LE MAG – Qui sont les candidats à l’élection de la FIFA ?

Le 26 février 2016, la Fifa changera de mains après avoir été fermement tenue pendant 17 ans par Sepp Blatter, surnommé « Le parrain du football mondial ». Enlisé dans des affaires qui remettent chaque jour un peu plus en cause sa gestion, il a (enfin) été contraint à la démission. Qui pour prendre sa place ?

Le Facteur X : Michel Platini (France, 60 ans)

Son profil : Platoche, c’est 3 Ballons d’Or consécutifs entre 1983 et 1985, un Euro en 1984 et une icône inter-générationnelle. C’est aussi l’ancien conseiller spécial de Sepp Blatter, le patron de l’UEFA depuis 2007 et l’un des dirigeants les plus importants du football mondial. Soutenu par les fédérations européennes et apprécié sur tous les continents, il était le grand favori du scrutin jusqu’à sa suspension pour une sombre affaire de paiement à retardement issue de la gestion opaque de la Fifa. L’incertitude est grande quant à sa capacité de se présenter. Déclarations et appels se succèdent, et aucune institution ne veut l’éliminer définitivement. Le 12 novembre, la Fifa a déclaré que sa candidature n’était « pas admise », mais serait ré-examinée à l’issue de sa suspension de 90 jours, en janvier. Le verdict final décidera sûrement de l’issue de cette élection.

Pourquoi lui ? Parce qu’un natif de Meurthe-et-Moselle à la tête de la Fifa, ça en ferait taire certains.

Pourquoi pas lui ? Farouche opposant à la vidéo dans le foot, Platini songerait à revoir sa position. Mathieu Valbuena a pourtant montré que c’était une mauvaise idée.

Les recalés : Musa Bility (Libéria, 48 ans)

Son profil : Pétrolier fortuné, il est président de la Fédération du Libéria depuis 2010. A part ça, c’est un inconnu dans le monde du football. Son seul fait d’armes : avoir réclamé la démission de Blatter Platini à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. Et avoir été joueur du Watanga FC, aussi. Sa candidature a de toutes manières été rejetée par la commission électorale « au vu du rapport d’intégrité le concernant ». Surprenant pour quelqu’un dont l’ennemi public est le président par intérim de la Fifa, un certain Issa Hayatou…

Pourquoi lui ? Parce que sa candidature avait tout l’air d’un troll.

Pourquoi pas lui ? Parce que la promo 2020 nous a fait perdre le goût du troll.

David Nakhid (Trinité-et-Tobago, 51 ans)

Son profil : Ancien capitaine de Trinité et Tobago, l’ex-milieu du Grasshopper Zurich et du PAOK (attention, gros palmarès) tient aujourd’hui les rennes d’une académie de foot au Liban et prône un meilleur équilibre pour la FIFA, trop tournée vers l’Europe à ses yeux. S’il a vu sa candidature rejetée en raison d’un parrainage non validé, David s’accroche et a fait appel au TAS, le Conseil Constitutionnel du sport en gros.

Pourquoi lui ? Il était le petit poucet de cette élection et avait tellement peu de chances qu’on avait voulu l’enterrer d’avance. Mais on a tous vibré devant l’épopée des Carquefou et autres Montceau-les-Mines en Coupe de France, pas vrai ?

Pourquoi pas lui ? Sa notoriété et son expérience dans les instances sont comparables au niveau d’anglais de Marine Le Pen. Pas fous.

Ils sont encore en lice (jusqu’à ce que Blatter annule tout)…

Prince Ali Ben Al-Hussein (Jordanie, 39 ans)

Son profil : Demi-frère du roi Abdallah II, le jordanien est persévérant. Présent dans les instances du ballon rond depuis des années et opposant de longue date à Blatter, il a une réelle légitimité à briguer une nouvelle fois la présidence de la FIFA après avoir mis en difficulté le vieux Sepp aux dernières élections. Sur le papier, le candidat le plus sérieux c’est bien lui, le Prince Ali. Point phare de son programme : il veut mettre fin à la corruption au sein de la FIFA. Ce serait quand même pas mal, entre nous.

