Sweeney en Boutmy : une synergie réussie !

Boutmy est comble. Les spectateurs sont impatients. L’ambiance est gaie et détendue. Cet amphi qui a accueilli nombre de personnalités les plus importantes les unes des autres s’apprête à devenir plus vivant que jamais. Danse, théâtre, musique, dans quelques minutes Sweeney va envahir Boutmy. Ce vendredi 8 Avril, 19h30, les lumières de la salle s’éteignent et plongent d’une manière insolite l’amphi dans le noir total. Pendant une heure et demie, la comédie musicale de Sciences Po démontre plus que jamais l’hétérogénéité des talents de l’école. La Péniche y était, La Péniche a aimé, la Péniche va vous raconter.

Sweeney Todd, le barbier meurtrier

Youri Rebeko, étudiant en 4A est en charge de ce projet. Celui qui a participé à la comédie musicale d’il y a deux ans a proposé de monter un tel événement en 2016 dès la fin de sa 2A. Avec l’équipe qu’il a aussitôt mis sur pied, leur volonté était de « faire un spectacle différent du Broadway un peu trop mainstream ». C’est alors que l’idée de jouer Sweeney Todd, une comédie musicale créée en 1979 par Hugh Wheeler et inspirée d’un romain écrit en 1846 par James Malcolm Rymer leur traverse les esprits. « J’ai découvert cette oeuvre en voyant l’adaptation de cinéma » par Tim Burton en 2007.

Sweeney Todd, c’est le surnom de Benjamin Baker, un barbier à Londres en 1846 qui veut se venger du juge Turpin. Ce dernier, après avoir injustement condamné l’héroïne pendant quinze ans, a violé sa femme et adopté sa fille Johanna. Avec l’aide de Mrs Lovett, Benjamin Baker veut ainsi se venger de toute l’humanité en coupant la gorge de tous ceux qui se feront raser dans sa boutique…

 

L’exigence comme maître mot

« La musique est assez exigeante et originale, c’est ce qui nous a plu » nous confie Youri Rebeko.  L’exigence, c’est le mot qui a dominé ce projet et le résultat le fait ressentir. Après le casting de Septembre où la quinzaine d’artistes fut recrutée, les répétitions ont aussitôt commencée. « On répète une à deux fois par semaines depuis quinze jours » et cela se ressent. Sur les planches de Boutmy, le spectacle est artistiquement parfait : le jeu de comédien (dirigé par Hinda Abdelaoui) emporte chaque spectateur un à un dans le monde cruel de Sweeney Todd. Les chorégraphies dont Alice Fricoteaux étaient en charge rythme avec dynamisme et rigueur un spectacle millimétré. Et le chant a fait frissonné plus d’un étudiant dans la salle : le dur travail de chaque actrice et acteur sur la voix a littéralement subjugué la foule.

Les deux personnages principaux, Margaux Lefebvre (Mrs Lovett) et Manuel O. Matos (Sweeney Todd) ont unanimement fasciné par leur talent ébouriffant. Les treize autres artistes ne sont pas en dessous. Chacun incarne son personnage avec brio et d’une qualité admirable.

« On a cherché des étudiants qui transmettaient quelque chose dans le personnage qu’ils interprétaient ».

 

S’adapter aux contraintes techniques

Les sept membres de l’administration ont eux du faire face à un défi de taille : jouer un tel spectacle dans un amphi à Sciences Po. Les exigences sont nombreuses : en terme d’espace, de temps, mais aussi de sécurité et d’ouverture artistique. « Par exemple on voulait une machine à fumée, ce qui nous a été refusé » se souvient Youri Rebeko. Et lorsque l’on sait que demander une bouteille d’eau pour un invité est parfois compliqué, c’est une réelle prouesse qu’a réalisé l’équipe du BDA pour s’adapter à ce point aux contraintes.

La sobriété a alors été de mise : quelques panneaux en fonds de scène et un fauteuil rouge en guise de décor. Mais la beauté de la réalisation finale est essentiellement du au travail mirobolant de Maxime Desitter aux lumières qui ont permis de faire vivre avec émotion parfois chaque minute du spectacle.

Le texte même de l’oeuvre originale a du être adapté face aux contraintes de temps. « On a coupé bien une heure. Mais on voulait faire ressortir l’humour de la pièce qui n’est pas assez présent dans le film ». Un humour bien présent grâce notamment au fantastique Hugo Delvigne dans son interprétation du rôle de Tobias.

On ne peut ainsi qu’être ébahi devant la qualité de la représentation de vendredi dernier en Boutmy : la longue standing ovation à la fin du spectacle le prouve, il y a de nombreux talents à Sciences Po. Si la mauvaise sonorité de l’amphi peut être à déplorer, le réel don des actrices et acteurs sur scène ont très vite surpassé ces contraintes pour proposer une réelle synergie exceptionnelle, avoir Sweeney en Boutmy. Bravo !