LE MAG – Demain, ou comment prendre le futur en main
Demain est un documentaire réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, sorti en salle le 2 décembre dernier. Il rassemble des idées concrètes venues du monde entier pour remédier au changement climatique, ou du moins pour l’atténuer. Il montre avec optimisme et simplicité les solutions qui permettraient d’assurer un avenir viable aux générations futures.
Un film loin du blockbuster hollywoodien
Son organisation en chapitres met en évidence les grands domaines dans lesquels l’humanité pourrait améliorer son mode de vie. Des exemples illustrent des solutions concrètes au dérèglement climatique. L’équipe du film est allée s’inspirer en France, passant par la Grande-Bretagne, le Danemark, l’Inde… Un récit du bidonville à l’usine de recyclage, de l’école au jardin merveilleux.
« Nous passons notre temps à faire des films où nous sommes éradiqués par des zombies, des bombes nucléaires, des épidémies, des robots, des extraterrestres, de petits gremlins… Nous adorons ça ! Mais où sont les films qui parlent du contraire ? Ceux où nous nous rassemblons et où nous résolvons les problèmes ? »
Dès l’introduction, Rob Hopkins, grand penseur des villes en transition, expose le problème et sa solution. Si l’humanité est ingénieuse en matière de destruction, elle serait aussi tout à fait capable de prendre le bon tournant.
Autrement, nous pourrions assister à la sixième extinction de masse de l’histoire terrestre, et une partie de l’humanité disparaitrait d’ici la fin du siècle. Les conséquences du réchauffement climatique sont en effet étroitement liées. C’est par exemple le cas de la montée des eaux qui entrainera bientôt des migrations de masses, qui elles-mêmes seront sources de raréfaction des ressources, etc…
Le film pointe ainsi quelque chose d’absurde dans notre comportement quotidien. Nous sommes trop peu enclins à nous remettre en cause. « Un véhicule de 1500 kg pour transporter un individu de 70 kg », près d’un million de panneaux publicitaires lumineux dans les métros parisiens consommant chacun l’équivalent en énergie de deux foyers, sont autant de dérangeantes comparaisons…
« Nous n’avons pas de pétrole, mais des idées »
Le chapitre de l’agriculture montre la priorité d’éradiquer la monoculture, excessivement fragile et contre-productive. Il faut laisser de nouveau place à une symbiose entre les cultures. Le documentaire présente ainsi la Ferme du Bec Hellouin, dirigée par une ancienne juriste et un ex-marin. Eux deux ont décidé de tirer profit des différentes fonctions et propriétés des plantes, au-delà de leur productivité. Ils donnent l’exemple du basilic : sa forte odeur repousse les animaux nuisibles. Il est d’ailleurs planté au-dessous des tomates, elles-mêmes cultivées au-dessous des vignes qui forment une toiture et gardent en même temps l’humidité. Tout un programme…qui marche !
En matière d’énergie renouvelable, parmi de multiples exemples, le Danemark semble déjà bien avancé. Les habitants y ont mis en place un financement participatif pour l’achat d’éoliennes. L’objectif de certaines villes et pays est de s’affranchir totalement des hydrocarbures et de l’énergie nucléaire. Une transition est donc engagée partout par l’utilisation de panneaux solaires, d’éoliennes, et aussi par la combinaison de l’agriculture biologique et de la production d’énergie (en installant des panneaux solaires sur des serres, par exemple).
Les transports sont par ailleurs évoqués dans le chapitre sur l’énergie. Pour encourager les personnes à abandonner leur voiture, le film plaide pour plus de pistes cyclables, davantage de routes piétonnes. Il faudrait aussi adapter les transports, les interconnecter, comme à Copenhague par exemple, qui permet à ses habitants de se déplacer à vélo sur un rayon de 80 km.
Concernant l’économie, la solution des monnaies locales est notamment mise en avant pour empêcher l’évasion fiscale. Le système monétaire global est comparé à une monoculture de sapins. Il suffit d’une étincelle et tout flambe, sans exception. Les monocultures se détruisent vite, nous rappelle-t-on. Il faudrait non seulement une monnaie nationale ou européenne, mais une autre mondiale, et encore une, locale, à l’échelle de notre quartier.
Le documentaire montre l’intérêt d’une démocratie participative et de la formation d’assemblées citoyennes comme il en existe en Inde dans l’état du Tamil Nadu par exemple. Ces assemblées permettent d’impliquer les différentes castes et tous les citoyens dans l’amélioration des conditions de vie et du bien-être de chacun. On met en œuvre des programmes auxquels tout le monde participe : construction de maisons dans les bidonvilles, d’égouts… L’exemple de l’Islande permet aussi d’illustrer la participation des citoyens dans l’activité politique. 25 d’entre eux ont ainsi été tirés au sort pour participer à la rédaction d’une nouvelle constitution visant à sortir de la crise et à remédier aux erreurs de gestion du pays. Le projet n’a pas encore abouti puisqu’il n’a toujours pas été soumis au vote du Parlement.
L’éducation constitue enfin un domaine capital pour apprendre les bons réflexes. En Finlande, les écoles ont recours à une diversité de méthodes pour apprendre à lire et écrire. Les programmes comportent, en plus des matières fondamentales, d’étonnants enseignements comme : la cuisine, le rangement, la musique, l’entretien du linge, la fabrication des vêtements, le travail du bois, le nettoyage…
On découvre au travers de Demain que bien des personnes, des associations, des collectivités, des Etats ont déjà réfléchi à leur rôle dans l’économie d’énergie, la limitation de la pollution. L’objectif est bénéfique pour tous, pour les entreprises, pour la planète. Il faut en retenir que chacun peut s’investir à son échelle. Il reste environ vingt ans pour prendre le bon tournant, sans pour autant garantir le succès du changement aux générations futures. Mais c’est maintenant qu’il faut montrer les solutions à mettre en place.
Rendez-vous sur le site du film pour en savoir plus.