“Deux Moi” en présence du réalisateur Cédric Klapisch, la première projection-débat de l’année réussie pour Close Up
Ce jeudi 5 octobre dernier, Close Up a organisé une projection de Deux Moi à la Filmothèque du Quartier Latin, suivie par une série de questions-réponses en présence de Cédric Klapisch, le réalisateur. Et cette première projection de l’année par l’association a été possible grâce à… Instagram, pour le contacter. Ils ont DM le réalisateur Cédric Klapisch, et ça a marché. Simple, efficace, mais il fallait y penser.
La salle de la Filmothèque était remplie avec ses beaux fauteuils rouges (sans punaises de lit on l’espère). 19h30, les lumières s’éteignent, et c’est parti pour 110 minutes dans le Paris de Mélanie (Ana Girardot) et Rémy (François Civil).
Ils sont voisins mais ne se connaissent pas, se croisent tous les jours sans se voir, et traversent seuls tous les deux un épisode dépressif. L’heure du bilan s’impose, et c’est chez le psychanalyste que Cédric Klapisch a voulu les faire parler. Le scénario est construit comme un parallèle habile entre leurs deux vies, à la fois semblables et si différentes. Le bruit du métro parisien comme musique de fond, il devient alors facile de s’identifier aux personnages perdus face aux nouvelles étapes de leur vie.
Anti histoire d’amour, le film ne les fait se rencontrer que dans ses dernières minutes. Le spectateur est alors libre d’imaginer la relation heureuse qui va suivre et qui semblait au point d’arriver à chaque scène. Cédric Klapisch a lui-même insisté sur cette dimension. Son film n’est pas une comédie-romantique, malgré l’étiquette qu’on a voulu lui coller. Le réalisateur a préféré mettre en avant ce sentiment de solitude, voire même d’aliénation, ressenti par tant de jeunes, notamment dans les grandes villes et à l’ère des réseaux sociaux.
Comme pour chaque facette de son film, il a réalisé ce qu’il compare à une enquête journalistique : de longues recherches en amont ainsi que des entretiens sur les sujets qu’il traite et sur le ressenti des personnes concernées. Il s’est donc rendu chez des professionnels de santé mentale, mais a aussi raconté, sous les rires de la salle, comment il a dîné avec des jeunes femmes utilisant Tinder, afin de mieux retranscrire les émotions de Mélanie qui scrolle tardivement sur des applications de rencontre. Cependant, malgré ces problématiques assez dures et souvent difficiles à aborder, Cédric Klapisch a su faire rire sincèrement toute la salle, pendant le film, et même après par ses réponses.
Close Up a également voulu mettre en lumière la carrière du réalisateur de l’Auberge Espagnole. Klapisch a notamment pu se confier sur sa passion pour la danse, et a révélé qu’il est actuellement en train de mettre en scène un opéra, le premier de sa vie. “Je suis actuellement stagiaire” a-t-il même rigolé. Il a aussi parlé de ses méthodes de casting ou de ses liens avec des acteurs maintenant grandes figures du cinéma français, entre sa fierté d’avoir découvert Romain Duris et François Civil, et son premier mauvais avis sur Audrey Tautou, qui a immédiatement changé dès leur deuxième rencontre. Ouvert à toutes les questions et sincèrement touché par les éloges sur ses films, Cédric Klapisch a offert à Close Up et aux habitués de la Filmothèque une soirée à l’image de son cinéma : pleine de rires et de partage d’émotions.
Crédits photo : Close Up