Rencontre avec Antoine Catala, responsable du pole accueil et logistique
Ils sont beaux, ils sont dispos, ils sont sympas (quand on ne les embête pas): vous avez deviné, ce sont les appariteurs, partie intégrante du quotidien de chacun à Sciences Po. Pour en savoir plus sur cette fonction finalement assez méconnue, LaPéniche.net a rencontré Antoine Catala, responsable du pôle accueil et logistique, dans son bureau toujours en pleine effervescence.
LaPéniche.net : Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
A. Catala : Je suis arrivé à Sciences Po en mars 2005 – j’étais l’un des plus jeunes de la maison : certains sont là depuis 1975 ! J’ai d’abord été simple appariteur (accueil, logistique, sécurité, courrier), puis appariteur-coursier, appariteur-coursier-chauffeur, puis promu responsable. Aujourd’hui je dirige une équipe de 40 personnes. Le cercle des appariteurs est un service très hétéroclite : ils sont d’origines très différentes, avec des parcours parfois atypiques. Par ailleurs, le service – exclusivement masculin depuis sa création – s’est récemment féminisé selon la volonté de la direction, avec l’arrivée de quatre apparitrices. Enfin, le service est maintenant divisé en plusieurs pôles (accueil, courrier, restauration…) ce qui permet une meilleure spécialisation, donc de l’efficacité. A mon arrivée, chacun devait être polyvalent.
LaPéniche.net : Quelles sont vos missions au quotidien ?
A. Catala : Une phrase pourrait vous donner une idée de l’ampleur de la tâche : faire vivre la maison Sciences Po au quotidien, en assistant les salariés et les étudiants. En fait, les appariteurs font le lien entre deux mondes, celui de l’administration et celui des étudiants, un rôle qui est bien souvent source d’incompréhensions et de tensions mutuelles. Pour les salariés, les appariteurs sont en charge de toute la logistique et de la manutention : transport de mobilier, de copies, de cartons… Ils gèrent aussi tout le courrier (en interne et pour les courses dans Paris), la restauration (déjeuners et diners de la direction), le transport de la direction, etc. Pour les étudiants, la tâche la plus visible est bien sûr l’accueil qui concerne 26 personnes, sur les différents sites parisiens de Sciences Po. Ce poste clé vient en support de la scolarité. Il s’agit d’orienter, renseigner, transmettre les informations, gérer la logistique des examens et des galops, traiter les situations d’urgence, les malaises… Enfin et surtout, les appariteurs sont les garants de la sécurité. Ils doivent gérer les flux du public et sont chargés de l’ouverture et de la fermeture des locaux.
LaPéniche.net : Quelles sont vos projets ?
A. Catala : Le travail des appariteurs, très « front office » est un travail qui peut se révéler ingrat et difficile. En effet, les appariteurs sont en première ligne, ils doivent faire face aux frustrations de chacun et souvent, ils ne sont pas en mesure de répondre à toutes les attentes. Par exemple, très peu d’appariteurs parlent anglais alors que le nombre d’étudiants internationaux a explosé au cours des dernières années. En outre, le service a été profondément bouleversé et rationalisé, avec la mise en place de nouvelles méthodes de travail, la constitution de pôles, des changements de planning, la généralisation de l’informatique, etc. De quoi révolutionner un service qui était resté très traditionnel. L’objectif premier est de pacifier les relations : pour cela, nous souhaiterions revaloriser le travail des appariteurs. Cela passe notamment par la formation, domaine dans lequel Sciences Po investi fortement : pour le handicap, l’accueil, l’informatique… Les appariteurs vont ainsi être formés pendant deux jours à la gestion du stress et des conflits, ce qui est une grande nouveauté. Confrontés à des situations génératrices de tensions, telle que la fermeture des locaux le soir, un moment de forte tension après l’accumulation de stress pendant la journée, les appariteurs étaient jusque là livrés à eux-mêmes…
LaPéniche.net : Et pour conclure, qu’est ce qui vous fait lever le matin ?
A. Catala : Le sens du devoir ! (rires) Sérieusement, c’est assez difficile de gérer 40 personnes, mais néanmoins stimulant et constructif. Je ressens de plus en plus de plaisir à travailler, grâce à tous les projets Informatique, Accueil… pour que les membres de mon équipe se sentent bien dans leur travail et leur cadre de vie. Certains reçoivent toute la frustration des élèves et des salariés, et en tirent une certaine amertume… mon travail est de trouver des moyens de maintenir leur motivation. Quand tout sera restructuré, la communication se fera plus facilement, et sans doute l’ambiance sera bien plus agréable. Du moins, c’est ce que je m’emploie à faire !
Interview réalisée par Hélène A. et Benoit Z.
6 Comments
LaPéniche.net
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Carou
Cher Tonio,
Les appariteurs qui sont présent depuis 1975, que doivent ils faire pour évoluer aussi vite que toi ?
Pour la féminisation du service, le regrettes-tu ?
Concernant la formation, tu as bien raison, mais tu as oublié la formation secouriste et des extincteurs, pour les responsables qui ne savent pas arrêter une alarme incendie.
Qu’entends tu par « ils sont d’origines très différentes » ?
Nous espèrons te voir plus souvent sur le terrain après ta prochaine promotion.
Bon courage.
P.A
Des appariteurs masculins antipathiques, c’est une tradition scienpiste qu’il faut conserver.
Benoit
@Anna
à l’origine, les appariteurs devaient être polyvalent: logistique, manutention, etc. c’était assez physique et le recrutement s’est donc tourné exclusivement vers des hommes. Le service n’a été réformé que très récemment: peu de choses avaient changé depuis sa création il y a plusieurs décennies… Désormais, les rôles sont plus spécifiques, avec la mise en place de différents pôles, dont un pôle accueil.
Certes, 4 femmes, c’est très peu. mais il faut imaginer le bouleversement que représente leur arrivée dans un service assez conservateur, masculin: ce n’est qu’un début et la parité ne peut pas se faire du jour au lendemain… Mais bon, il était temps de se saisir du problème!
Anna
Pourquoi un service presque exclusivement masculin? féminiser…4 femmes sur 40 appariteurs… leurs prérogatives n’ont pourtant rien d’en apparence plus appropriées à des hommes qu’à des femmes.
Joana
Intéressant cette interview !