LE MAG – La chronique ciné #2

Chaque samedi, La Péniche vous livre ses watch or skip des sorties ciné du mercredi à l’écrit et en vidéo. Cette semaine, ce sont les impressions d’Alexandra Saviana, Alexandre Larroque et Eva Eskinazi sur le film Sin City 2 (et sur le corps d’Eva Green) que nous vous partageons en vidéo ainsi que la critique écrite d’Elise Levy et d’Adrian de Bainville.

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Shirley, un voyage dans la peinture d’Edward Hopper par Elise Lévy

La note de La Péniche : 1,5/5
3 raisons peuvent te pousser à aller voir Shirley :

1)     Tu es un fan inconditionnel d’Edward Hopper. Tu serais capable de lire un livre en 3 tomes de 1000 pages chacun sur sa peinture.

2)     Tu es fasciné par la technique de l’image, à tel point que tu as préféré jouer avec Photoshop plutôt que d’aller à la soirée d’inté. Et au WEI. Et en amphi.

3)     Tu as de sérieux problèmes d’insomnies : dans ce cas, Shirley, c’est 1h32 de sommeil assurées.

C’est le genre de film que tu meurs d’envie de voir après la bande annonce, et dont tu ne sais pas quoi dire d’autre que « dommage… » en sortant du ciné. Oui, le résultat est impressionnant parce que visuellement, Shirley c’est du Hopper animé. Oui, Gustav Deutsch fait ressortir la solitude, l’état pensif et mélancolique des personnages du peintre. Mais un scénario décousu qui se base presque essentiellement sur les pensées d’une femme déprimée, c’est… déprimant.

Shirley, cependant, a peut-être battu un record : 6 personnes sont sorties de la salle avant la fin. Etant donné qu’elle était déjà très peu pleine, ça doit faire 80% des spectateurs qui ont enduré le film jusqu’au bout.


Pride 
par Adrian de Banville

La note de La Péniche : 4/5

prideComment appréhender Pride?

Cette chronique bizarroïde d’une Angleterre rongée par les répressions du thatchérisme, dans laquelle mineurs gallois et minorités sexuelles s’allient dans un combat commun ne cache pas une dimension politique assumée, une ferveur revendicatrice. Pour autant, s’agit-il uniquement d’une de ces fables historico-sociales si chères à nos amis d’outre-Manche? No way. Inspiré de l’histoire réelle du mouvement LGSM (Lesbians and Gays Support the Miners), ce film est bien plus que le portrait d’un combat acharné contre l’intolérance et l’individualisme. Matthew Warchus en fait le miroir d’un phénomène aussi rare que réjouissant: l’humanité qui surgit en temps de crise, la solidarité entre deux communautés qu’on aurait crues intouchables, étrangères, voire totalement aliénées l’une de l’autre.

Qu’est-ce qui pousse un groupe de jeunes homosexuels londoniens au fin fond du Pays de Galles, dans un petit village charbonnier d’ouvriers bourrus et de vieillardes adeptes du bingo? De la politique, certes. Un ennemi commun, ce gouvernement néolibéral n’ayant pas plus d’estime pour la subsistance des ouvriers du charbon que pour les droits des minorités, à une époque où chômage et VIH font bon ménage. Mais au-delà, de la solidarité. Émouvant, Pride oscille habilement entre les coulisses d’une lutte politique et les contours d’un message moral: mettre de côté ses préjugés et tendre la main vers l’autre; oublier sa différence et se reconnaître en lui. Le pouvoir incroyable de la chaleur humaine s’exprime de mille façons différentes tout au long du film: la scène spectaculaire où les membres de LGSM tirent le village de sa torpeur au son d’une disco endiablée, ou encore celle dans laquelle quelques femmes de la communauté prennent d’assaut les bars gays de Soho en y trouvant une deuxième jeunesse.

Un casting mêlant grands talents du cinéma britannique (Imelda Staunton, Bill Nighy) et jeunes acteurs prometteurs trouve son égal dans le scénario fluide et dynamique. Bien que cédant de temps à autre à des leitmotivs typiquement anglo-saxons pour éveiller le pathos du spectateur, Pride raconte avec succès un échange culturel improbable mais bouleversant, prouvant que ces deux mondes qui s’entreglosent, quoique disparates et d’apparence antagonistes, peuvent faire abstraction de l’altérité et, qui sait? Découvrir qu’ils ne font qu’un…

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