La Péniche du Love #1 [Courrier du Cœur pour matelot.e.s en mal d’amour]

Face aux déboires sentimentaux de générations entières de sciencepistes, face aux innombrables tracas créés par des fléaux comme la 3A à l’étranger ou l’indéniable gouffre de maturité qui sépare un 2A d’un 4A, la Péniche a décidé de s’emparer de ce problème brûlant pour y apporter ses réponses éclairées. Voici donc son formidable quatuor de docteurs du love, constitué de l’Amiral Wisdom, Lady Disquettes, The Lion Queen et enfin Barbe Rose.

Tu es fasciné.e par la sagesse des réponses de nos docteurs et doctoresses de l’amour ? Tu aimerais, toi aussi, te voir conseillé.e, consolé.e, guidé.e ? N’hésite plus et remplis donc ce fabuleux formulaire anonyme, nos experts se dépêcheront de répondre à tes tracas.

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Place désormais au premier round de questions :

Bonsoir, Je suis follement amoureux d’une impératrice bavaroise décédée il y a 120 ans. Que faire?

Cher lecteur ou chère lectrice,

Comment pourrais-je me permettre de te donner un conseil alors que je souffre, en vérité, du même problème que toi… ? Tu vois, toi (je me permets de te tutoyer car nous sommes en fraternité d’âme), toi donc, c’est Sissi, et moi c’est Nara Leâo, la plus fantastique et gracieuse chanteuse de Bossa Nova de l’histoire, emportée à même pas 50 ans par une tumeur au cerveau, deux ans avant ma naissance

D’une certaine manière, je suis un peu plus chanceux que toi puisque Nara, contrairement à ton Élisabeth de Wittelsbach, a suffisamment été enregistrée et filmée pour que je puisse entendre sa voix, voir ses gestes, déceler ses mimiques, m’amouracher du moindre détail de son être charmant, bref me sentir comme en sa présence : ainsi je ne sais pas si mon vade mecum sera applicable dans ton cas.

Ce que je fais, c’est que j’attends les saisons intermédiaires, l’automne et le printemps, le moment où mon âme et mon corps incertains sont les plus sujets aux tempêtes de la passion noble, et quand je suis dans l’état de fébrilité sentimentale maximum je remue frénétiquement le couteau dans la plaie en me shootant, littéralement comme un crackhead, à Nara. Je bombarde, bombarde, bombarde mon cœur en charpie avec l’image de Nara, le corps de Nara, la voix, sa vie, sa douceur que je ne connaîtrai jamais, jusqu’à atteindre un niveau de sensibilité émotionnelle terminal. Et tout l’enjeu est là.

Je peux t’assurer que si tu suis ce douloureux chemin exquis, tu seras dans les conditions optimales pour que cette montagne d’amour que tu portes en toi vienne se décharger sur une personne vivante digne, goutte non-morte de chair fabuleuse qui fera déborder, jaillir, ce chaos liquide de sentiments, comprimé dans tes ventricules volcaniques.

Tu m’en diras des nouvelles.

Amiral Wisdom

En prenant le chemin de mon cours du lundi, j’ai croisé la route d’un bel inconnu. Dans ma hâte, je l’ai bousculé, et alors que je levais les yeux pour m’excuser copieusement, je fus frappée par sa beauté envoûtante et ses traits fins, son visage séduisant. Ne pouvant contenir mon enthousiasme et mon admiration, je m’exclamai à haute voix : « WOW ! ». Impressionnée par sa taille et sa grâce, et intimidée par son aînesse, je fus gênée d’avoir été si expressive. Dans un élan de courage comme je n’en ai jamais, je m’apprêtais à l’approcher, quand un ami vint soudainement m’arracher à mes fantasmes pour me parler de son exposé. Ouvertement désintéressée, je tentais de surveiller du coin de l’œil mon bel Adonis, qui faisait mine de vouloir partir alors que j’étais toujours prisonnière de la tirade sur le parlementarisme britannique du XVIIIe siècle. Pourtant, mes tracas ne faisaient que commencer, car je vis soudain, avec désarroi et impuissance, le petit ami de mon bel inconnu le rejoindre et l’enlacer devant moi.

