Conférence avec Thomas Gassilloud : le Parlement et la défense des liaisons stratégiques

Le 10 octobre 2023, l’association Sciences Po Défense et Stratégie a organisé une conférence intitulée « Le rôle du Parlement dans la politique de défense » et animée par Thomas Gassilloud, président de la commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale

Cette association étudiante est centrée sur les problématiques de sécurité et de défense au sens large. Elle organise des conférences avec des acteurs du monde sécuritaire et stratégique, qu’il s’agisse de parlementaires, de militaires ou de chercheurs, et publie également en ligne un suivi de l’actualité stratégique.

Le député de la 10ème circonscription du Rhône a partagé aux étudiants les grandes lignes de l’action d’évaluation et de contrôle menées par le Parlement dans le domaine de la défense. Cette question s’avère cruciale au vu de la conjoncture internationale. Thomas Gassilloud a d’abord évoqué le travail transpartisan, avec l’adoption d’amendements de différents groupes parlementaires, sur la loi de programmation militaire 2024-2030. Cette loi, promulguée le 1er août 2023, consacre 413 milliards d’euros de crédits alloués aux différentes composantes de la défense nationale et un objectif de 100 000 réservistes d’ici la fin de la décennie. Nous avons pu apprendre à cette occasion que les lois relatives à la défense furent parmi les premières à être adoptées par 49.3 sous la Cinquième République.

M. Gassilloud inscrit son travail en commission comme une « responsabilité de contrôle démocratique » sur des questions relevant majoritairement de l’exécutif, en particulier au Président de la République en tant que chef des armées et détenteur du feu nucléaire. La commission défense a recours aux moyens habituels d’évaluation et de contrôle (auditions, commissions d’enquête, rapports) en s’appuyant sur les différents acteurs impliqués dans la défense nationale (militaires, ministères, industries). Face aux enjeux de transparence, elle a récemment mené une audition publique sur l’exportation de matériel militaire, sujet controversé comme l’a montré l’interpellation d’Ariane Lavrilleux qui a enquêté sur un possible détournement par l’Egypte de l’aide apportée par les renseignements français. Des coopérations sont aussi instituées avec les parlements étrangers notamment au sein de l’assemblée parlementaire de l’OTAN.

Le député a insisté sur l’importance de développer les échanges entre militaires et civils afin d’aider à l’acquisition par chacun d’entre nous de ce qu’il nomme « la culture de défense » et qui passerait par une réflexion sur l’attractivité de l’armée en matière de recrutement. Interrogé sur la contrainte du secret défense, il a indiqué que ce dernier ne constituait pas un obstacle majeur pour les travaux de la commission. A noter que seuls les parlementaires membres de la délégation du renseignement disposent d’informations classifiées. Thomas Gassilloud n’a pas pu échapper à l’automne encore chaud pour l’armée française avec le retrait du Niger : la présence française en Afrique demeurera, selon lui, au vu des nombreux défis sécuritaires que le continent, en particulier le Sahel, aura à relever.

Cette conférence fut très enrichissante en levant le voile sur une thématique peu abordée sous l’angle parlementaire. Elle constitue une invitation à s’ouvrir aux enjeux de défense et de sécurité, ce qui est essentiel en tant que citoyen, car comme le disait Georges Clemenceau, « la guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires ».

Crédits photo : Sciences Po Défense et Stratégie