Splendeur et misères de la gestion associative à Sciences Po (3/3)

Précédemment – Après avoir justifié le passage de relais dans la gestion des cours de pratique artistique du BDA, l’administration a nié en bloc toute coupe du budget associatif évoquant plutôt une « réallocation ». L’opacité totale de la ligne “Subventions aux associations étudiantes” dans le budget ne nous permet pas de nous renseigner concrètement sur la façon dont est géré le financement associatif. Une chose est certaine :  le BDA et l’AS se sont vus retirer certaines de leurs subventions.

Les associations ont fait du bruit au premier semestre. L’UNEF, en tête de la mobilisation, a porté le fort attachement à la vie associative partagé par la majorité des étudiants. Toutes évoquent une « réforme du financement associatif » souhaitée par Sciences Po. Mais aucune n’en connaît le détail. Entre reproches et solutions, voici le bilan de la mobilisation étudiante et de notre enquête.

© Claire Guillemin

 

Ce que répond le BDA

La Direction de la Vie Universitaire a redonné au BDA le flambeau de l’organisation de ses cours de pratique artistique. En cause : un « questionnement juridique » et un « manque de visibilité » sur la maquette pédagogique, vis à vis des ateliers artistiques obligatoires.

« Nos cours sont complémentaires aux ateliers artistiques », précise Mona Oiry, présidente du BDA. « Ces derniers ont une partie théorique conséquente alors que nos cours se concentrent sur la pratique artistique. Par ailleurs, la démarche de création n’est pas notée. Il y a ainsi moins de pression et de contraintes pour les étudiants », poursuit-elle. Sans oublier que seuls les étudiants de première et de deuxième année bénéficient de ces ateliers obligatoires.

© BDA

Les crédits ECTS associés à ces cours d’option ont été supprimés. Une regrettable décision selon Mona Oiry pour qui ces enseignements bénéficiaient d’une « valeur reconnue par Sciences Po et apparaissaient donc dans les relevés de note ».

Mystérieusement, les cours de sport de l’AS restent, eux, toujours crédités…

Sur la prérogative de l’organisation des cours redonnée au BDA, Mona Oiry se souvient amèrement d’une « transition qui a été très mal gérée. On a du tout faire seuls : cet été, lors de l’organisation des cours du premier semestre, nous n’avons eu de la DVU ni soutien juridique ni logistique ».

Enfin, sur le plan financier, le BDA restera sur le fil tant que le budget de la Commission de Vie Etudiante n’augmentera pas.

 

Une menace « fantôme » ?

Toute la difficulté de ce dossier réside dans l’absence de preuve écrite d’une « réforme du financement associatif » pourtant décriée sur tous les toits. Si les mutations de la gestion associative dans l’école ne sont plus à démontrer, reste à connaître le fin mot de cette histoire.

Mettre un terme aux subventions et de aux dotations a été décidé par l’administration, sans consultation préalable des conseils d’élus. Initiée en janvier 2015 cette réforme quasi “fantôme” s’apprête pourtant à évoluer puisque qu’un groupe de travail au sein de la Commission Paritaire a vu le jour. Les représentants étudiants vont donc pouvoir s’exprimer.

 

Après la tempête le beau temps

« Nous avons récolté 1800 signatures sur les pétitions, 60 lettres d’associations reconnues, nous avons organisé un happening, des réunions publiques et même les campus délocalisés se sont mobilisés », appuie fièrement Josselin Marc, président de l’UNEF Sciences Po, en guise de bilan de leur mobilisation.

© Unef

« Désormais, grâce au soutien des étudiants ces dernières semaines, nous sommes dans une perspective de construction et de négociation. Nous sommes maintenant écoutés par l’administration« , se réjouit-on dans les rangs du syndicat.

Frédéric Mion aux côtés d’Andreas Roessner a en effet reçu les associations permanentes mobilisées et l’UNEF le 29 Octobre dernier. « Frédéric Mion a émis le souhait de trouver des solutions pérennes et sereines pour l’AS et le BDA. Il convient qu’elles doivent être capable de réaliser leur mission », relate Josselin Marc.

Si « solution pérenne » reste une promesse assez vague, le BDA s’en trouve satisfait. « Dans le discours porté, il y avait une volonté d’ouverture et un accord sur des changements éventuels des modes de financement avec, éventuellement, un retour aux dotations annuelles. Cette réunion a marqué l’ouverture d’une phase de dialogue et de travail avec l’administration. Je ne peux que le saluer. On verra l’aboutissement concret pour l’an prochain », souligne Mona Oiry.

Du côté de la Direction de la Vie Universitaire, « Nous sommes en train de revoir une partie de l’allocation des fonds mais il est trop tôt pour vous faire des annonces précises », précise Andreas Roessner.

Si l’administration a obtenu l’apaisement en promettant de trouver une solution, le seul moyen d’assurer la sérénité de la vie associative reste, plus que jamais, la transparence budgétaire et le dialogue. Dans le cas contraire, les étudiants resteront les seuls à défendre coûte que coûte leurs associations à Sciences Po, comme ils ont su, et heureusement, le faire ces dernières semaines.