L’UNEF, inébranlable

Forte de sa position de syndicat majoritaire à Sciences Po depuis plusieurs années, et syndicat majoritaire en France, l’UNEF présente un bilan bien rempli. Elle brigue un nouveau mandat et défend son projet dans une campagne où elle semble omniprésente, et cela d’autant plus que les élections ont, cette année, un enjeu particulier.

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L’importance de la mobilisation étudiante

« Tous les ans, on repart de zéro », explique Nicolas Robin, le président de l’UNEF Sciences Po. Donc, comme tous les ans, il faut défendre son bilan, présenter un projet, convaincre. Mais cette année, l’enjeu est plus important que d’habitude. Seul un fort taux de participation permettra aux étudiants de faire entendre leur volonté auprès du prochain directeur. « Pour faire changer les choses, il faut envoyer un signal clair ! S’il y a 10% de participation, les candidats ne nous écouteront pas. A 40%, ils voudront tous nous rencontrer pour entendre nos idées. ». D’autant que le conseil de direction, l’une des instances dont on renouvèle aujourd’hui et demain les représentants étudiants et salariés, aura in fine le dernier mot dans la procédure de nomination du prochain directeur.
« On ne soutient personne », assure N. Robin. Lui et ses collègues attendent de recevoir les candidats pour les rallier à leur cause, mais ils se réjouissent déjà de la nouvelle procédure. « Les candidatures sont plus politiques, ça va permettre un débat sur des questions de projets, et non pas de CV, comme la dernière fois ».

Engagement auprès des étudiants

S’il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas reprocher à l’UNEF, c’est de n’être présente qu’au moment des élections syndicales. Que ce soit pour les 1A perdus à la rentrée, les 2A fauchés qui veulent revendre leur livres (malgré des dysfonctionnements cette année), ou tous ceux qui ont des problèmes de bourse, l’UNEF est là. On a aussi entendu parler d’harmonisation de la charge de travail dans les conférences, et de la limitation de la note de participation à 10% de la note finale. Et si vous n’en avez pas encore vu les effets (rassurez-vous, moi non plus), c’est parce que ce sont des décisions qui ont seulement été prises en groupe de travail. « Mais on fait notre possible pour qu’elles soient inscrites au règlement de scolarité, et c’est bien parti. » explique Nicolas Robin.
Et le syndicat se mobilise également pour les futurs étudiants ! Ainsi, ils veulent négocier la gratuité du concours, ainsi que sa délocalisation (ils ont déjà obtenu la délocalisation de centres d’examens jusqu’à Pointe-À-Pitre ou la Réunion), pour permettre à tous de le passer. Enfin, l’UNEF a obtenu la suspension de l’oral de langue pour cette année (d’aucuns diront qu’ils n’y sont pour rien, et que ce sont des raisons matérielles et financières qui ont poussé l’administration à l’abandonner. Mais toujours est-il qu’au nom de la justice sociale, ils se sont battus contre). Evidemment, Nicolas Robin souhaiterait sa disparition complète et également « la suppression d’une note de langue éliminatoire. C’est discriminant socialement. Nous nous battons pour que le concours reste dans des disciplines enseignées au lycée, et ne favorise pas ceux qui peuvent se payer une prépa privée. » C’est aussi pour cela que l’UNEF était favorable à la suppression de l’épreuve de culture générale.

« Démocratisation et justice sociale », lignes directrices de l’engagement de l’UNEF

Le leitmotiv de l’UNEF est clair : « Sciences Po ne doit pas être un lieu de reproduction des élites ! » Et pour assurer une plus grande justice sociale, l’UNEF se bat pour un changement important du système de frais d’inscription. Le syndicat demande tout d’abord une linéarisation « par le bas » des frais de scolarité. « L’effet de seuil est scandaleux : en gagnant 200€ de plus on peut payer 1000€ de plus ! » Au programme également, « l’intégration des étudiants hors-EEE (espace économique européen) au barème régressif » et un « gel pluriannuel des frais d’inscription». L’UNEF souhaite aussi une augmentation du nombre de bourses Boutmy et une revalorisation du budget de la Commission de suivi social, qui ne peut traiter tous les dossiers.
Bon. En soi, très beau programme. Mais avec un nombre d’étudiants qui a explosé et une contribution de l’Etat qui reste stable, comment assurer le financement de l’Institut ? Pour Nicolas Robin, la réponse est évidente : « L’Etat doit augmenter son financement ». Après tout, c’est bien l’Etat qui finance les universités françaises. « L’Etat peut financer, et SciencesPo garder le contrôle. Les deux ne sont pas incompatibles. » assure-t-il encore. Interrogé sur la question des financements privés, son point de vue est clair : « Ils n’offrent pas de garantie sur le plan de l’indépendance intellectuelle. Une entreprise va financer un projet précis, un campus, un programme de recherche. » Le risque qu’elle exige des contreparties semble paraître évident au président de l’UNEF, qui ne saurait l’accepter. Alors, certes « ce n’est pas facile, mais c’est quelque chose pour lequel (l’UNEF veut) se battre. »

Si à la fin de cet article, et malgré les interventions motivées en début de cours, les autocollants orange et bleu et les affiches comparant les étudiants à des vaches à lait, vous ne vous êtes pas encore fait votre avis sur l’UNEF, il est encore temps de lire leur profession de foi (reçue par mail il y a quelques temps) et de regarder leur vidéo de campagne !