Série des Dédicaces (3/4): Pierre Stasse
À l’occasion de la Journées Dédicaces, organisée par le Bureau des Arts le 4 décembre prochain, le Magazine de LaPéniche vous fait découvrir quatre auteurs qui se prêteront au jeu des signatures et autres petits mots d’amour. Troisième étape: Pierre Stasse, issu de Sciences Po, auteur de « Les Restes de Jean-Jacques ». Bonne lecture.
« Les restes de Jean-Jacques » ? Rien à voir avec un essai sur l’héritage de la pensée rousseauiste – n’en déplaise aux acharnés de science politique ! C’est le titre du premier roman d’un jeune auteur, Pierre Stasse qui foulait le sol de notre cher 27 il y a encore 3 ans de cela, et qui reviendra faire un tour en Péniche à l’occasion de la 63ème Journée de Dédicaces.
LaPéniche a voulu en savoir un peu plus sur cet ancien de SciencesPo, au parcours bien rempli ! Après un premier cycle à Paris, dont une année dans la célèbre université canadienne McGill, Pierre entre en master droit économique en partenariat avec Paris I où il poursuit ensuite un DEA. Puis il passe avec succès l’examen du barreau, sa rentrée dans la prestigieuse école étant prévue pour janvier 2012. S’il « rêve » bien sûr de pouvoir vivre de sa passion, il ne peut faire taire « le compte à rebours de l’entrée dans la vie professionnelle » et envisage sans appréhension un éventuel avenir en tant qu’avocat.
La publication de son nouveau roman, nous avoue-t-il, c’est avant tout un mélange subtil de hasard et de chance. Au cours de sa 4ème année à Sciences Po, il participe au concours d’écriture organisé dans le cadre de la Journée des Dédicaces, sa nouvelle est récompensée et publiée dans LeMonde2 en avril 2007. C’est à cette occasion qu’il est repéré par un membre du jury: Guillaume Robert, éditeur chez Flammarion. Il travaille avec lui sur un premier manuscrit pendant un an avant de prendre la difficile décision d’abandonner le texte. Pierre a alors le sentiment qu’il a encore quelque chose à écrire et se remet au travail. Ce deuxième manuscrit, accepté en quelques jours par l’éditeur, est publié à l’été 2009. S’il a bénéficié d’un « préjugé très favorable », notamment grâce à la publication de sa nouvelle, Pierre fait figure d’ « ovni » dans le « monde tentaculaire de l’édition » où il est très dur de se faire repérer.
Les restes de Jean-Jacques est de ces romans « qui ne peuvent se résumer en une phrase ». Le lecteur suit le narrateur Paul Léonard, au fil de ses rencontres et de ses péripéties. Pour imaginer ses personnages, Pierre n’a pas été puisé l’inspiration parmi les gens de son entourage, il nous confie que c’est principalement dans « ses rêves » qu’il construit ses protagonistes, les confrontant aux situations et aux problèmes dont il a envie de parler. En effet, ce sont ces problèmes et situations qui constituent les ressorts même de ce roman qui parle de violence et d’amour. D’amour familial car, comme le dit l’auteur, « c’est une histoire d’amour à six », le rapport au père étant une des clés de cette histoire. Mais avant tout un livre sur la violence, qui traite du rapport à la mort, de la question de la tolérance vis-à-vis du différent – et en particulier de la tolérance face à l’homosexualité, et de la violence qui est au cœur de notre société. Des thèmes qui sont chers au jeune auteur, auxquels il ne peut échapper, « auxquels il pense même quand il n’écrit pas ». Ainsi, sous le couvert d’un ton léger et de dialogues rythmés, Les restes de Jean-Jacques aborde des thèmes sérieux qui prouvent qu’à « 20 ans on peut avoir un message ».
Ce premier roman a été bien accueilli par la presse, et avec un peu de recul, Pierre Stasse estime avoir rempli un objectif crucial: pouvoir écrire un « deuxième roman en toute liberté ». Et c’est donc au cours d’une année « rafraichissante » que Pierre a pris le temps de voyager, Buenos Aires, Copenhague, Istanbul, Berlin… mais aussi le temps d’écrire ! Il est évident que les pays visités ont fortement inspirés l’auteur pour ce deuxième ouvrage, mais « plus dans ce qu’ il a pu voir que dans ce qu’ il a pu vivre ». Si « le deuxième roman ne ressemble absolument pas au premier » en termes de style, certains des thèmes forts reviennent, notamment le rapport à la violence, dans cette nouvelle histoire « très ancrée dans le réel » qui se déroule « en grande partie à Buenos Aires ».
Son retour à la Journée des Dédicaces de l’autre côté des tables, « c’est un vrai plaisir ! » Avant tout reconnaissant au BdA de lui permettre de participer à l’événement, Pierre est assez déçu de ne pas pouvoir nous faire profiter de son deuxième roman qui sortira en librairie le 5 janvier (consolez-vous, La Péniche vous offre la couverture de Hôtel Argentina en guise d’amuse-bouche !). Avis à toutes les fines plumes qui se cachent en Boutmy, en plus d’un joli graffiti sur votre nouveau livre de chevet, c’est également une chance de pouvoir partager l’expérience d’un jeune auteur !