Le top 7 des pires stages de terrain

Voulant affronter les dures réalités de la vie, certains sciences-piste ont effectué des stages de terrains. Des vrais. Jobs non rémunérés, travail ingrat, individus traumatisés : nous sommes allés à leur rencontre. Ces rescapés du stage de terrain témoignent.

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N°7 : le science-piste, homme à tout faire

Illustration : Gabrielle Vallières

Livreur de cuisine ou manieur de pied de biche, certains étudiants se voient contraints de devenir les hommes à tout faire dans l’usine pour laquelle ils ont été employés. Voilà ce qu’est un stage ouvrier, un vrai.

Notre étudiant aujourd’hui en 2A doit tout d’abord livrer des cuisines, boulot physique, soit. Mais ça n’est pas tant le travail en lui-même qui interpelle l’étudiant. C’est plus la manière dont il est traité par les clients pour lesquels il effectue des livraisons. “Un jour avec mon collègue, on a du aller livrer une cuisine en Ardeche. Pour atteindre la maison, il fallait passer par un chemin en terre battue, pente de 30 degrés, pierres qui roulent, inaccessible en voiture… Horrible. On a enfin réussi à livrer la cuisine. Les clients ne nous ont même pas proposé un verre d’eau. On est des esclaves. » explique-t-il.

Et lorsqu’il ne livre pas des cuisines en Ardeche, ce cher étudiant manie donc le pied de biche dans un entrepôt. « Les palettes de type « Europe » reviennent chères à l’entreprise, alors celles qui étaient cassées, j’ai dû passer une après-midi à les désosser et les réparer.»

Autre anecdote : un client peut refuser une livraison si la marchandise lui paraît abîmée, ou mal empaquetée. Alors, notre jeune stagiaire découvrant les joies du monde ouvrier s’est vu faire toute une journée un travail bien sympa : empiler des canettes. Les livreurs devaient livrer 3200 canettes à une grande enseigne de supermarché. Mais c’est le drame, à l’intérieur des cartons, les canettes se sont écroulées. Le supermarché refuse la livraison. Alors notre cher et tendre stagiaire doit ré-empiler les 3200 canettes dans les cartons, pour pouvoir retourner les livrer. Grosse ambiance. Sinon, il a du s’amuser a classer des boites de sardines en cartons de 24.  « Parce que les cartons de 50, ça ne convenait pas ».

Il a appris le jargon du ter-ter, il est devenu une machine de guerre. Et, au final, notre stagiaire nouvellement bodybuildé  “pense qu’il préfère faire ça plutôt que passer ses journées devant un bureau à jouer à Candy Crush. » Tmtc.

 

N°6 : l’openspace de la mort

Voilà un stage, qui comme tout autre boulot de science piste durant l’été, aurait dû se dérouler dans le farniente le plus complet. Qui AURAIT dû.

L’étudiant se retrouve dans un organisme de la sécurité sociale au coeur de Paris.  Il doit mettre à jour les fichiers allocataires. Mais les choses commencent déjà  à dégénérer le premier jour, h+3 : “je n’ai PAS accès une cantine promise, si je ne paye pas chaque jour la somme ridiculement élevée de 8 euros.” Puis il est affecté à un nouveau service : effectuer “ad nauseam” des manoeuvres sur un serveur, rentrer les mêmes séries de chiffres, de dates, tout en étant fliqué dans son open space, “afin que j’abatte ce boulot que personne n’a voulu faire pendant un an.”

En effet, chaque été, des étudiants sont recrutés afin d’effectuer cette tache laborieuse qu’un “primate inférieur spécialement entraîné s’acquitterait tout aussi bien qu’un être humain.” L’étudiant fait remarquer à ses collègues “qu’un programme informatique tout con pourrait le faire beaucoup plus vite et avec peu d’erreurs, on m’a dit qu’une demande avait été faite dans ce sens au service informatique « il y a deux ans », sans réponse.”

Et le summum de l’abattement, c’est quand il apprend que deux stagiaires fraichement diplomés du BAC débarquent, rémunérés au SMIC et ayant accès à la cantine gratuitement. “A ce moment là, j’avais plus ou moins perdu la raison, aliéné jusqu’à la moelle par ce travail affreusement répétitif. J’ai fait remarquer plusieurs fois que c’était très ennuyeux et que j’aurais bien aimé revenir au premier type de mise à jour (il restait du travail à faire). On m’a dit que ce sur quoi j’étais était prioritaire. Ma productivité ayant décru avec mon intérêt, la moindre pause-pipi devenait propice à la glande.” Conclusion : il n’a pas validé son stage.

