Ce que l’on aimerait trouver au pied du sapin

ls02.jpgS’il y a une période fétiche de l’année parmi les autres fêtes, anniversaires, occasions toujours plus nombreuses de consommer, c’est bien Noël. Quelle meilleure occasion que d’écrire un article à six mains afin de vous faire partager ce que nous avons apprécié, n’avons pas aimé, ou découvert en 2008 ? En espérant que cette liste de Noël, loin de toute exhaustivité, vous permette de découvrir des artistes et/ou œuvres qui n’ont pas retenu votre attention l’an dernier.

Pierre Catuli • 3A, George Washington University

Ce que j’ai aimé en 2008 : la pièce Par-dessus bord (1967), de l’ex-PDG de Gillette Michel Vinaver, par Christian Schiaretti du TNP, au Théâtre de la Colline.

Six heures de pur bonheur, où deux entreprises, un petit monde (la France ?) changent sous nos yeux alors que Mai 68 et sa jeunesse rentrent dans le rang, leurs illusions libertaires ingérées et perverties, tout en s’attardant, en passant, sur la mythologie scandinave. Formidablement joué, notamment par Olivier Balazuc. Superbement mis en scène et très bien accompagné par un quartet de jazz live. Et je ne parle pas des qualités de danseur de la troupe, surtout de D.K, que son fils reconnaîtra! Plus qu’une pièce, une épopée capitaliste pop et intelligente à revoir absolument si elle devait être remontée.

Par contre, je n’ai pas aimé : Ringo Starr qui ne veut plus répondre à son courrier, la reformation à l’odeur de réchauffé du couple Pacino-De Niro pour le mauvais Righteous Kill, et le fait qu’une année de plus, Frank Sinatra n’ait pas donné de nouvelles.

Ah, et si jamais vous pensez à moi, j’aimerais qu’on m’offre: le 3e coffret Nova et le DVD du film Le premier jour du reste de ta vie.

Radio Nova sort la troisième édition, bleu turquoise, de son déjà culte coffret cubique et fantastique. Dedans, un live mythique de Funkadelic, des morceaux de Ray Barretto ou de Fink, de Jill Scott ou de Black Uhuru. Classique, facile, bobo. Incontournable. A acheter le sourire aux lèvres et la fleur au fusil, surtout sans regarder le prix, avant qu’il ne s’épuise. J’aimerais aussi le DVD de mon film préféré pour cette année: Le premier jour du reste de ta vie de Rémi Bezancon. Parce que The Dark Knight, le bien, le mal, ça va deux minutes.

Antoine Genel • 2A, Responsable photographe

Ce que j’ai aimé en 2008 : The Killers, Day & Age.

Vous avez tous écouté au moins une fois « Somebody told me » ou « Mr Brightside ». Les Killers reviennent avec Day & Age et se renouvellent. Ca fait du bien. Cet album est généralement reconnu pour son originalité ; c’est à la fois un avantage et un inconvénient : certains détesteront, d’autres aimeront. Je suis sûr que chacun y trouvera néanmoins « son » morceau, que ce soit le single « Human », le très original « This is your life » ou encore « Spaceman » et « Joy ride ».

Ce que je n’ai pas aimé en 2008, ni même avant : Les chèques Cadeau Fnac.

Non, non, non. Tu choisiras un cadeau, même s’il est pourri, mais tu n’offriras pas à un chèque cadeau. Le chèque cadeau est le paradigme de la dépersonnalisation du cadeau et donc de l’ignorance de la personne à qui on fait le cadeau, de ses goûts, etc. Souvenez-vous: c’est l’intention qui compte. Un chèque cadeau, ce n’est pas une intention.

Ce qui me ferait plaisir de trouver au pied du sapin : Geoff Dyer & Helle Crenzien, Richard Avedon, Photographs, 1946-2004.

Richard Avedon est probablement le plus grand photographe américain de l’après-guerre, il a réinventé la photographie de mode et le portrait, et il a dépeint une Amérique que l’on n’avait jamais vu ainsi. Autant de bonnes raisons d’offrir ce livre ! Vous y trouverez non seulement ses photos de mode, les plus classiques comme les plus originales (Dovima with elephants), mais aussi ses séries comme In the American West ou bien On Democracy.

Antoine Guironnet • 3A, Boston University

En 2008, j’ai découvert et vraiment aimé : 28 Millimètres, Portrait d’une génération, par JR et Ladj Ly publié aux Éditions Alternatives chez Gallimard en Octobre 2006.

Kourtrajmé (court-métrage), collectif touche-à-tout a réalisé un affichage public à portée citoyenne, ayant pour but de mettre en avant la représentation de la banlieue dans ses propres quartiers, et à Paris.

Pris en 2005 en réaction aux émeutes de novembre, les clichés montrent ceux stigmatisés comme “jeunes de cités” par le discours médiatico-politique dans des plans parfois très serrés, leurs grimaces occupant tout l’espace de la photo, ou bien dans leur lieu de vie quotidien. Le livre préfacé par Vincent Cassel (membre, ami, compère de longue date du collectif) regroupe en grand format (24cm*34cm) 28 portraits en noir et blanc, considérés comme “les plus expressifs de la série” (présentée en ligne).

En 2008, je n’ai pas du tout aimé : A Cross The Universe, le DVD de Justice réalisé par Romain Costa-Gavras, du collectif Kourtrajmé, et So-Me, graphiste attitré du label Ed Banger. Sorti en Novembre 2008. Existe en version collector avec un livret de 44 pages que je n’ai pu consulter.

“Pourquoi changer une équipe qui gagne ?”. Parce que parfois, elle s’avère décevante ou surestimée. La bande de potes revient en rayon sur deux différents supports vendus en un : le CD audio de la tournée “A Cross The Universe” du duo français Xavier de Rosnay et Gaspard Augé, et le DVD, compilation d’images tournées en concert, sur la route, et dans les coulisses. L’intérêt de voir l’Amérique dont l’intérêt est ici identifié à ses marginaux, le chauffeur du car, et les grandes routes, est vite limité.
Le son lors des séquences “live” est mal mixé. Un son brut et énergique peut certes être un argument de vente, mais une piètre qualité vidéo et sonore sur un DVD laisse dubitatif. Voir Xavier casser une bouteille sur la tête de quelqu’un avant un concert ou visiter une villa vendue 10 millions de dollars peut aussi paraître déconcertant, si l’on cherche à assigner un quelconque sens à tout ceci.
Dans le même genre, moins brouillon quoique se réclamant plus “underground” et distribué sur internet gratuitement, One More Song, Episode 1: Hooligan Disco par Jean-Baptiste de Laubier, alias Para One, qui filme les tribulations du très bon collectif Institubes.

Une idée de cadeau ? L’assurance de trouver une soirée La Péniche programmée pour la fin mai – début juin, dans la joie et la bonne humeur.

Crédit photo : Lobster & Swan.