Les élections allemandes, c’est dimanche !

Mutti va partir. 

Après presque vingt ans au pouvoir du pays le plus puissant d’Union Européenne, Angela Merkel (CDU-CSU), figure de proue et leader de l’Allemagne, que l’on pensait inamovible, sort de la vie politique avec un taux de popularité toujours très haut. Le pays germanique a d’ailleurs pour tradition une chancellerie à forte longévité : que ce soit Konrad Adenauer ou Helmut Kohl, ils ont été à la tête du pays respectivement 14 et 16 ans. Mais Angela Merkel, peut-être parce que c’est une femme, a déjoué toutes les prédictions faites lorsqu’elle est devenue chancelière en 2005. Malgré tout, il est aujourd’hui temps de jeter l’éponge, de laisser sa place à d’autres. C’est pourquoi on ne la voit pas faire campagne pour les élections législatives du 26 septembre 2021. 

Les élections allemandes sont très différentes des nôtres. En effet, l’Allemagne est un régime parlementaire, avec à sa tête un président (Frank-Walter Steinmeier, SPD), mais sans réel pouvoir et ayant plutôt une mission symbolique de représentation. Le/la chancelier/ère, chef de gouvernement, est celui ou celle qui mène la politique de la nation. Il/elle est élu(e) au terme des élections législatives : c’est celui à la tête du parti majoritaire (ou plus souvent des coalitions) qui se retrouve à diriger le pays. 

Trois favoris se dégagent aujourd’hui des sondages, font la course en tête et débattent ensemble à la télévision (le fameux Triell ou duel à trois dont les Allemands sont friands). On y trouve l’aspirant successeur d’Angela Merkel à tendance conservatrice, Armin Laschet (CDU-CSU), le socio-démocrate Olaf Scholz (SPD), ainsi que l’écologiste Annalena Baerbok (Die Grünen). Alors que le conservateur devait profiter de la popularité de la chancelière actuelle, des remarques déplacées et des éclats de rire mal placés, notamment lors des inondations de cet été à l’ouest du pays, l’ont fait descendre significativement dans les projections de vote, au profit du socialiste Olaf Scholz qui récupère au passage le statut de favori à la chancellerie.  Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’en Allemagne une coalition entre deux, voire trois partis est totalement habituelle, si ce n’est conseillée, pour gagner, car aucun parti n’obtient jamais la majorité des sièges au Bundestag. Lors de ces Triells télévisés, nous avons ainsi pu remarquer une connivence entre la représentante des verts et le socio-démocrate ; Olaf Scholz et Annalena Baerbok se seraient mis d’accord sur une coalition. 

Les coalitions allemandes ont de drôles de noms : Jamaïque, Mickey Mouse ou encore Feux tricolores. Ces appellations étonnantes cachent en fait des manœuvres politiques entre les différents partis, des stratégies appelant bien souvent au compromis. Plusieurs coalitions sont aujourd’hui envisagées, notamment à la lumière des sondages plaçant le parti social-démocrate en vainqueur, comme celle entre le SPD, les Verts et le FDP (parti libéral) ou encore celle avec le SPD, les Verts et Die Linke (sorte d’équivalent germanique de la France insoumise). Si le CDU-CSU remporte le scrutin, ils pourraient s’allier avec le FDP, mais aussi peut-être avec le SPD (ce qui ferait une großecoalition). 

Les Allemands vont donc se rendre aux urnes dimanche, et nous saurons enfin, à l’issue du scrutin et des coalitions formées, qui sera le ou la nouveau/elle chef de gouvernement à la tête de la quatrième puissance mondiale.