Pourquoi lui ? Ali peut notamment compter sur le soutien de poids de Diego Maradona. En plus, il est tellement blindé qu’il est difficile à corrompre. Une exception à la FIFA.

Pourquoi pas lui ? Un asiatique à la tête de la FIFA ? Non pas que l’on n’aime pas voir du football indien ou à la télé (Bernard Mendy en a fait les beaux jours ), mais le coeur du ballon rond se trouve sur le vieux Continent, avec cette bonne petite musique. Vous l’entendez aussi, pas vrai ?

Jérôme Champagne (France, 57 ans)

Son profil : Ancien diplomate et supporter de Saint-Etienne, Jérôme Champagne a travaillé pendant 11 ans à la Fifa en qualité de responsable des relations internationales puis en tant que conseiller de Tonton Sepp. Ennemi juré de Michel Platini, on le soupçonne d’être derrière ses actuels soucis.

Pourquoi lui ? Fort d’une grande expérience, il connaît parfaitement les rouages de la Fifa et des 209 fédérations qui la composent.

Pourquoi pas lui ? Il a déjà tenté de se présenter plusieurs fois à la présidence de la Fifa, sans jamais être en mesure de réunir les 5 parrainages de fédération nécessaires. Un manque de crédibilité, couplé à une notoriété proche du néant, qui ne devrait pas permettre à Champagne de l’emporter. Et puis de toute façon, à quoi bon se présenter quand on sait que s’il gagne, il va se faire sabrer…

Tokyo Sexwale (Afrique du Sud, 62 ans)

Son profil : Enfant de Soweto, membre actif de l’ANC et compagnon de cellule de Mandela, ancien ministre devenu multimillionnaire dans le monde des affaires… : le parcours de Tokyo Sexwale, invité surprise de cette élection, est un roman. Sa candidature apparaît comme un vent de fraîcheur dans le monde fermé du football et son image positive lui donne de sérieuses chances de victoire.

Pourquoi lui ? Parce que son nom est beaucoup trop classe.

Pourquoi pas lui ? Parce que son nom est sujet à beaucoup trop de blagues médiocres.

Gianni Infantino (Suisse, 45 ans)

Son profil : Infantino, c’est ce chauve de l’UEFA que vous avez forcément déjà vu diriger avec brio les tirages au sort de la Champion’s League et de l’Euro. Mais au-delà de ce rôle de façade, le Suisse, originaire du même village que Blatter, est un avocat brillant et bras droit de Platini depuis des années. Respecté par les fédérations européennes, il est à prendre au sérieux.

Pourquoi lui ? Parce qu’à force de tirer les boules à l’UEFA, il se sent prêt à tirer les ficelles à la FIFA.

Pourquoi pas lui ? Il fait clairement office de Plan B pour l’UEFA et se retirera si Platini est autorisé à être candidat. Or, les plans B dans le foot, ça marche rarement. A part Laurent Blanc au PSG. Mais Laurent Blanc c’est différent.

Cheikh Salman (Bahreïn, 49 ans)

Son profil : Membre de la famille royale du Bahreïn et vice-président de la Fifa, Cheikh Salman fait figure de favori pour cette élection, surtout depuis la suspension de Michel Platini, dont il est assez proche. Patron incontesté de la confédération asiatique, il sera soutenu par de nombreuses fédérations et saura faire jouer ses réseaux et ses informateurs. On reste à la Fifa hein, on va pas faire des élections sans un minimum de clientélisme.

Pourquoi lui ? Pour que tout le monde sache enfin où situer le Bahreïn sur une carte.

Pourquoi pas lui ? Après avoir fait pression pour que le Qatar accueille le Mondial en 2022 et joué un rôle dans la répression des mouvements démocratiques bahreïniens, Cheikh Salman ne semble pas être le mieux placé pour incarner le renouveau à la Fifa.