Qui est Bénédicte Durand, notre nouvelle Doyenne ?

Jean-Luc Pouthier, encore doyen l’an passé, lors de son discours à l’attention des nouveaux élèves, se définissait comme doyen « à la fois par l’expérience et par l’âge ». L’arrivée de Bénédicte Durand à la tête du Collège Universitaire de Sciences Po s’intègre pleinement dans une logique de diversification des profils de l’équipe dirigeante. A l’instar de Benoît Thieulin, qui prend la direction de l’Ecole de Communication, Bénédicte Durand n’a jamais enseigné à Sciences Po. Inspectrice générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche après avoir été Maître de Conférences des Universités, enseignante à Paris IV, passée par les cabinets de Gilles de Robien et de Valérie Pécresse à l’Education Nationale, Bénédicte Durand croise deux mondes qui se connaissent bien : la politique et l’enseignement. Entre ses nouvelles fonctions et responsabilités, sans oublier bien évidemment l’enseignement et la recherche, Bénédicte Durand entend transformer profondément notre Ecole. Portrait d’une femme aguerrie par l’âge et l’expérience, qui fait ses premiers pas parmi nous.

Du journalisme à l’enseignement, en passant par la politique

« Je me suis posée la question de faire Sciences Po », se souvient Bénédicte Durand alors que, jeune étudiante, cette dernière hésitait entre le métier d’enseignante et celui de journaliste. Après une classe préparatoire et une licence d’histoire-géographie, Madame Durand a finalement décidé de se tourner vers l’enseignement.

« Les stages ont été selon moi déterminants. J’ai fait un stage à la télévision, et un autre dans une classe de troisième, avant de prendre ma décision », se souvient-elle. Professeure agrégée, titulaire d’une thèse en géographie, Bénédicte Durand est par la suite devenue Maître de Conférences à Paris IV.

Un parcours classique, pourrait-on dire, jusqu’à ce que la politique n’intervienne. « Il y a 10 ans, on m’a proposé de rejoindre le cabinet de Gilles de Robiens pour m’occuper de la vie étudiante, et on m’a également confié le projet sensible de la loi Fillon, qui prévoyait l’intégration des IUFM (NDLR : Instituts universitaires de formation des maîtres) dans les universités. Un dossier technique que je devais suivre », explique-t-elle.

Cette loi Fillon, votée en avril 2005, a, entre autres, instauré les bourses au mérite. Une initiative ayant donné lieu à une contestation de plusieurs mois, entretenue principalement par les syndicats lycéens de gauche.

Un dossier technique certes, mais surtout politique. C’est sans doute cette première expérience qui lui a valu d’être recontactée en 2007 par l’équipe de Valérie Pécresse pour intégrer son cabinet, en la conseillant notamment sur les sciences humaines et sociales.

Bénédicte Durand se défend toutefois, à tort ou à raison, de tout engagement politique : “Mon engagement est plus technique que politique”. Avant d’ajouter : « Je n’ai pas d’engagement politique fort devant les électeurs et je n’envisage pas de le faire ».

Son choix est catégorique: « J’ai éprouvé dans ma vie professionnelle ce qu’est le sens du service publique pendant 6 ans, mais il y a 4 mois, j’ai choisi Sciences Po ».

« Enseigner, c’est mon identité »

Mais l’enseignement reste la vraie passion de Bénédicte Durand. En choisissant de se tourner vers une carrière d’enseignante plutôt que de journaliste, elle a pris « l’engagement majeur de (s)a vie ».

« Enseigner, c’est mon identité », ajoute-t-elle. « Ce que j’aime, ce sont les rencontres intellectuelles, les réflexions collectives. » Une identité qui semble ne s’être jamais perdue, même lorsque, membre des cabinets ministériels, elle continuait à dispenser ses cours.

Jusqu’à l’examen de la loi LRU, contre laquelle l’université Paris IV s’est largement mobilisée. « C’est à ce moment là que je me suis rendue compte que j’avais suffisamment pris part à la politique. J’ai donc repris mes fonctions d’enseignante à temps plein. »

Poussée par le désir d’enseigner, mais également par celui d’apprendre, Madame Durand n’hésite pas à reconnaître qu’elle doit beaucoup à ses élèves. « Sur le plan intellectuel, tous mes étudiants m’ont fait progresser ».

Former ses élèves certes, mais également accepter d’apprendre d’eux explique-t-elle. Osant même la comparaison: « Un enseignant, c’est l’inverse d’un athlète: il se perfectionne avec l’âge ».

Si le métier d’enseignante semble passionner Bénédicte Durand, la politique, bien qu’ayant été pour elle une expérience enrichissante, ne semble pas la séduire outre-mesure. Ainsi, si le travail en équipe et l’ambiance collective qui règnent dans un cabinet ministériel semblent l’avoir marquée, elle a aujourd’hui tourné la page.

Nouvelles fonctions, nouveaux défis

Quand on lui demande ce qu’ « être doyen » signifie, Bénédicte Durand répond, sourire aux lèvres : « avoir l’âge pour assumer des fonctions de responsabilités ».

« Je n’avais aucun regard ni aucune expérience de Sciences Po. Je connaissais bien l’établissement vu depuis le Ministère. Mais je n’y avais jamais enseigné. J’y arrive donc avec un regard neuf et sans préjugés. C’est ce que Frédéric Mion attendait. »

Si l’expérience semble avoir été déterminante, on peut également souligner que c’est une génération de jeunes femmes impliquées et dynamiques, à l’instar de Cornelia Woll, qui arrive à la tête des postes régaliens de notre École.

Nouvelle, Madame Durand prend ses marques. « Je suis dans une situation de diagnostic et de compréhension ». Ses premières impressions à Sciences Po ? « J’arrive dans un très bel établissement avec des étudiants remarquables ».

Des challenges de taille attendent Bénédicte Durand : le transfert à Reims d’une partie du Collège Universitaire, la réforme du concours d’entrée, ou encore l’organisation des enseignements… Autant de sujets qui solliciteront ses compétences acquises en pilotant des politiques publiques au sein du Ministère de l’Education Nationale.

“Je suis là pour que les étudiants puissent compter sur moi” conclue-t-elle. Promesse d’enseignante ou parole de femme politique ?

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