Une Silicon Valley à Sciences Po ? Visite de l’incubateur sciencespiste
Service public. Politique. Economie. Culture générale. Oui, quand on entend « Sciences Po », ce sont les éléments qui viennent les plus fréquemment à l’esprit. Pourtant, au cours des années, Sciences Po a su se diversifier. Formant des étudiants aux professions de l’entreprise, on y trouve en outre depuis peu un programme d’accompagnement à l’entrepreneuriat. Et même, depuis 2008, un incubateur. Alors Sciences Po suivrait-il les pas des Grandes Écoles de commerce et des écoles d’ingénieurs ? Ambition entreprendre, découvrez les talents cachés de cette école, qui se sont laissés tenter par l’entrepreneuriat .
Ils ont entre vingt et trente ans, ils sont diplômés de Sciences Po ou en cours de fin de cycle. Ils ont commencé, comme nous tous, par suivre des cours dans l’amphithéâtre Boutmy, par chercher des places à la bibliothèque et par vagabonder sur lapeniche.net. Mais ils ont un point commun : un jour, ils ont eu une idée innovante. Si je vous dis Blackbird ? Vous pensez tout de suite à Marjolaine Grondin, cette jeune fille pétillante et dynamique, en double diplôme avec HEC Paris. Elle a suivi ses intuitions et s’est lancée à la conquête du web, en créant un réseau social novateur pour les étudiants des universités du monde entier. Et si je vous dit Lingocracy, Monkey Tie, Shippeo ou encore Manicult ? Vous ne les connaissez pas encore, mais cela ne saurait tarder : ils font partie des dix projets incubés par Sciences Po, dans les locaux de la rue de Grenelle.
Mais un incubateur, c’est quoi au juste ?
Un incubateur, c’est avant tout des facilités matérielles et logistiques pour créer son entreprise, puisqu’y entrer offre la possibilité de disposer d’un bureau et d’espaces qui permettent d’accueillir une équipe. Il y a, bien sûr, en prime, un accès à Internet et à la téléphonie. Mais c’est aussi bénéficier du soutien d’avocats, de comptables et de consultants qui vont aider les projets à se développer, et répondre aux questions pointues qui peuvent se poser. L’incubateur de Sciences Po, dirigé par Maxime Marzin, permet aux start-up en pleine ébullition de disposer de tous ces avantages pendant un an, et propose dix places. Ainsi, tous les six mois, jusqu’à cinq projets sont sélectionnés par le jury d’entrée. Pour participer, la seule condition requise est d’avoir suivi quelques éléments du parcours de Sciences Po Entrepreneurs, à savoir le cours d’initiation à l’entrepreneuriat, puis l’atelier des start-up, ainsi que le cours de business plan, que les étudiants de master peuvent suivre en option.
Sciences Po, un terrain propice aux idées
Mais pourquoi avoir attendu 2008 ? La raison est simple : depuis quelques années, l’encouragement à la création d’entreprise est dans l’esprit du temps. C’est ce qui a poussé l’administration de Sciences Po à réfléchir à un dispositif concret qui permettrait d’aider les étudiants créatifs à mener à bien leurs projets. Et, détrompez-vous, si vous pensez que les sciencepistes n’ont pas des profils de créateurs d’entreprises. Au contraire, les spécificités de la formation de Sciences Po permettent un autre regard sur le processus d’innovation. D’après Maxime Marzin, c’est même une manière de prolonger le projet éducatif de Sciences Po. « Les étudiants de Sciences Po sont particulièrement intéressants, car leur formation les ouvre à beaucoup de sujets différents, et ils sont capables de les cristalliser pour en faire des idées d’entreprises. » nous a-t-il confié. L’autre avantage, c’est que Sciences Po dispose d’un réseau extrêmement fort et très étendu, qui permet d’aider les jeunes entrepreneurs. D’ailleurs, Maxime Marzin a remarqué que, depuis quelques temps, la demande augmentait pour être incubé à Sciences Po. Et il en est fier, puisque aujourd’hui, dans la région Ile-de-France, 350 CDI ou CDD sont créés par des start-up de Sciences Po. En période de crise, cette création d’emplois est une fierté de l’administration.
