Doctor Sleep : une digne suite de Shining ?

Une discussion dans la cafétaria du 27, un jour de novembre 2019 : « Shining ? J’ai jamais regardé, car j’ai peur d’en avoir peur, et j’aime pas les films d’horreur. » commence Célia. « Je ne savais même pas que c’était du Kubrick, lance Dylan, il paraît que c’est un classique absolu, mais je suis nul en ciné. » Louise conclut : « si ça fait peur alors je n’ai pas regardé ».

Nous voilà bien avancés, moi qui étais persuadée que tout le monde avait vu le CHEF d’ŒUVRE, le MEILLEUR FILM D’HORREUR DE TOUS LES TEMPS (selon la chaîne Youtube Tales From The Click) de l’IMMENSE REALISATEUR Stanley Kubrick, j’ai nommé Shining, film de 1980 avec Jack Nicholson (le meilleur Joker ?) Shelley Duvall et Danny Lloyd. Adaptation du roman de Stephen King, que celui-ci avait d’ailleurs détesté, le film a déjà reçu un hommage très appuyé en 2018 dans le film Ready Player One de Steven Spielberg. Rebelote donc en 2019 avec ce Doctor Sleep de Mike Flanaghan (qui a déjà réalisé Jessie, autre adaptation d’un roman de l’auteur du Maine), tiré de la suite du livre de King. Décidément, cette année est placée sous le signe de cet auteur prolifique avec déjà Ça chapitre 2 en septembre. Alors, quel verdict ? Suite de trop ou digne héritier de Shining ?

Si vous vous attendiez à un film à jumpscares type La Nonne ou Annabelle, et à pousser de francs cris de terreur, passez votre chemin. Doctor Sleep est une adaptation qui prend son temps, instaure un certain malaise mais qui retourne souvent les situations. En fait, comme Shining, on n’a pas vraiment peur devant le film, contrairement à la série du même réalisateur The Haunting Of Hill House. Moins dramatique que le prédécesseur et jouant plus sur une aventure d’actions avec de nombreuses péripéties, le film tarde à démarrer et se perd un peu dans les époques et les lieux. Mais une fois que l’intrigue principale commence, on est entraîné dans cette histoire ésotérique pleine de sorcières et autres médiums. Le film ne fait pas de fan service inutile et pose un vrai univers, exploitant tout le talent d’Ewan McGregor, de Rebecca Ferguson et de la jeune Kyliegh Curran.

En fait, si Stephen King qualifiait Shining de « trop froid, alors que mon livre respirait la chaleur », ce film illumine ses personnages, les traitant avec empathie. Danny, l’enfant traumatisé par l’hôtel Overlook et son père, est devenu un adulte souffrant de ses addictions, mais plein de bonnes volontés et prêt à aider la jeune prodige Abra. Nous ne sommes pas face à de simples personnages là pour se faire effrayer à chaque instant, mais bien des protagonistes de leur histoire d’émancipation.

Enfin, si Doctor Sleep ne fait pas si peur, il propose une réflexion intéressante sur les blessures de l’enfance et sur la rédemption. Plutôt inattendu et réussi malgré les attentes énormes qui peuvent peser sur lui, Mike Flanaghan prouve encore une fois qu’il est un des meilleurs réalisateurs « d’horreur » actuels, appelé à réinventer un genre qui peinait à se renouveler à Hollywood. En somme avec ce film, si vous avez aimé Shining, mon petit doigt me dit que vous serez heureux de retourner voir les fantômes de la chambre 237.