Direction de Sciences Po : vers une reconduction de Frédéric Mion

Cinq ans après une compétition des plus agitées et médiatisées, la désignation du directeur de Sciences Po et de l’administrateur de la FNSP ( Fondation Nationale des Sciences Politiques ) se fait cette année dans la plus grande discrétion. Frédéric Mion, dont le projet repose en partie sur l’élaboration de l’Hôtel de l’Artillerie, a été approuvé hier à l’unanimité par la commission de proposition face à Isabelle Barth et semble être le grand favori à sa propre succession.

Un long processus pour une nomination discrète

Le processus de désignation a débuté dès septembre par la mise en place de la commission chargée de sélectionner les candidatures et d’émettre une proposition aux conseils de décision finale. Cette commission regroupe au total douze membres. Elle est composée des membres du Conseil d’Administration de la FNSP tel qu’Olivier Duhamel ( président de la FNSP ) et Laurence Parisot ( ex-présidente du MEDEF ), mais aussi de membres du Conseil de l’Institut à l’instar de Nicolas Metzger, son président. D’autres personnalités du monde universitaire se sont également jointes à la commission.

Contrairement à la précédente élection de 2013, conséquence du décès de l’ex-directeur de Sciences Po Richard Descoings, les candidatures déposés sont clairsemées. Seules trois candidatures ont été déposées. Parmi elles, deux ont été retenues par la commission de proposition. Ainsi, la candidature de Frédéric Mion ne surprend personne : l’ancien énarque et sciences-piste briguant un nouveau mandat a en effet confirmé son désir de poursuivre son travail à la direction de Sciences Po lors de sa traditionnelle interview de Sciences Po TV de septembre dernier (à retrouver ici : https://www.youtube.com/watch?v=Plzd3D_bHt4).

Une « outsider » comme grande surprise de la campagne

La candidature d’Isabelle Barth a néanmoins suscité de nombreuses réactions. Passée par une école de commerce avant de s’orienter vers la recherche en sciences de la gestion, cette ancienne directrice de l’EM Strasbourg Business School a motivé sa candidature sur son blog en dix points principaux, dont l’ajout de nouvelles disciplines comme la philosophie et les sciences de la gestion, favoriser la transparence au sein de l’institution ou encore une revitalisation des campus en région.

Après avoir constaté le classement sans suite de sa candidature, la professeure de l’université de Strasbourg a affiché sa déception par une publication sur son profil LinkedIn intitulée « Ils ont marché sur mes rêves ! » : si elle indique n’avoir « ni regret, ni remords », elle se veut critique vis-à-vis de la commission de proposition :

« La commission a préféré ne pas prendre de risque et de ne pas challenger le candidat sortant, ce qui aurait pu être l’occasion de débats, de controverses, d’affermir les projets, de valider ou revalider les légitimités. Étonnante position de ceux et celles qui sont censés former des jeunes au l’exercice du pouvoir en démocratie »

La proposition de Frédéric Mion doit encore être acceptée le 13 et 14 février, cette fois par le Conseil de l’Institut et le Conseil d’Administration à travers un vote secret. Les délibérations sont alors possibles. Le candidat vainqueur est nommé avant le 27 mars. Le décret de nomination sera signé par le Président de la République, Emmanuel Macron. Le décret de nomination de l’administrateur de la FNSP est quant à lui publié après avoir été signé par la ministre de l’Enseignement Frédérique Vidal. Cette double nomination est le fait du statut hybride de l’institution.

Toutefois, très peu de doutes semblent possibles quant à la reconduction de Frédéric Mion pour cinq années supplémentaires : la large majorité du chemin pour la nomination ayant été franchie sans aucune difficulté pour l’ancien secrétaire général de Canal+, il y a fort à parier que les prochaines étapes ne sont désormais que de simples formalités administratives et juridiques.