La nouvelle 2A: Françoise Mélonio nous dit tout
Camarades de 1A, peut-être êtes vous émus de la victoire parisienne du MonarCrit’, peut-être que votre tête résonne encore des tambours de la Batuka ou bien que le métro vous semble grincer sur l’air de « Sciences Po Paris, je t’aime ». Au contraire, il se peut que vous soyez reposé après un bon week-end de tranquillité. Toujours est-il que ces 29 et 30 mars, il vous est demandé de choisir votre majeure pour l’année prochaine sur votre espace scolarité, et je suis sûre que nombreux sont ceux qui ne savent peu, voire rien de cette réforme. Pour vous éclaircir, LaPéniche est allée rencontrer Françoise Mélonio, doyenne du Collège Universitaire.
Pourquoi cette nouvelle maquette pédagogique ? Celle-ci s’inscrit dans la continuité de la réforme de la première année, dont notre promotion est la première victime: nouvelles matières, nouveaux horaires, plus de crédits, et tout ça dans l’esprit généraliste et pluridisciplinaire du Collège Universitaire. Ainsi, Françoise Mélonio insiste sur le fait que la deuxième année va conserver ces caractéristiques : « l’idée est la suivante: à la fin de la deuxième année, chaque élève aura suivi deux semestres de cours dans chaque matière principale, soit le droit, l’histoire et l’économie. » Il ne vous aura pas échappé que les deux semestres d’économie se font en 1A, il y aura donc la possibilité de ne plus faire d’économie en deuxième année. Quand au reste des cours magistraux, comptez un de droit au semestre 3, un d’histoire du XXe siècle au semestre 4. Bonne nouvelle également: le volume horaire hors options et double cursus ne dépassera pas 20 heures hebdomadaires.
Quelle différence donc en deuxième année ? Plus de choix ! En effet, les cours magistraux de droit et d’histoire seront à choisir au sein de portefeuilles en fonction des préférences des élèves. Le deuxième cours magistral du semestre 3 sera, au choix, celui d’Espace Mondial ou d’Histoire du Droit des États. À noter aussi, le retour des humanités: scientifiques ou littéraires, au choix également, mais sous forme de cours séminaires cette fois. Les ateliers artistiques, eux, seront perpétués dans la continuité, ou pas, de celui choisi en 1A. Enfin, les élèves auront la possibilité, au semestre 4, de suivre un cours de sociologie ou de science politique (sauf pour les doubles cursus n’ayant pas eu sociologie cette année qui ne pourront choisir que Science Politique). Mais le choix le plus capital reste celui de l’approfondissement disciplinaire.
À choisir ces jours-ci entre les trois matières fondamentales (droit, histoire ou économie), l’approfondissement disciplinaire constitue la grande nouveauté de la maquette pédagogique. Peu de détails ont été donnés par la direction de la scolarité dans le mail du 4 mars qui mentionnait pour la première fois le concept; on a cru reconnaître l’idée des « majeures » des universités américaines, mais celle-ci irait à l’encontre de la volonté généraliste du collège universitaire de Sciences Po. Françoise Mélonio nous rassure: il ne s’agit pas d’une majeure puisque cet approfondissement concerne au final peu d’heures, mais plus simplement d’un « renforcement ». Concrètement, cela représente un cours séminaire en plus dans la matière choisie au semestre 3, deux au semestre 4. Elle insiste également sur le caractère non spécialisant de ce choix, qui ne présume en rien du choix de master, et préconise de faire ce choix selon nos affinités pour chaque matière. Attention: pas de possibilité de changement entre les deux semestres de la deuxième année.
Selon l’approfondissement choisi, on pourra suivre des cours séminaires différents, plus spécifiques comme, par exemple, des cours d’économie très mathématiques ou au contraire, très conceptuels. Le deuxième cours séminaire de majeure au semestre 4 se présente comme un cours « perspective », qui tentera d’aborder la discipline choisie du point de vue des autres, mélangeant alors droit, histoire et/ou économie et permettant une plus grande cohérence de la maquette dans sa globalité. Ce choix constitue donc une première forme de réflexion sur son orientation future, qui sera continuée en 3A, mais avec l’idée importante qu’à chaque fois, c’est réversible: il n’y a pas de choix définitif, aucun rapport avec le Master que l’on souhaitera suivre plus tard.
Quel bilan pour cette réforme du collège universitaire ? Quasiment 180 crédits à obtenir en deux ans, soit le maximum international: « l’idée, c’est que le Bachelor de Sciences Po soit considéré équivalent à tous les Bachelors, y compris les diplômes américains qui se font en quatre ans. ». Avec les 180 crédits dans les murs, et les crédits supplémentaires de la 3A, l’équivalence est facile pour un diplôme généraliste au sein duquel les matières fondamentales de l’école sont présentes de façon importante sur les deux ans: mission accomplie pour le Bachelor de Sciences Po.
