Les élections étudiantes selon la tête de liste de l’UNI
Victor Gaspard, étudiant en M1 à l’école d’affaires publiques, est la tête de liste de l’UNI Sciences Po pour l’élection au Conseil de l’Institut. Il a répondu aux questions de “La Péniche”.
L’UNI Sciences Po propose une réforme de la procédure d’admission, centrée autour du retour d’une épreuve écrite et d’un oral en présentiel. Pourquoi revenir sur la procédure d’admission par Parcoursup qui a permis une plus grande diversification des profils (notamment plus de boursiers qui n’ont pas fait une prépa privée) ?
C’est l’un des points phares de notre programme. La nouvelle procédure d’admission n’a pas permis de diminuer l’impact des prépas privées. Le problème n’est pas Parcoursup, mais la nouvelle méthode d’admission. Avec les grands écrits personnels, l’écart est violent entre ceux qui pourront faire relire leurs écrits dans le cadre de prépas, et ceux qui n’ont pas les moyens de faire une prépa privée.
Ces prépas existaient dans l’ancien système avec les épreuves écrites. Nous voulons corriger cette inégalité en essayant de limiter l’impact des prépas privées. Nous proposons de rendre accessible gratuitement, sur le site de Sciences Po, tous les cours et les connaissances nécessaires à la préparation de l’épreuve écrite, ainsi que des points méthodologiques précis.
Pour continuer à élargir les profils des admis, nous proposons l’extension des CEP dans des zones rurales où il y a également de la pauvreté. Le changement de procédure a transformé le rôle de la CEP, il n’est plus une modalité d’admission à part entière, mais un acteur de soutien à des lycées souvent confrontés aux difficultés socio-économiques. Une extension permettrait ainsi une diversification sociale et territoriale des profils.
L’UNI Sciences Po a salué les dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles mis en place par Sciences Po. Que proposez-vous pour les améliorer ?
Nous saluons le travail qui a été fait en amont par Sciences Po sur les questions de formation et de prévention. En revanche, il y a un travail à faire en aval. Quand l’administration décide de faire des changements d’emploi du temps pour que la victime ne croise pas son agresseur présumé dans les couloirs, c’est un vrai problème. Cela n’est pas suffisant. Si nous devons pouvoir faire confiance en la justice pénale lorsqu’un étudiant souhaite l’interpeller, l’administration a aussi des pouvoirs propres pour pouvoir agir. Elle doit prendre ses responsabilités. Cela peut aller jusqu’à l’exclusion de la personne incriminée. La prise de conscience de l’importance du sujet a été faite. Maintenant, il faut des actes. D’autres actions concrètes doivent aussi répondre à ces problématiques : plus de psychologues, des pôles santé de qualité en campus, ou encore une sécurité renforcée lors des évènements.
La gratuité de l’année de césure est une mesure que vous portez à l’instar d’autres syndicats (Unef, Nova). Qu’en est-il du maintien de complément de bourses pour les étudiants boursiers qui décident de faire une césure ? Aujourd’hui, Sciences Po supprime cette aide en cas de césure.
Nous voulons le maintien de ce complément de bourse pour ces étudiants qui peuvent, eux aussi, se trouver en situation de précarité. C’est un sujet qu’il faut traiter.
L’UNI Sciences Po propose un droit de pétition des étudiants. Quelles sont les modalités concrètes de cette mesure ?
L’idée est d’avoir un droit de pétition pour les étudiants. Après avoir recueilli une centaine de signatures sur un sujet précis, cette pétition serait portée à l’ordre du jour au CI et au CVEF. Il faudra alors une concertation dans les prochains conseils pour définir clairement les modalités de sa mise en place.
Certains dénoncent la proximité de l’UNI avec l’extrême droite, notamment avec les réseaux de Génération Z. Selon Jacques Smith, délégué national de l’UNI, de nombreux militants de votre syndicat militent dans des organisations de soutien à Eric Zemmour. Votre liste est-elle perméable à l’extrême droite ?
Les propos de Jacques Smith n’engagent que lui. Personnellement, je ne milite pas pour Génération Z. Certaines sections de l’UNI sont aussi tenues par des militants de centre-droit, membres d’Horizon, le parti d’Edouard Philippe… Il y a une grande diversité des profils à l’UNI.
Notre syndicat rassemble toute la droite, mais aussi des étudiants moins politisés ou simplement intéressés par les engagements que nous portons. Si des militants ont envie de lancer une initiative étudiante en soutien à un politique, ils peuvent le faire en dehors du cadre de l’UNI. Je ne suis pas là pour faire la police de la pensée.
Quand on lit notre programme, trouvez-moi un élément qui se réfère à ces accusations. L’écologie, l’interdiction de distribuer des bouteilles en plastique, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la fin de l’augmentation des frais de scolarité sont des mesures concrètes, portées par notre liste pour Sciences Po et ses étudiants, loin de toute prise de position partisane. Si sur 91 propositions, la seule réponse que l’on peut nous apporter consiste en des accusations à l’emporte-pièce, alors cela est révélateur du manque d’intérêt porté aux problématiques étudiantes. J’invite tous les étudiants à lire notre programme pour se faire leur propre opinion.
Note de la rédaction : les interviews des listes candidates sont publiées sans ordre particulier. Leur publication dépend uniquement de leur date de réalisation et donc de la disponibilité des syndicats.