L’incubateur : un avantage de taille pour faciliter les démarches juridiques et la recherche de financement
Si l’incubateur apparait incontournable pour les sciencepistes ayant la fibre entrepreneuriale, c’est parce qu’il permet de simplifier toutes les démarches nécessaires à la création d’une start-up. Thomas Ohlund est étudiant en master Marketing&Études. Il a déjà fondé KicKShot, une plateforme qui propose des vidéos de brand content pour des start-up. Mais il est en train de monter une vraie start-up dont la plateforme sera lancée très bientôt. Activement à la recherche de financements, il admet rencontrer en plus des difficultés avec les statuts juridiques. C’est pour cela qu’il tentera prochainement d’intégrer l’incubateur de Sciences Po. En effet, cela lui permettrait d’obtenir de l’aide et de pouvoir se consacrer pleinement à la question du financement, en bénéficiant du réseau qui pourrait le mettre en contact avec de potentiels investisseurs. L’incubateur permet ainsi d’alléger les difficiles tâches des jeunes entrepreneurs. Et malgré le peu de places disponibles (seulement 10) et le taux d’échec élevé (depuis 2008, seules un tiers des start-up incubées à Sciences Po sont viables aujourd’hui), Thomas présentera son projet devant le jury pour les prochaines sélections.
Un environnement favorable… Pour les start-up féminines !
Après Blackbird, qui a été créé par une jeune étudiante, cette année parmi les dix projets incubés à Sciences Po figure une équipe… entièrement composée de filles. Virginie et Maxime, sont les fondatrices de Manicult, incubée depuis septembre. Cette start-up s’adresse aux salariées, pour qui le travail n’est pas une excuse pour oublier leur féminité, puisque Manicult leur propose manucures et pose de vernis. Au départ, Maxime était seule : « Je travaillais en banque d’affaire, mes horaires étaient abominables, je n’avais pas du tout le temps d’être féminine. C’est un peu comme ça que l’idée m’est venue. A New-York, un système similaire existait, et fonctionnait assez bien. » Elle a donc passé une annonce, sur Facebook. Et c’est aussi simplement que cela qu’elle a rencontré sa collaboratrice, et que le projet a démarré ! Elles apprécient vraiment l’aide qui leur est fournie par l’incubateur. Tout d’abord, pour les locaux, pour le réseau très riche et l’encadrement, et puis pour l’ambiance qui y règne, car « c’est agréable d’être avec d’autres start-up ! ».
L’incubateur est récent et a demandé beaucoup d’investissements. Malgré les avantages qu’il apporte à Science Po, ce n’est pas un axe sur lequel l’administration communique beaucoup. En effet, la vocation première de l’école semble plutôt éloignée du monde des start-up. Il ne s’agit pas de concurrencer HEC ou l’ESSEC, ni les écoles d’ingénieurs, et cela ne serait pas possible puisque les structures dédiées à l’entrepreneuriat y sont bien plus développées qu’à Sciences Po. Pourtant, l’incubateur est là pour accueillir les idées des foisonnants esprits sciencepistes : alors, qu’attendez-vous pour vous lancer ?
One Comment
Arnaud
L’incubateur de Sciences Po est pitoyable. J’ai cherché avec mes associés à obtenir leur aide, après plusieurs mails infructueux je suis passé voir Mr Marzin directement à l’incubateur qui m’a envoyé paître en me disant de le contacter par mail. Au final, j’ai du attendre 3 mois pour obtenir une réponse. Dégouté, je me suis tourné vers l’incubateur The Family, qui nous a répondu en…3 minutes!
Une belle bande d’incompétents payés avec nos frais de scolarité