Loi Travail : le blocus à Sciences Po

Un article écrit avec Ulysse Bellier.

La décision a été prise hier mercredi 23 mars 2016, à l’occasion d’une nouvelle assemblée générale du mouvement contestataire « Sciences Po contre la Loi Travail ». Dès six heures ce matin, une cinquantaine d’étudiants ont bloqué l’accès aux deux bâtiments principaux de Sciences Po, au 27 rue Saint Guillaume et au 56 rue des Saints-Pères. Tous les cours qui devaient y être tenus ont été annulés.

© Ulysse Bellier

Une quinzaine de policiers ont été dépêchés pour assurer la sécurité de la manifestation. En milieu de matinée, deux des trois minibus de police sont partis, laissant moins de dix agents. Ils resteront en place jusqu’à 13:00.

L’administration de Sciences Po a, quant à elle, « émis des hypothèses sur la base desquelles les différents parties peuvent potentiellement discuter » à l’instar d’une liste des étudiants-manifestants qui pourrait être utilisée par le jury de fin d’année pour lever certaines défaillances. Cette proposition a été rejetée par les étudiants, par crainte « d’être listés ».

Ceux-ci réclamaient une dispense d’assiduité pour les journées de manifestation et pour la durée des AG. Cette demande est la même depuis lundi soir, début de l’occupation de l’amphithéâtre Caquot. L’administration a refusé car il s’agirait d’un « traitement inégalitaire ».  Les manifestants ont libéré cet amphithéâtre mercredi soir, avec de petites dégradations aux abords de l’amphi.

 

Une mobilisation relativement peu soutenue

Un tel blocage, une première à Sciences Po, est loin de faire l’unanimité parmi les étudiants. C’est ainsi que de nombreuses réactions plus ou moins hostiles ont été exprimées sur Twitter et Facebook, au travers du hashtag #OccupyScPo.

Le syndicat UNI-MET Sciences Po est même allé plus loin en déclarant que « Notre établissement ne doit pas céder aux méthodes violentes de groupuscules d’extrême gauche qui veulent importer à Sciences Po les violences récemment à Tolbiac et à Nanterre. »

© Ulysse Bellier

Séraphin Elie, secrétaire de section du PS Sciences Po juge « qu’ils ont changé le clivage. On est passé de pour ou contre la Loi Travail à pour ou contre le blocage de Sciences Po. Or, dans une école qui défend le débat, ils sont voués à l’échec. »

Du côté de l’UNEF Sciences Po, enfin, son président Josselin Marc précise : « Force est de constater que si une majorité écrasante d’étudiants est contre cette loi et cette même majorité ne se reconnaît pas necessairement dans ce mode de mobilisation à l’heure actuelle. La réussite de ce mouvement, le retrait de la loi travail, ne peut passer que par l’implication du plus grand nombre. Nous nous efforceront en conséquence de faire vivre le cadre de l’assemblée générale comme moyen d’expression et de décision de tous les étudiants »

Pour beaucoup la lisibilité et le bien fondé d’un tel blocage exaspèrent. Différentes revendications se confondent au sein de cet embryon contestataire : retrait de la loi, critique de certains enseignements à Sciences Po jugés « trop libéraux », des obligations d’assiduité en cours…

Vers 12:30, la cinquantaine de manifestants a majoritairement voté le départ à la manifestation, sous les applaudissements d’autant d’étudiants opposés au blocage. Alors qu’en début de matinée, les slogans « On ne lâchera pas » allaient bon train, vers 13:15 les poubelles, les pancartes et les affiches ont été retirés des grilles du 27 rue Saint Guillaume, par les manifestants eux-mêmes et d’autres étudiants opposés à ce blocage.