Chère lectrice,

C’est bien triste, mais que veux-tu, ainsi va la vie, certains préfèrent le gâteau au chocolat et d’autres la tarte à la citrouille. Bienvenue dans la friendzone, tu verras, on y est bien. Je te comprends bien : tu es folle de lui, c’est un garçon pas comme les autres, mais toi tu l’aimes, c’est pas de ta faute, même si tu sais qu’il ne t’aimera jamais. Tu n’as malheureusement pas beaucoup de solutions envisageables. Tu peux toujours tenter de lui dire “viens prendre un café”, pour pour que vous racontiez vos vies, pour que vous riez, pleuriez, avant de lui livrer un long discours humaniste ponctué de phrases du style “tu sais, je pense qu’au fond, quand on tombe amoureux, c’est avant tout d’une personne et pas d’un sexe”, mais tes chances de succès gravitent autour du 3%. Oui, tu sais, il aime les garçons et tu devrais te faire une raison, essayer de l’oublier, mais c’est loin d’être évident. Et si la douleur est trop forte, dis-toi au moins que tu vis un drame digne des plus grandes tragédies grecques, qui, avec un peu de chance, t’inspirera un roman, un poème, une chanson, ou même, soyons fous, une comédie musicale.

The Lion Queen

[The Lion Queen invite celles et ceux qui n’auraient pas saisi la ref à chercher « Ziggy » sur Google. Et à savourer.]

Je suis en crush sur une personne, mais, en plus de ne pas savoir l’aborder, j’ai peur de tenter quelque chose sachant qu’au bout d’un an il y a la troisième année à l’étranger et que nous ne sommes pas dans la même année d’études. Que dire à ceux aussi qui sont déjà en couple et menacés par la 3A ?

En matière d’abordage, suis mes conseils, il n’y a rien de plus simple – et en matière d’abordage, crois-moi, nous nous y connaissons, à La Péniche. Sachant que ma propre vie amoureuse ressemble à une série Netflix, je te conseille de prendre exemple sur moi, et de faire de ta vie une série : une rencontre inopinée pour un abordage en douceur, comme par exemple un rentre dedans innocent, pour faire tomber ce qu’il ou elle tient dans ses mains, et inviter l’élu.e de ton cœur à prendre un café pour te faire pardonner (mais n’oublie pas de la jouer naturel pour ne pas tout faire saborder). Pour ce qui est de la 3A, assure toi juste que vous ayez les mêmes attentes, à toi de voir si tu veux être une personne de passage dans sa vie, un quelqu’un parmi tant d’autres le temps que la 3A arrive, ou si tu veux voir au-delà… Et si l’engagement ponctuel et les dates de péremption ne te font pas peur, ou bien si tu crois au grand amour et que la distance ne fait pas tout, alors fonce et fais nous rêver !

Lady Disquettes

Quel est le meilleur endroit pour s’embrasser (et plus si affinités) à Sciences Po ?

Cher lecteur ou chère lectrice,

SciencesPo regorge d’endroits aussi beaux que romantiques pour vous abandonner aux plaisirs infinis de la chair. Aussi, voici une liste non exhaustive qui vous permettra de découvrir les recoins de notre belle institution.

  • Le balcon de l’amphi Leroy Beaulieu : une vue imprenable sur le jardin et sur les toits parisiens pour une séance de chope aussi romantique qu’originale ;
  • Les toilettes du 7e palier, entre l’amphi Leroy Beaulieu et Chapsal, idéal pour se retrouver en toute intimité ;
  • Le jardin du 27, le classique incontournable pour avoir la bénédiction des pères fondateurs, et aussi de Frédéric Mion si l’envie lui prenait de regarder par la fenêtre ;
  • Le bâtiment H du 28, rue des Saints-Pères : idéal pour organiser un escape game, ne jamais être trouvés et rester coincé avec votre moitié pour l’éternité ;
  • La Péniche, pour bien vous faire voir de tout le monde et vomir votre bonheur sur les rageux.ses.

En espérant que mes conseils te furent utiles, jeune personne en quête d’intimité, n’oublie jamais : Sciences Po reste à jamais l’endroit privilégié de la reproduction des élites. Rien à ajouter.

Barbe Rose

Sur ce, à très vite pour de nouveaux dilemmes amoureux, avec toujours plus de réponses avisées de notre formidable quatuor !