 

N°5 : la jungle de Bornéo au fin fond de Vichy

Voilà un autre étudiant qui a décidé de se rendre à l’évidence : Non, il ne trouverait pas de stage bien rémunéré, à deux pas de chez lui, avec un patron et des horaires trop cools. Alors il s’est rendu à l’évidence, il a accepté un stage dans une blanchisserie à Vichy, qui mérite le détour…

En apparence rien d’anormal. Un stage ouvrier, des tâches bien manuelles. Mais tout se complique lorsque notre cher étudiant doit remplir, mais surtout vider des machines à laver remplies de grands draps trempés d’eau “le linge était propre, mais il était gorgé d’eau et pesait dix fois plus lourd. Bonjour les crampes”.

Et, évidemment «  tout ce travail harassant se faisait dans une atmosphère tropicale digne de la jungle de Bornéo : les machines à sécher le linge chauffaient à balle et rejetaient de la vapeur d’eau en masse… ce qui fait que les bons jours, la température oscillait entre 35 et 40 degrés, avec un air saturé d’humidité. »

Et puis, « parlons des risques du métiers ». L’étudiant complète le tableau en nous racontant ses mésaventures avec la thermo-colleuse. Ahhh, la thermo-colleuse. « J’ai quand même trouvé le temps de me coincer la main sous la thermo colleuse qu’on utilisait pour fermer les paquets de linge propre, ce qui m’a valu une sale brûlure et les moqueries de tous mes collègues. »

Il faut également ajouter à ce tableau idyllique une hiérarchie sur les nerfs, lui imposant une productivité plus qu’accrue, qui bien sûr, pour couronner le tout, oubliera manifestement de le rémunérer ! Au revoir la douce récompense d’unloooooong, looooong  travail mené avec brio !

 

Photographie : Guillaume Casel
Photographie : Guillaume Casel

 

N°4 : quand le Kangoo n’a plus de secret pour le sciences-piste

Il a choisi ce stage pour être dépaysé. Vendeur dans le quartier de Sciences Po ou employé de banque, très peu pour lui. Alors il s’est retrouvé dans l’usine Renault de Flins à 42 bornes de Paris. Une semaine, il commence a 5h30 et termine à 13h, l’autre il commence à 13h et finit à 20h40.

Une fois ses chaussures de sécurité et sa tenue d’ouvrier enfilées, il passe ses journées à effectuer les mêmes mouvements, afin de fabriquer des pièces détachées de voiture. C’est tout fier qu’il nous raconte que l’autre jour, il a fabriqué les ailes d’un Kangoo. Notre cher étudiant raconte : “soit je dois faire des points de soudure avec une énorme pince trop fraîche qui fait masse d’étincelles, soit je positionne la pièce comme il se doit afin qu’un robot fasse le boulot. Mais de toute façon chaque rôle est marrant cinq minutes… et au bout de 20 minutes j’en peux plus.”

Il faut trouver des trucs divertissants pour s’occuper l’esprit, sinon tu meurs.Toute la journée dans une usine, c’est son quotidien. Mais seulement pour 5 semaines. “Je me dis que certains ont fait ça toute leur vie, alors ça calme.” Ce stage, aussi chiant et abrutissant qu’il puisse paraître, apparaît toutefois pour lui comme une bonne leçon de vie. “J’apprends vraiment ce qu’est la valeur de l’argent. Et aussi la situation des ouvriers, en permanence menacés d’être virés. L’usine est passée de 25000 à 2500 ouvriers depuis 1982.

 

N°3: un stage à la noix 

Beaucoup de sciences pistes se plaignent de leur stage à la noix. Mais peu d’entre eux peuvent se flatter de côtoyer véritablement les noix !Une étudiante en première année a travaillé pendant un mois dans une entreprise chargée du commerce de certains produits orientaux.

Sa mission était simple : chaque jour, pendant huit heures, elle devait remplir des boîtes de noix ou de fruits secs destinés à être commercialisés. Un travail simple, nécessitant tout de même de rester debout huit heures par jour et de peser chaque boîte pour qu’elle ne dépasse pas 200 grammes ! Pour le côté exotique, elle a eu droit à une responsable de stage indienne ne parlant presque pas un mot de français ou d’anglais…

La cerise sur le gâteau : l’entrepôt se situait à Boissy Saint-Léger, dans le Val de Marne, bien loin de notre 6ème arrondissement. Mais la jeune fille reste positive : « je sais que je serais « indemnisée », mais reste à savoir si je toucherais la somme habituelle de 400 euros ou si je serais payée en corbeille de raisins secs… »

 

N°2: dans la langue de Goethe…

Pour rendre leur stage un peu plus glamour, certains décident de partir vivre une aventure dépaysante à l’étranger. Un science piste pensait avoir trouvé la perle : un stage dans une bibliothèque de Trèves en Allemagne. Une occasion de perfectionner sa culture littéraire tout en découvrant l’outre-Rhin !

Malheureusement, il connut très vite la déception. D’abord, la bibliothèque de recherche de Trèves n’était pas un endroit où les foules se bousculaient pour rentrer.

