Élections régionales 2021 : Julien Bayou (EELV) présente ses ambitions pour la jeunesse francilienne

Mercredi 17 mars, La Péniche a assisté à une conférence de presse organisée par le parti Europe Écologie Les Verts, dans le cadre de la campagne des élections régionales en Île-de-France. À cette occasion, nous avons rencontré Julien Bayou, secrétaire national du parti écologiste et candidat à la présidence de la région (1). Lors de cette rencontre, plusieurs sujets ont été évoqués par les syndicats invités, puis par Julien Bayou, qui a présenté ses ambitions pour la jeunesse francilienne. Deux enjeux principaux ont émergé de ces prises de parole, le premier lié au climat et à l’éco-anxiété, le second associé à la précarité croissante des jeunes.

Écologie et participation politique

La question des bâtiments scolaires a par exemple été évoquée par l’UNL (Union Nationale des Lycéens), interrogeant le rôle des éco-délégués, privés selon le syndicat lycéen d’une participation concrète à la prise de décision relative aux enjeux écologiques. À ce sujet, Julien Bayou a évoqué son souhait de mettre en place un « conseil des éco-délégués », réaffirmant l’importance cruciale de la prise de parole des jeunes au sein des institutions. Concernant les bâtiments scolaires, Julien Bayou a regretté le « peu de rénovations » réalisées par Valérie Pécresse. Selon le candidat, la région aurait investi davantage dans les toilettes d’un établissement situé à Saint-Germain-des Prés (75) que dans l’intégralité d’un autre bâtiment scolaire à Coulommiers (77). À cet égard, Julien Bayou a réaffirmé sa volonté d’accélérer la rénovation de ces bâtiments, souvent sujets à l’amiante, à l’origine de nombreux cancers.

Précarité étudiante

L’UNEF (Union Nationale des Étudiants de France) a également mentionné le cas des transports franciliens, exigeant une gratuité à moyen ou long terme. À ce sujet, Julien Bayou a affirmé souhaiter mettre en place une tarification sociale, une gratuité complète étant pour le moment difficilement envisageable en raison de considérations budgétaires. L’AGEP (Association Générale des Étudiants de Paris), exprimant le même souhait quant à la tarification des transports franciliens, a également évoqué les aides d’urgence, jugées trop difficiles d’accès par le syndicat étudiant. Ce dernier a également mentionné l’ouverture du Revenu de Solidarité Active (RSA) aux jeunes de moins de 25 ans, mesure à laquelle Julien Bayou s’est déclaré favorable. Le secrétaire national d’EELV a par ailleurs annoncé souhaiter expérimenter un revenu universel dans une commune de 5 000 habitants, à destination de mères célibataires et de jeunes adultes, projet qu’il partage avec un Benoît Hamon renouant avec la politique, rallié au candidat écologiste dans les Yvelines (78).

D’autres enjeux tels que les logements étudiants ou l’accès à la santé ont été mentionnés par les syndicats présents. À cet égard, Julien Bayou a déclaré souhaiter mettre en place des centres de santé publics gratuits, à proximité des universités, afin d’assurer un meilleur suivi des étudiants. Le candidat à la présidence de la région a également défendu une logique de soutien au gel des loyers tout au long de la situation sanitaire, puis d’encadrement, afin de permettre aux jeunes de disposer de véritables logements plutôt que d’hébergements d’urgence.

« Fin du monde, fin du mois, même combat ? »

Alors, « fin du monde, fin du mois, même combat » ? La Péniche a interrogé Julien Bayou sur les moyens qu’il souhaitait mettre en place à l’échelle régionale pour soutenir les jeunes, particulièrement engagés dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi sujets à une précarité croissante. Une enquête réalisée par Monique Ronzeau, présidente de l’Observatoire national de la vie étudiante, affirmait par exemple qu’un tiers des étudiants français interrogés déclarait avoir rencontré des difficultés financières depuis le début de la crise sanitaire (2).

Julien Bayou

À ce sujet, Julien Bayou a tout d’abord réaffirmé son enthousiasme vis-à-vis de cet engagement croissant de la jeunesse : « Je voudrais ré-insister sur le fait que cet engagement est merveilleux, qu’il nous bouscule. C’est émouvant. Je pense aux générations passées qui [évoquaient des] générations qui aujourd’hui sont dans la rue et dans les urnes. Nous ce qu’on veut, c’est les [inclure] dans les institutions […]. » Le secrétaire national d’EELV a néanmoins insisté sur l’importance de ne pas culpabiliser ceux qui ne sont pas en mesure d’avoir un comportement idéal en matière environnementale : « Côté citoyens et citoyennes, l’action individuelle est importante, mais il faut un continuum, de [cette] action individuelle à l’action des institutions. Parce que si vous et moi [devenons] exemplaires, mais qu’on laisse Total forer au large de la Guyane ou Lafarge rejeter des produits toxiques en toute impunité dans la Seine, on aura raté l’essentiel. Moi, je ne pousse pas et je ne culpabilise pas les gens qui par nécessité ne peuvent pas s’offrir ce qui aujourd’hui malheureusement est un luxe. Par contre, ce sur quoi la région peut intervenir, c’est démocratiser l’excellence ou le bio. Quand on développe le bio dans les cantines, c’est bien sûr d’abord le climat, la lutte contre les pesticides, le soutien aux agriculteurs et à la santé, mais c’est aussi une logique de justice sociale, parce qu’on sait que quand on développe des alternatives végétariennes à 10 centimes, peuvent venir manger des enfants dont les parents n’ont pas les ressources. […] C’est enclencher un cercle vertueux, c’est un peu première classe pour tout le monde si vous voulez. De la même manière, investir dans les détergents les plus propres dans l’entretien des lycées signifie une meilleure santé pour tous. »

