Les Républicains Sciences Po : « Comment survivre aux primaires ouvertes »

La Péniche donne la parole aux syndicats étudiants et aux sections des partis politiques souhaitant publier un texte ou une tribune, dans notre rubrique « Tribunes ». La position des auteurs de ces tribunes n’engage pas la rédaction de La Péniche. 

 

Malgré leurs nombreuses vertus, les primaires ouvertes de la droite et du centre constituent un risque indéniable pour le parti « Les Républicains ». Ce dernier court le risque d’être déserté de ses forces vives et éclaté entre sarkozystes, juppéistes, lemairistes, fillonistes etc… A Sciences Po, l’équipe dirigeante s’emploie à protéger la section de ce risque en se mettant au service de tous les candidats.

© Les Républicains Sciences Po

 

Une tradition d’ouverture à toutes les sensibilités

La droite sciencespiste a toujours pris soin de se tenir à distance des querelles internes depuis la guerre Copé-Fillon de novembre 2012, en ne soutenant aucune des parties et en accueillant tous les étudiants, sans distinction de leur préférence. Cette stratégie a été payante : dès septembre 2013, l’UMP Sciences Po emmenée par Nicolas Thomas devenait la première force politique reconnue par les étudiants, et était reçue par Nicolas Sarkozy alors en pleine retraite.

Dès 2014, Charles-Henri Alloncle et son équipe ont entamé la transformation de l’UMP Sciences Po en une porte d’entrée vers les réseaux des grandes personnalités de droite. Des groupes de travail ont été créés pour des personnalités aussi diverses que Laurent Wauquiez, Nathalie Kosciusko-Morizet, Hervé Mariton, ou Frédéric Lefebvre.

Des conférences ont été organisées pour promouvoir les différentes lignes du parti, de Madeleine Bazin de Jessey à Benoist Apparu, d’Henri Guaino à Alain Juppé.

Cette tradition, qui a permis aux Républicains de Sciences Po (ex-UMP Sciences Po) de devenir la section étudiante la plus en vue au sein du parti et de bénéficier d’un fort rayonnement médiatique, a vocation à être formalisée en vue des primaires.

 

Objectif : demeurer la force rassemblant toutes les sensibilités de droite et du centre

Le pire scénario serait, à l’occasion des primaires ouvertes, la création de sections juppéiste, sarkozyste, lemairiste, filloniste etc, chacune courant après la reconnaissance, les tables en Péniche, organisant des évènements sans coordination et s’écharpant sur les réseaux sociaux. Cet éparpillement persisterait immanquablement après novembre 2016, ferait fuir les étudiants et affaiblirait la dynamique des présidentielles au sein de l’IEP.

Les objectifs vitaux pour 2016 et 2017 seront de conserver cette position de point d’ancrage unique de la droite et du centre sciencespiste, préserver de bonnes relations avec l’UDI, et d’éviter à tout prix la multiplication de structures, à l’image de la gauche éparpillée entre le PS, le MJS, Nouvelle Donne, Ecolo Sciences Po, le Front de Gauche, les Etudiants communistes etc…

 

Le moyen au service de ces objectifs : une section neutre, des militants libres 

L’ambition d’accueillir les étudiants de toutes les sensibilités de la droite et du centre interdit à la section de soutenir officiellement et dans les actes un candidat ou une ligne. Il n’est pas question d’interdire tout débat interne, il est seulement question de le réguler pour qu’il demeure courtois et constructif.

Parvenir à faire des Républicains de Sciences Po un outil au service de tous les candidats et un espace de débat serein impliquera un double effort.

Premièrement, les responsables de la section actuels et futurs auront un effort à faire : celui de ne jamais engager la section dans leurs engagements personnels, afin de préserver l’attractivité de la section aux yeux des différentes personnalités. La section ne doit pas être étiquetée « sarkozyste », »juppéiste », « lemairiste », « filloniste »… Elle n’est rien de cela et elle tout cela à la fois, et bien plus. De fait, au sein des militants, aucune tendance n’est clairement majoritaire, et c’est le devoir des responsables que de protéger ce sain pluralisme. Dès lors les responsables devront assurer le pluralisme dans les invités, et permettre aux militants d’organiser des évènements ponctuels de soutien pour leur candidat.

Secondement, il y aura un effort à faire du côté des militants : chacun devra accepter de s’exposer à la contradiction apportée par les autres et faire l’effort de participer à des évènements organisés autour d’une personnalité autre que son candidat. Chacun devra comprendre que les responsables fassent primer la promotion des évènements de la section sur les évènements de soutien à un candidat.

 

L’ambition des Républicains de Sciences Po : devenir un exemple

La situation est inédite, la droite n’ayant jamais organisé de primaires ouvertes auparavant. Ce modèle « Sciences Po » se construit jour après jour, pas par des professionnels mais par des étudiants bénévoles, avec ce que cela implique d’hésitations et de couacs.

Cette précarité impliquera, pour que les objectifs soient atteints, que la confiance et la souplesse prennent le pas sur la défiance et la rigidité, tant entre responsables et militants qu’entre responsables et entre militants.

Si nous parvenons à tout cela, nous prouverons que les jeunes engagés en politique peuvent avoir une réelle valeur ajoutée pour leur parti, et avoir un temps d’avance sur leurs aînés. Nous démontrerons que la droite française est enfin mûre pour la démocratie interne. Nous permettrons à notre section de préserver voire d’accroître son attractivité au sein de Sciences Po et, in fine, de convaincre une majorité d’étudiants de voter pour le candidat vainqueur des primaires de l’alternance. Pour la qualité du débat public, ça vaut le coup d’essayer…