Quand le cinéma parade à Sciences Po
Il y avait une Semaine des Arts pleine de musique et de mouvement, une Journée Dédicaces consacrée comme son nom l’indiquerait presque à la littérature en tout genre, et même un festival de théâtre (Rideau Rouge); mais il n’y avait jamais rien eu sur le cinéma. L’erreur est aujourd’hui réparée grâce à dix étudiants tous issus de Masters différents (Affaires Publiques, Affaires Internationales, Marketing…) qui, dans le cadre d’un projet collectif, se sont penchés sur la création d’une Semaine du Cinéma, calquée sur la Semaine des Arts, et appelée de leurs vœux à devenir une véritable institution à Sciences Po. LaPéniche a rencontré deux des organisateurs de la Semaine du Cinéma, et se propose de vous donner un avant-goût de cet évènement qui réserve quelques surprises.
Tout d’abord, il serait injuste d’affirmer qu’il n’y a jamais rien eu sur le cinéma à Sciences Po: le ciné-club projette depuis toujours un film par semaine et vient agrémenter tout cela d’avant-premières plusieurs fois par mois. Mais la volonté de cette bande de passionnés du Septième Art en organisant un tel événement est de véritablement célébrer le cinéma à Sciences Po à travers un festival qui se veut comme un pendant étudiant (et modeste !) du festival de Cannes. Après tout, comme l’expliquent Leslie-Joy Morel et Rémi Bassaler, deux des organisateurs, la Semaine du Cinéma constitue « un des premiers festivals étudiants entièrement gratuits » et ouvert à tous. Mais le cinéma peut-il s’accorder avec Sciences Po ? Évidemment, selon Leslie-Joy, puisque le cinéma, plus que tout autre art, mêle à la fois l’économie et le talent, la gestion et le génie. De plus, dans une école qui ne met pas particulièrement l’accent sur la création artistique, la Semaine du Cinéma cherche à stimuler la création et permettra sûrement de faire éclore certains talents de Sciences Po grâce à son Concours de Courts-Métrages. La Semaine du Cinéma se veut donc un moyen d’expression pour tous ceux à Sciences Po que le cinéma passionne mais qui n’ont pas l’occasion d’exprimer cette passion, ou pour tous ceux qui, curieux, cherchent à s’ouvrir à d’autres cinémas, à d’autres façons de penser cet art.
Concrètement, comment se déroulera cette Semaine du Cinéma ? Rémi et Leslie-Joy insistent sur leur volonté de fêter le cinéma sous toutes ses formes, « le cinéma dans sa complémentarité ». Le festival est donc organisé en plusieurs volets. En premier lieu, durant les quatre premiers jours seront projetés, à raison de deux œuvres par jour, sept films ayant remporté la Palme d’Or à Cannes (un par décennie). Encore une fois, la sélection ne s’est pas faite au hasard: Rémi pointe le fait que parmi les sept films il n’y a qu’un seul film français, deux américains, deux italiens, un iranien et un de l’URSS (la sélection complète). Une sélection témoin de la volonté des organisateurs de faire découvrir un cinéma dégagé de toutes frontières, un cinéma du monde. L’équipe a aussi voulu miser sur l’éclectisme, en allant de Van Sant à Pialat, en passant par Antonioni ou Coppola.
Le deuxième volet de la Semaine du Cinéma se rapporte à un aspect moins glamour mais tout aussi fondamental du cinéma: son économie. En effet, est organisée une conférence-débat sur un sujet très actuel, à l’heure où le cinéma français reste le cinéma européen qui s’exporte le mieux dans le monde: «le cinéma français, dernier bastion européen face à l’hégémonie américaine ?». Y participeront, entre autres, Jean-Michel Frodon, critique reconnu et professeur à Sciences Po, Laurent Creton, économiste du cinéma et Régine Hatchondo, directrice d’UniFrance…
Mais parce que le cinéma, c’est d’abord de la création, est aussi organisé un concours de courts-métrages (plus d’informations), dont le jury est composé, excusez du peu, de Gilles Jacob, président du Festival de Cannes, Bertrand Bonello, réalisateur, Ana Girardot, vue récemment dans Simon Werner a disparu… Bref, du lourd. Et si vous voulez gagner le Renard d’Or, il vous faudra envoyer votre court-métrage avant le 1er mars; les dix courts-métrages finalement sélectionnés seront projetés le dernier jour de la Semaine. D’ailleurs, le concours au déjà eu pas mal de succès parmi les étudiants de Sciences Po, y compris parmi les étudiants internationaux. Enfin, last but not least, une soirée sera organisée à la fin de la semaine, au Tigre, une soirée sous le signe du cinéma, vous l’aurez deviné, mais surtout une soirée dont l’entrée sera gratuite.
Évidemment, ces projections gratuites, cette soirée gratuite, tout cela a un coût. Tous ceux ayant un compte Facebook ont d’ailleurs pu apprécier le gentil spam de la Semaine du Cinéma au moment des votes pour obtenir une bourse. Mais Rémi, Leslie-Joy et leur équipe ne désespèrent pas. A coup de partenariats divers, ils espèrent pouvoir rentrer dans leurs frais, et par-là même, offrir à Sciences Po une semaine pleine de son et d’images. Et on espère à l’avance que cette première édition de la Semaine du Cinéma ne sera pas la dernière.
La Semaine du Cinéma aura lieu du Lundi 28 mars au Vendredi 1er avril.