Nota Bene pour nos amis du double-cursus Histoire avec Paris IV: Françoise Mélonio ne trouve pas pertinent de choisir la majeure histoire pour la 2A. Compte tenu de la formation donnée à la Sorbonne, il serait préférable d’approfondir un autre domaine (droit ou histoire). À bon entendeur …
12 Comments
Reda
+10 le rat
le rat
Nota Bene pour nos amis du double-cursus HISTOIRE avec Paris IV: Françoise Mélonio ne trouve pas pertinent de choisir la majeure histoire pour la 2A. Compte tenu de la formation donnée à la Sorbonne, il serait préférable d’approfondir un autre domaine (droit ou HISTOIRE ). À bon entendeur …
petite erreur du rédacteur : si ces doubles cursus sont en histoire… ils n’ont pas à approfondir l’histoire !
@ F. Il te reste deux ans pour prouver à l’Ecole entière à quel point ta perfection est grande. Du calme, de l’observation et une bonne cure de modestie te porteront vers les choix les plus judicieux pour ta carrière d’énarque. Baisers tendres
Sarah Bouchon
« F » : troll much ? lol
Schtrumph : Si probablement, on aura toujours la possibilité de suivre des cours électifs et je doute que ceux sur le Moyen Orient soient supprimés.
Schtrumph
Plus de cours sur le Moyen Orient ? 🙁
1A
Bonjour,
Je m’appelle F., je suis en 1ere année. En toute modestie, mes résultats du 1er semestre me donnent de bonnes chances de décrocher les summa cum laude. J’ai l’intention de commencer à préparer l’ENA dès cet été afin de le passer à l’issue de la 3eme année avec mon Bachelor à la clé. En parallèle de Sciences Po, je suis en Double-cursus de droit à la Sorbonne, et je m’en sors plutot brillament. Selon vous, quel majeur dois-je prendre ? J’ai peur de m’ennuyer en droit, et je dispose déjà d’une solide culture historique. Savez-vous si la majeure d’économie prépare bien à l’épreuve de l’ENA? Je vous remercie,
F.
Sarah Bouchon
Elegie : Encore une fois, j’utilise « littéraire » ou « conceptuel » pour tenter de qualifier un cours d’économie qui ne serait pas mathématique, ou en tous cas peu. Après je n’ai pas eu les détails des différentes possibilités de cours, puisque ceux-ci ne sont même pas déterminés encore au niveau de la direction.
Elegle
Pierre & Sarah : Ah merde, cela remet en cause mon choix. J’imagine que Mélonio ne t’a (vous ?) pas donné plus de précision sur les cours à l’intérieur des « spécialités » ? Ou alors, « littéraire » ça veut dire quoi ? 😛
PS: h-2. Je sens que ça va se faire à 00h ça encore.
Sarah Bouchon
Pierre : C’est exactement ça ! Les 1A qui apprécient une approche très mathématique de l’économie pourront poursuivre dans cette voie l’année prochaine sous réserve de choisir la dominante économie, et en s’inscrivant à la rentrée dans les séminaires correspondants. A l’inverse, d’autres cours proposés dans le cadre de cette majeure seront plus « littéraire ».
Igor et Antoine : Le fait de ne pouvoir suivre qu’un cours sur deux l’année prochaine en 2A entre Espace Mondial et HDE se justifie par le désir de limiter les horaires et également de garantir à chacun dans tous les cours magistraux une place en amphi. Françoise Mélonio m’a précisée qu’il s’agissait d’un nouvel objectif pour la direction de la scolarité : éviter la surpopulation de Boutmy.
Pierre
J’ai aussi un peu de mal avec toutes ces reformes, d’autant qu’on ne sait rien pour fonder notre choix.
A titre d’exemple: que veut dire « des cours d’économie conceptuels » ? Tous les cours d’éco ne seront pas mathématisés à outrance ?
Affliction
Cet entêtement à tenter de reproduire tout ce qui peut se faire dans les universités américaines devient agaçant ; à aucun moment il ne semble être pris en compte le fait que le système de fond, avec toutes les composantes sous-jacentes que cela implique, est fondamentalement différent. Se trouver en adéquation avec son époque me semble éminemment louable, et donc toute tentative pertinente de modernisation est souhaitable. Cependant, on ne doit pas sacrifier les subsistances d’excellence de Sciences Po sur l’autel d’une pseudo-mise aux normes internationales, ni même nous détourner des racines de l’institution.
Je n’aime guère le tournant que prend Sciences Po, et je crains que l’obstination de M. Descoings à prôner la réforme perpétuelle ne conduise à Sorbonniser notre chère école…
Antoine
100% d’accord, quelle stupidité de demander aux étudiants de choisir entre deux des cours les plus intéressants du premier cycle, HDE (on fait pas grand chose, certes, mais c’est intéressant) et Espace Mondial (pas trop de boulot non plus, mais une belle ouverture d’esprit)
igor
Je n’ai pas tout compris de la réforme – non pas que l’article soit mal fait, juste que le Premier Cycle est derrière moi… Toujours est-il qu’il vraiment regrettable de demander aux étudiants de choisir entre Espace Mondial et HDE, les deux seules matières qui vaillent vraiment la peine en deuxième année, si comme moi vous n’êtes pas spécialement geek et qu’obtenir un electif/seminaire intéressant aux inscriptions pédagogiques tient du miracle