La Route, Cormac McCarthy
Un père et un fils errent sur une route qui ne mène nulle part mais qui semble parcourir indéfiniment un monde post-apocalyptique…
Tout est dévasté, figé, l’air est lourd de cendres, et la mort même semble avoir désertée cette désolation. Le froid, la faim et ce qu’il reste de l’humanité sont des dangers permanents. Menacés à chaque instant, ils tentent de gagner un Sud chimérique pour échapper au froid de l’hiver. Il ne reste plus rien du monde, et sur cette route perdue, ils sauvent le peu qu’il reste de la présence de l’Homme et essayent de ranimer l’humanité.
Mais même les mots sont devenus illisibles dans les livres ravagés par le feu et l’eau. Plus personne, plus de mots pour nommer les choses : tout est en train de partir en poussière. Et dans un ultime sursaut, le monde révèle sa Beauté. La destruction dévoile les choses dans leur vérité nue et brute. Cette beauté est horrible, glaçante et fascinante. Mise à nu, dépouillée de tout.
Dans une écriture sobre et brutale, Cormac McCarthy raconte l’odyssée des derniers hommes sur terre. Les mots tranchent et glacent. La lecture est éprouvante: il faut à chaque instant puiser en soi la force d’arracher les mots à leur page. Ce monde froid, mort, ce souffle glacial et l’obscurité opaque nous environnent et nous enveloppent. La dureté de l’errance sur la route est ressentie dans la dureté de la lecture.
On en ressort épuisé, physiquement et nerveusement mais fasciné par la beauté de l’écriture. Le récit de McCarthy est prenant, poignant. On ne le lâche plus et on ne ressort pas indemne de cette lecture quelque part douloureuse, mais captivante et bouleversante. Un excellent roman, et une très belle vision des relations père/fils. Si vous n’êtes pas trop épuisés, n’hésitez plus !
La Route, Editions de l’Olivier, paru en 2008 (édition originale paru en 2006 chez Alfred A. Knopf sous le titre The Road) Du même auteur : No country for old men, Editions de l’Olivier, 2007 (adapté au cinéma par les frères Coen)
One Comment
Christiane
A lire absolument! Ce livre vous touchera au plus profond de vous-mêmes (et en VO, c’est encore mieux)