Le candidat à la présidence francilienne a enfin réaffirmé l’importance cruciale des institutions dans la lutte contre le changement climatique : « Clairement, je crois qu’il ne faut pas culpabiliser les gens, parce qu’encore une fois, si vous et moi on est exemplaires mais qu’on laisse la pollution dans cet état, du fait du trafic automobile [par exemple], [ça ne suffira pas]. On sait par exemple qu’il n’y a pas une école en Île-de-France qui est dans les clous en termes de normes sanitaires. Si on veut lutter pour le bien-être, le climat, la santé, on doit agir au niveau structurel qu’est la région. »

Julien Bayou
Violences et harcèlement

On, le journal de l’université La Sorbonne, a également interrogé Julien Bayou sur les violences qui ponctuent l’actualité de ces dernières semaines, en Île-de-France notamment. Comment lutter contre le développement de tels affrontements, qui impliquent des individus souvent très jeunes ? « D’abord, il faut regarder les chiffres en face », a affirmé Julien Bayou. « L’Île-de-France concentre la moitié des rixes recensées. » Le candidat à la présidence de la région a ensuite décliné sa réponse en trois parties : le développement de moyens humains, de logiques de prévention et de moyens matériels.

« Nous voulons d’abord des moyens humains, que la police nationale renforce sa présence sur le terrain. Valérie Pécresse a avalisé le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux : sans surprise, ça se traduit par moins de fonctionnaires de police. […] C’est une logique comptable. [Cependant], […] on ne peut pas considérer la sûreté, le bien-être comme une [valeur] marchande. […] Ensuite, il faut développer une logique de prévention. La suppression de la police de proximité était une erreur. Là encore, c’est une logique comptable qui a prévalu. Nous voulons aller vers le plan Borloo avec des correspondants de nuit et une présence apaisante sur le territoire parce qu’on connaît les acteurs de ces lieux. Enfin, il y a une logique de moyens techniques. Pour schématiser, j’ai rencontré un commissaire à qui on a donné une arme de guerre, mais qui n’a pas la voiture qui va avec. Ça ne lui sert à rien d’avoir une arme de guerre s’il n’a pas les talkie walkies ou une voiture en bon état pour circuler. On revient à la question des moyens techniques. Autour de Drancy ou Trappes, vous avez deux à trois voitures la nuit pour patrouiller sur des zones de plus de 100 000 habitants. Des maires de droite le disent également, il y a un manque de moyens humains et techniques. »

Julien Bayou a également souligné la nécessité de revoir l’aménagements de territoires « qu’on a laissés se dégrader », ainsi que d’investir économiquement « là où il y a un désespoir, de la demande d’emploi et beaucoup de discriminations ». Enfin, le candidat à la présidence de la région est revenu sur un sujet de débats, la légalisation du cannabis, à laquelle il s’est déclaré favorable, avant de conclure : « Je pense qu’il faut prendre le temps de développer ces six axes pour prétendre lutter sérieusement contre ces phénomènes de violences. Si on se contente de [ce que] fait Darmanin, qui envoie des gens pendant deux semaines, et puis ensuite, c’est reparti, non seulement on ne traite pas le sujet mais on arnaque les gens. »

Julien Bayou a cependant complété son intervention, en évoquant d’autres types de violences, trop souvent oubliées selon le candidat écologiste : « Quand on parle de sécurité en acception normale, on a tendance à parler des incidents de sécurité publique, tout en occultant les violences domestiques à l’égard des femmes et des enfants. Pour nous ça relève de la sécurité. Si vous parlez de sécurité mais que vous n’adressez pas les transports et la question du harcèlement à l’égard des femmes, n’investissez pas dans les moyens humains pour assurer une présence, vous êtes disqualifiés à parler de sécurité. […] Ensuite on peut aller sur les questions de l’insécurité alimentaire, l’insécurité dans l’accès aux soins… Tout ça oblige à dépasser les simples slogans et à travailler le fonds du sujet ».

Concernant le harcèlement scolaire, Julien Bayou a exprimé la volonté de développer des correspondants dans les lycées, pour former à l’usage des réseaux sociaux, soulignant l’importance de la « formation de cette jeunesse à l’exposition et à la mémoire qui survit sur les réseaux sociaux, quand les générations précédentes y échappaient », mais aussi du corps enseignant et des forces de police. « Là encore on retombe sur des questions de harcèlement et de violences sexistes et sexuelles, parce que pour porter plainte, il faut pouvoir être accueilli et cru et ça n’est pas le cas. Donc il y a une logique que nous expliquent les associations féministes de terrain de former non seulement les lycéens et les lycéennes, mais aussi tout le corps enseignant et les agents à repérer des signaux de fragilité, de détresse… »

Finalement, cette rencontre entre Julien Bayou et les syndicats présents s’est articulée autour d’enjeux divers, écologiques bien sûr, mais aussi sociaux et politiques. À cet égard, la critique du candidat écologiste envers le gouvernement s’est animée dans la dénonciation régulière d’une jeunesse « abandonnée », menée par une Ministre de l’Enseignement Supérieur à « l’emploi fictif ».


Crédit images : Elise Ceyral

Image de couverture : Julien Bayou entouré des représentants syndicaux présents (de gauche à droite : Bérangère Poncet, Vice-Présidente de l’AGEP, Adrien Lienard, Vice-Président de l’UNEF et Mathieu Devlaminck, Président de l’UNL).

(1) Liste L’Écologie

(2) PAIRO-VASSEUR, Alice. « Précarité étudiante : une crise ‘sans précédent’ ». Le Point, [en ligne], 26/02/2012. URL : https://www.lepoint.fr/societe/precarite-etudiante-une-crise-sans-precedent-26-02-2021-2415544_23.php