Débat participatif à Sciences Po : Pour une nouvelle politique carcérale

Ce dimanche, Ségolène Royal a présenté un discours-programme élaboré à partir de la synthèse des fameux « débats participatifs » organisés un peu partout en France depuis quelques mois. Le PS Sciences Po avait souhaité contribuer à ce grand moment en organisant lui aussi un débat participatif, intitulé « Pour une nouvelle politique carcérale », qui a eu lieu le 7 février, avec comme invités André Vallini, député socialiste, et Clémence Patureau, présidente de l’association GENEPI. LaPeniche.net avait dépêché un de ses agents sur place.

A 19h00, je me présentais donc au lieu-dit Eugène Eichtal, muni des outils indispensables du Pénicheur en mission : calepin, stylo et appareil photo. En vrai professionnel, j’avais pris soin de contacter Bastien Taloc du PS Sciences Po, afin de pouvoir lui poser quelques questions. Il me fournit ainsi quelques détails sur la procédure du débat. La salle a été disposée en cercle autour des deux invités. Comme on s’en doute, la grande majorité des personnes présentes sont des militants ou sympathisants socialistes, même s’il m’assure que des membres de l’UMP Sciences Po devraient également être présents. Las, il faut croire que ces derniers avaient décidé de se montrer discrets et il me sera impossible de dire s’il y avait bien un loup dans la bergerie ce soir là. En revanche, un autre groupe se distingue clairement, celui des jeunes du mouvement Ségosphère, chargé d’orchestrer les débats et de réaliser la synthèse qui sera transmise à la candidate socialiste.

19h15- Arrivée de journalistes de LCP, qui déballent leur matériel haut de gamme et se tournent eux aussi vers l’organisateur du débat pour une série de questions. Bon, il est clair que je ne fais pas le poids. Je prends l’air le plus détaché possible, remballe mon calepin, et vais prendre place juste derrière les deux invités. Vous connaissez sûrement André Vallini. Mais si, souvenez-vous, c’est lui qui présidait l’enquête parlementaire sur l’affaire d’Outreau. C’est souvent lui qui s’occupe des questions juridiques au Parti Socialiste. Clémence Patureau, elle, est la présidente du GENEPI. Je vous aurais bien expliqué en quoi consiste cette association, mais elle le fait bien mieux que moi.

Les présentations faites, place au débat ! De ma position stratégique, je suis en mesure de filmer en toute discrétion –contrairement à d’autres– les différents intervenants. Heu, enfin presque, je crois que je me suis fait repérer là…

En fait de débat, je comprends rapidement qu’il s’agit plus de questions posées par une assistance profane à deux spécialistes des questions de politique carcérale. Certes, comme il s’agit d’un « débat participatif », il faut bien parfois que des membres du public donnent aussi leur avis. Certains interviennent donc, par exemple à propos du très controversé « encadrement à dimension militaire » qu’avait évoqué Ségolène Royal au cours de la campagne pour les primaires socialistes.: il y a qui se disent juste surpris, d’autres qui semblent inquiets, certains sont carrément alarmistes et d’autres proposent d’élargir le débat. Ah, enfin, un intervenant s’exprime sur le fond du sujet, fait des distinctions, prend des exemples concrets : je lève la tête, c’est Vallini. Bon, pour l’intelligence collective, on repassera, mieux vaut s’en tenir aux questions.

On questionne, donc. Les invités répondent. Avec clarté. Avec conviction. Chiffres à l’appui. On écoute, on acquiesce, l’air grave. Je prends des notes, le sujet est vaste, s’inspirer de ce qui marche ailleurs, l’exemple des Pays-Bas, le développement des alternatives à la détention provisoires, les bracelets électroniques, les travaux d’intérêt général, les arrêts domiciliaires, les centres de détention réservés aux mineurs,… Beaucoup plus de moyens, c’est sûr. Mais surtout, la volonté politique, dépasser les clivages droite-gauche, oser aller à contre courant de l’opinion publique…vaste programme !

20h50 Le débat touche à sa fin et vient le moment de la fameuse synthèse. Quelles pistes de réflexion nouvelles ont été dégagées, quelles solutions concrètes seront portées aux oreilles de la candidate ? J’écoute distraitement le porte parole du groupe Ségosphère nous expliquer doctement que ce débat montre bien à quel point la droite est responsable de la situation présente. Bon, malgré la présence des caméras, cette discussion n’aura guère d’impact sur la campagne présidentielle. Mais ce n’était peut-être pas là l’essentiel. Car c’est justement parce qu’il s’agit d’un problème où les solutions ne sont pas évidentes et immédiatement accessibles qu’il fallait en parler. Et en reparler. Une sorte de condition préalable à l’action. Mais une fois qu’on est prêt à s’engager me direz-vous, qu’est-ce qu’on fait ? Eh bien c’est là qu’intervient le club GENEPI de Sciences Po, pardi ! Vous en saurez plus très bientôt : à venir, l’interview d’un des responsables de cette association. Stay tuned.

6 Comments

  • democrate

    Bravo pour un article très vivant, un vrai film sans le film. Mais pourquoi pas refaire des debats participatifs?
    Pétition pour promouvoir des initiatives de democratie participative
    La démocratie participative recouvre des concepts permettant d’accroître
    l’implication et la participation des citoyens dans le débat public et
    la prise de décisions politiques qui s’en suit…
    http://www.democraties-participa...

  • bastien

    Le ton critique et impertinent de cet article, que je trouve intéressant, permet de mettre en lumière deux limites sur lesquelles peut butter un débat participatif à sciences-po (ce qui ne remet pas en cause la pertinence de cette démarche mais appelle au contraire à persévérer, d’où l’importance des regards extérieurs comme le tien manu).

    Le premier atavisme, plus général, c’est celui des élus intervenants : ils ont l’habitude de s’exprimer en public alors ils parlent souvent, plus qu’ils ne le devraient dans un débat participatif…

    Le deuxième atavisme concerne sciences-po : c’est le poids historique de la configuration magistrale de la "conférence". Habitués à poser des questions, les étudiants interrogent plus qu’ils ne font des propositions…

    Mais, ces deux biais qui apparaissent en filigrane de ton article n’ont rien retiré à l’intérêt du thème et du débat comme tu pouras en témoigner 😉

    Ils invitent à persévérer dans cette démarche qui présente de nombreux intérêts dont j’ai parlé dans mon introduction au débat… Les virulentes critiques dont ils ont fait parfois l’objet (certains les comparant à des réunions d’alcooliques anomymes) me laissent penser que certaines personnes auraient bien fait d’y faire un tour…

    Nous en organiserons d’autres, hors campagne, sur des problématiques plus locales…