Et puis, la tâche qu’on lui avait confiée n’avait rien de très glamour : notre germanophile devait rester au sous-sol tout l’été afin de vérifier le classement des livres : « J’ai passé mon mois de juin à la cave à cocher sur une liste les livres absents ou en mauvais état. A la fin, le directeur m’a dit que j’avais fait un travail « très utile » ! » nous raconte-t-il.

 

N°1 : quand l’Allemagne ne porte pas plus de chance aux animateurs de colos

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Illustration : Gabrielle Vallières

Nous vous avons réservé la crème de la crème pour cet ultimerécit de stage. Après ça, vous ne pourrez plus jamais vous plaindre de votre travail ingrat.

Elu à l’unanimité pire stage de l’année 2013 au campus du Havre, cette folle aventure vaut le détour. 
Notre chère étudiante pense aller passer du bon temps dans la troisième plus grande foret de pins du monde en Allemagne, pour animer un camp de vacances. Mais le séjour tourne vite au fiasco, entre mélodrame, anecdotes révoltantes et histoires à se faire pipi dessus.

Fraîchement arrivée, elle prend connaissance de la situation : les moniteurs restent à peine une semaine et sont virés ou partent de leur propre chef. Les enfants vivent dans des conditions parfois déplorables, avec des fils électriques apparents et des branchements mal raccordés.  Pas de réseau, pas de supermarché à moins de 6 kilomètres, “une espèce de microcosme très différent de ce à quoi j’étais habituée dans les villes où j’ai pu vivre. ”

Et l’atmosphère entre les moniteurs n’est guère mieux : les uns vont cafter les erreurs des autres à leurs supérieurs. Et les employées de restauration se sont mis aussi à semer la zizanie sur le camp : « le routeur internet était dans la cuisine et elles ont décidé de le couper au milieu de la première semaine parce que les moniteurs mataient leurs Smartphones au lieu de débarrasser la table. »

L’étudiante, une semaine après le début de son stage, décide d’alerter SciencesPo en rédigeant un mail décrivant la situation, et le transfère à la Protection de l’enfance. En effet, les évènements sont gravissimes, si bien qu’ils vont lui faire écrire un livre .. Son séjour réunit ce qu’il y a de plus catharsique sur terre :  « J’ai fait une randonnée de quatre heures en pleine nuit, pieds nus. C’est la police qui nous a ramenés. J’ai fumé des clopes roulées dans les formulaires d’inscription des gamins parce qu’on avait plus de feuilles. J’ai fait croire que ma sœur était à l’hôpital pour avoir le code internet »

Et ça n’est pas le pire. « le plus drôle c’est la raison pour laquelle j’ai été renvoyée. La deuxième semaine, j’ai eu la charge de deux petits français dans un groupe d’enfants. On a organisé un spectacle qui s’appelait ‘la danse du marteau’ pour un « Talentshow », ce qui nous avait valu le deuxième prix (le premier c’était un asiatique qui faisait du diabolo, donc on avait aucune chance). Quand j’ai voulu répéter l’expérience la semaine d’après ça n’a pas très bien marché avec les gosses, alors je me suis dit que j’allais faire une petite blague pour les divertir. Il fallait qu’un des enfants mette de la peinture rouge sur son oeil et fasse comme si il s’était blessé avec son marteau. Il a super bien joué et tout le monde a cru qu’il s’était effectivement pris un marteau dans l’oeil. Le souci c’est que la colonie a appelé une ambulance et que ça leur a coûté 1000 balles. Et moi je me suis faite virer. »

Le pire reste le maître de stage de notre palme d’or : au moment de son licenciement va se dérouler une scène surréaliste :

« Tu fais tes bagages, tu es virée.

– Heu mais j’ai nulle part ou dormir en fait.

– Je te paye l’avion. Tu t’en vas.

– Emmenez-moi plutôt à l’ambassade de France, je me débrouillerai pour le train, donnez moi mon salaire.

-Un salaire ? Quel salaire ?
-Le salaire qu’on me doit pour mon travail. Si vous ne me payez pas c’est de l’exploitation : je vous intente un procès en cour européenne. » Oui monsieur.

L’étudiante conclut l’histoire : « Sur ces entrefaites le type me sort une liasse de billet de son porte-monnaie, me les tend, et se casse. Je suis rentrée chez ma correspondante à Leipzig,… J’avais perdu 4 kilos. »

One Comment

  • Petit Sciences Piste déjà bien con

    Big up pour l’open space de la mort, il a tout compris au stage de terrain, une épreuve terrible pour un cerveau aussi développé que le sien. Pas grave un jour un sera à la tête de la Sécrurité sociale et il renoncera lui-même au programme informatique qui changerait le quotidien de certains gens qui seront toujours là pour des économies budgétaires. Témoignage écoeurant, dégoulinant de prétention. Dommage, le reste de l’article est plutôt pas mal.