CRIT 2019 : A la rencontre de la batuka parisienne

On n’entendait qu’eux dans le gymnase du CRIT ce matin, pendant l’héroïque victoire de l’équipe de Paris en handball face à Bordeaux.  Un temps concurrencée par une banda, la batuka a eu tôt fait de les réduire au silence, et de rejoindre l’équipe sur le terrain pour célébrer la victoire. Répondant à l’interview d’hier de la fanfare grenobloise, Tristan, membre de l’équipage musical préféré des Parisiens, au rendez-vous à chaque match des jaunes et noirs, a bien voulu répondre à nos questions.S’autodéfinissant elle-même comme « plus qu’une association, presque une secte » mais « ouverte », la batuka reconnaît volontiers sa dimension à part et unique, mais elle est heureuse de jouer avec les autres fanfares et bandas quand cela est possible. Surtout, elle a à cœur d’accueillir de nouvelles recrues chaque année parmi les étudiants de Paris, les musiciens progressant à mesure que les anciens apprennent aux nouveaux les morceaux.

Car jouer du tambour, ça ne se fait pas tout seul, même si cela peut paraître facile quand on observe les batuqueiros. Ces derniers se retrouvent tous les dimanches de 19 à 21h pour répéter (par respect pour leurs voisins, ils ont pris soin de réserver un studio), et participent à des shows tout au long de l’année. D’un répertoire assez minime en début d’année, ils diversifient progressivement leur registre pour obtenir une grande variété de rythmes différents (plus de deux donc !) accompagnés chacun de chorégraphies respectives et ponctués de grands cris.  Mais d’où vient cette idée farfelue d’une fanfare composée uniquement de percussions, et comment fonctionne-t-elle ? Il s’agit en fait d’une tradition brésilienne, celle des batucadas, ensembles de percussions rythmant le défilé des écoles de samba de Rio. Il y a 10 ans, de retour d’un voyage au Brésil, un étudiant en échange nommé Diego a décidé d’en créer un à Sciences Po. Ainsi naquit la batuka, qui a aujourd’hui bien grandi et comporte caixas (instrument qui ressemble à une caisse claire), surdos (le cousin des grosses caisses), chocas (cet instrument étrange que l’on secoue frénétiquement), tambourins et repinique (à Sciences Po c’est repinik, l’instrument qui dirige l’ensemble et lance les morceaux). Le tout est coordonné par le ou la mestre, chef d’orchestre survolté qui s’agite avec son sifflet, interrompant les morceaux avec des breaks et donnant le rythme.

Une chose est sûre, les deux noms qui composent le cri scandé entre chaque rythme « C’est la Batuka ! Sciences Po Paris ! » sont désormais indissociables dans l’esprit de tous les Criteux.

Adam Galametz