce au nom du réalisateur des deux tout premiers épisodes : David Fincher. Son travail très méticuleux, précis et d’une qualité graphique exceptionnelle m’a très rapidement attiré vers cette production, et c’était uniquement cela que j’attendais de la première série originale de Netflix. La qualité du jeu des acteurs et l’intérêt assez divertissant du scénario ont fait le reste, je suis resté. La dernière saison achève-t-elle la…
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Le Mag’ : Mektoub, my Love, jeunesse envoûtante et ensoleillée
La bande-annonce du nouveau film d’Abdellatif Kechiche est riche en promesses. Mêlant musique disco, plans ensoleillés et visages juvéniles, elle semble dessiner les contours d’un film situé entre photos de vacances postées sur Instagram et hymne à la jeunesse, ce qui peut potentiellement aller de pair. Sous le charme, on se laisse donc tenter par les trois heures de (longue) parenthèse procurée par « Mektoub, my love : canto uno » dans un cinéma obscur du Boulevard Montparnasse. À l’issue de ces trois heures, la fascination prévaut. Le film est passé lentement et simplement, offrant aux yeux fatigués de la dizaine de spectateurs…