LE MAG – Les 3 films de la rentrée qu’il ne fallait manquer sous aucun prétexte

La concurrence était rude, la bataille dure. Mais La Péniche a réussi à trancher, et vous livre ses films préférés de la rentrée.

Hippocrate par Constance Martocq

La note de La Péniche : 4/5

Valois d’or au Festival d’Angoulême et acclamé par la critique à Cannes, Hippocrate est bien plus qu’une simple comédie française en blouse blanche. Le film commence pourtant plutôt légèrement, avec les premiers pas maladroits en hôpital d’un jeune interne à peine sorti de l’adolescence, Benjamin (Vincent Lacoste), fils du patron du service (Jacques Gamblin). Mais très vite, le ton se fait plus grave, et l’on découvre avec Benjamin la dureté du métier de médecin (qui serait d’ailleurs plus une « malédiction » qu’un métier) : le jeune protagoniste déchante vite, violemment confronté à l’erreur médicale et à la mort.

A travers l’expérience de Benjamin, le réalisateur Thomas Lilti, qui a lui même été médecin avant de se consacrer au cinéma, dénonce les travers de l’hôpital public français, évoquant notamment les restrictions budgétaires à la fois sur le matériel et sur le personnel soignant – le directeur de l’hôpital est en effet un ancien de chez Amazon propulsé dans un milieu dont il ne sait rien avec un objectif de rentabilité. On découvre aussi avec le personnage d’Abdel (Reda Kateb, excellent) la situation absurde de ces médecins étrangers expérimentés venus travailler en France, obligés de retourner au stade d’internes et à des salaires de misère pour pouvoir obtenir une équivalence de diplôme.

Difficile donc de réellement parler de comédie pour ce film étonnant servi par un casting impeccable (on est bien loin des Beaux Gosses pour Vincent Lacoste), avec quelques acteurs non-professionnels et issus du milieu hospitalier, tous très justes. A voir.

[poll id= »7″]

 .

Maintenant ou Jamais par Alexandra Saviana

La note de La Péniche : 4/5

Comment braque-t-on une banque ?

L’Ocean’s Eleven de Soderbergh, remake de la version des années 60, Sinatra en moins, Clooney en plus, avait brillamment relevé la question. Quelques suites (ratées) plus tard, le format avait été à demi-mot adapté en France par Éric Besnard, Reno et Dujardin en vedette. Mais cette fois-ci, ni la bande, ni l’humour ne sont aux-rendez-vous. Frydman n’a pas cédé aux sirènes du film d’action. Mais que reste-t-il alors ? Sensiblement, un meilleur film.

Avec Maintenant ou Jamais, Serge Frydman signe un film sobre et élégant, qui ne dédaigne pas pour autant le grand public. Toutefois, loin de s’intéresser au braquage en lui-même, il prête attention à l’étape souvent exposée en un montage rapide dans la plupart des films de genre : la préparation du casse. Ici, les motivations ne sont pas grandiloquentes. Bekhti, éblouissante de grâce et de justesse, est une mère de famille qui voit sa promesse de lendemain qui chantent s’effondrer quand son mari perd son emploi. Pour se venger, et pour récupérer l’argent, elle décide alors de braquer un distributeur en compagnie d’un homme qui lui a volé son sac. Juliette, femme ordinaire, danse sur la corde raide d’une vie qu’elle n’a jamais connue. En pure amatrice, elle connait les affres du doute, de la déception, du mensonge.

Mais plus encore que son personnage, c’est le tandem qu’elle forme avec son compère, joué par Nicolas Duvauchelle, qui attire l’œil du spectateur. C’est dans leur relation ambiguë que le film prend toute sa dimension. Là encore, Juliette tangue au bord d’un précipice, et l’on se surprend même à vouloir la voir tomber. Maintenant ou Jamais est une bouffée d’oxygène dans un cinéma français qui n’ose pas souvent prendre des risques. Il ne reste plus qu’à lui souhaiter un beau parcours pour que cette audace devienne contagieuse.

[poll id= »8″]

.

 

Métamorphoses par Lisa Bardet

La note de La Péniche : 4,5/5

« C’est ça être un dieu ? »

Jupiter embarque Europe dans un poids lourd, alors que Bacchus se dore la pilule au soleil et Narcisse joue au basket avec ses potes de la téci. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. La dolce vita est un concept postérieur à l’Olympe, et Christophe Honoré se joue des contrastes pour nous le démontrer. Une esthétique crue accompagne les (més)aventures de ces jeunes créatures insouciantes. C’est le choc de la nature et de la cité, de la tendresse et de la violence, de la mythologie et de l’actualité.

Au-delà de la beauté – et de l’humour parfois –  qui se dégagent de ces confrontations, la puissance du film tient à sa capacité réflexive. Honoré ne signe pas seulement là une des nombreuses réécritures du mythe, il l’enrichit d’une multiplicité de sens. Manifeste sur l’œuvre cinématographique d’abord, avec la transfiguration les corps en présence d’une caméra et la succession des histoires contées par Jupiter. Elles s’enchaînent d’ailleurs sous les yeux d’Europe, qui demeure ici une spectatrice aussi impuissante qu’empathique. L’allégorie est ainsi d’autant plus actuelle qu’elle rappelle la fonction pédagogique du mythe. Comme une invitation aux Métamorphoses

[poll id= »9″]