LE MAG – « Bonjour Ivresse », une pièce à consommer sans modération

« Bonjour Ivresse » ! Non, ceci n’est pas (encore) le nom de la prochaine soirée BDE… Être ivre de rire le temps d’un soir, c’est le pari relevé par la pièce de Franck le Hen, que l’on ne présente plus. En 6 ans elle a été jouée plus de 1500 fois sur la scène parisienne. Elle est actuellement présentée au théâtre de Dix Heures dans une adaptation particulièrement piquante et survoltée. L’occasion, pour tous, de revivre quelques souvenirs de jeunesse !

La veille de ses trente ans, Benoît redécouvre la liste des choses qu’il s’est promis de faire avant son anniversaire. Accompagné par sa meilleure amie, frivole alcoolique sans complexes, ainsi que par sa sœur, beaucoup plus coincée, il se lance à la recherche du temps perdu. C’était sans compter l’arrivée d’un strip-teaser aux airs de déjà vu…

 

Un quatuor authentique

Mené par quatre comédiens explosifs spontanés à souhait, et aux physiques idéalement choisis, « Bonjour Ivresse » ne ralentit pas un instant. Entre scènes de de la vie aujourd’hui et flash-backs des années 90, les répliques s’enchaînent sur un rythme incisif. La répartie est venimeuse, tendre, audacieuse, légère. Tout contribue au comique en filigrane. La situation des personnages frise l’absurde. Les gestes, les costumes, et la musique participent à la création d’une scène de vie délirante…et réaliste.

Surpris par son propre succès,  Franck le Hen, auteur, co-metteur en scène et acteur dans la pièce livre avec plaisir quelques réactions, le temps d’une cigarette. « Pour moi, cet engouement durable et persistant s’explique peut-être par le côté ‘Friends’ de la pièce. On est dans un appart, les gens ont envie de partager notre quotidien. La sincérité aussi me paraît essentielle. J’ai essayé de faire quelque chose qui me plaise. »

Franck le Hen dévoile le secret de ce dernier quatuor.

« Mélanie Kah, je la voyais sur M6, Fun radio dans les années 1990-2000, j’avais repéré son ton très moderne et très fille d’aujourd’hui. Emmanuelle Boidron, je l’ai rencontrée sur une pièce et j’ai pensé à la fille de Navarro (Série Télévisée sur TF1), petite française exemplaire…qui se met à boire. Cela plaît beaucoup aux gens de voir Emmanuelle, très populaire, qui pète un câble en pleine pièce. Enfin, on m’avait parlé de Kevin Miranda, et j’ai vu une interview où il disait : ‘De toute façon, j’ai fais de la télé-réalité, personne ne me voudra dans des films, ni dans des pièces’. J’ai pensé que d’une part, il était lucide, et j’ai trouvé çà touchant et dommage, il fallait qu’il passe au moins un casting pour voir s’il était bon…Et il était très bon. »

Caricaturaux et débordants de sentiments, les quatre personnages ont chacun une place singulière. Les comédiens, eux, savent leur donner toute leur profondeur. Ces jeunes adulescents, que le passé poursuit, sont bien décidés à mettre un terme à leurs actes manqués. Marie la première, la sœur de Benoît, a à cœur de dévoiler son tempérament refoulé, jouissif pour le spectateur.

 

« It gonna be beautiful »

Mordante, cette comédie l’est aussi dans son hommage à la jeunesse des années 80 et 90, que l’on connaît sans l’avoir connue. Des costumes d’époque, quelques pas de danse, un jeu de scène sur des musiques cultes et même un single, « It’s gonna be beautiful », pour cette pièce qui n’en a jamais assez. Une pyramide de souvenirs inspirée directement par la jeunesse de l’auteur. « C’est un mélange de gens que j’ai connus à dix-huit ans, l’époque où je sortais », reconnaît-il.

 

Autodérision contre Homophobie

Volcanique et populaire sans s’en cacher, cette comédie est également un pamphlet de tolérance. « Je me dis que peut-être que des familles, des gens qui ne seraient pas venus voir une pièce avec un homo, sortiront en étant moins choqués quand ils verront deux mecs s’embrasser dans un film, ou dans la rue. J’espère juste que je réussis ça. » Interprétant avec brio et beaucoup d’auto-dérision le personnage de Benoît, homosexuel caricatural, Franck le Hen s’engage à nous faire rire et réussit son pari.

« Bonjour Ivresse » triomphe ainsi par la sincérité et l’authenticité de ses acteurs, passionnés par leur métier. « J’aimerais que les jeunes aillent au théâtre comme au cinéma, comme ils téléchargent une série. Chaque jour la pièce est différente avec de nouvelles sensations. Le théâtre et les concerts ont un véritable avenir », confit Franck le Hen.

Sur un air de café théâtre, un soupçon de légèreté vous attend vendredi et samedi soirs. Rendez-vous à 20h15 au théâtre de Dix Heures !  Prix du billet : 14€ ou sur billet Réduc : 10€.