L’art oratoire fait sa rentrée à Sciences Po
Sciences polémique (SPK) a fait sa rentrée avec deux évènements majeurs, le Choc des 1A et les Triplétades, qui ont fait découvrir l’art oratoire aux étudiants de première année.
SPK est l’une des six associations permanentes de Sciences Po, et un protagoniste majeur de la vie associative de l’école. Depuis plus de dix ans, elle accompagne les étudiants de tous niveaux dans leur parcours d’orateur, en proposant des formations à la prise de parole en public, et en encourageant toutes et tous à s’y confronter.
La rentrée oratoire de SPK s’ouvre chaque année sur deux événements destinés aux «1A » : le Choc des 1A (face au campus de Reims) en septembre, et les Triplétades au mois d’octobre. Ces deux événements répondent à plusieurs objectifs : ils permettent d’abord à ceux qui découvrent encore Sciences Po et son univers, d’être imprégnés dans cette culture de l’art oratoire. Il s’agit pour eux de découvrir cet art, et de s’affirmer. SPK veille pour cela à mettre en place « un espace bienveillant », favorable à ces premiers pas en tant qu’orateurs. En plus de ça, les Triplétades permettent aux triplettes de développer un esprit de groupe et des amitiés durables.
Le choc des 1A : Quand Reims et Paris se rencontrent…
Le coup d’envoi de cette année pour SPK avait lieu vendredi 9 septembre avec le Choc des 1A. Quatre valeureux candidats, sélectionnés parmi les étudiants de première année, se sont donc rendu à Reims pour défendre l’honneur du campus de Paris.
Là-bas, Victoria, Elise, Mattias et Victor, nos candidats, ont dû se préparer à un “débat parlementaire”, sur le sujet « ce gouvernement veut interdire le mensonge ». Tandis que les Rémois ont endossé le rôle des membres du gouvernement défendant l’interdiction du mensonge, nos candidats parisiens ont joué le rôle de l’opposition.
« Pourquoi priver l’humanité de son enfance ? » (Victor)
Victor a ainsi soutenu qu’interdire le mensonge reviendrait à interdire le rêve. En effet, tous les mythes d’enfance comme le Père Noël ou la petite souris, « tous ces symboles auxquels nous avons eu le droit de croire, qui ont rythmé une partie de notre vie » reposent sur des mensonges. De même « l’interdiction du mensonge, c’est l’interdiction de la fiction ». Interdire le mensonge reviendrait donc à interdire d’imaginer un monde utopique, de croire en quelque chose de plus beau. Il a également soulevé la question du mensonge pour apaiser ou pour éviter de blesser quelqu’un. Il s’interroge : « pensez-vous vraiment que nous serions autant épanouis dans nos relations ? Que nous serions même capables d’en tenir une ? »
Le jury, a finalement tranché en faveur de nos voisins rémois. Mais nous n’avons pas été en reste puisque Mattias a remporté le prix du meilleur orateur.
Compétition au sommet de l’Olympe : les Triplétades
En tant qu’association permanente, Sciences Polémique doit chaque année organiser l’une des six épreuves des Triplétades. Le légendaire concours d’éloquence lors duquel s’affrontent les 22 triplettes de 1A a ainsi pris fin mardi 11 octobre. La finale s’est déroulée en Boutmy et a opposé les triplettes 3, 9, 18 et 19.
À travers des discours passionnés, les candidats se sont confrontés à des sujets inspirés des plus grands écrivains antiques, à partir de citations d’Homère, Virgile ou encore Sophocle. Camille et Joachim de la triplette 9, nous ont donc parlé de la « folie d’entreprendre plus qu’on ne peut » (Sophocle), Elise et Jean, de la triplette 3, ont débattu de la valeur de la vie, et Clara et Crislène, de la triplette 18, nous ont parlé du lien entre la mort et le sommeil, et de la fine frontière qui les sépare.
Après les discours, deux autres candidats de chaque triplette ont dû répondre aux questions déstabilisantes d’un jury prestigieux composé de Pierre François (Doyen de l’école de la recherche de Sciences Po), Léa Gobbi (présidente de Sciences Polémique), Cécile Kao (co-présidente du BDE), Sébastien Thubert (Responsable de la vie étudiante et associative), Noémie Delattre (Actrice, dramaturge et metteuse en scène), Sébastien Pouderoux (Acteur et pensionnaire de la comédie Française), Paloma Moritz(Journaliste et réalisatrice), Julia Layani et Elise Goldfarb (entrepreneuses associées).
Pendant les délibérations du jury, le public a choisi un vainqueur à l’applaudimètre. Les candidats de la triplette 18, dont les camarades étaient venus en masse, ont obtenu l’ovation la plus bruyante.
Le verdict est finalement tombé : la triplette 18 a remporté la compétition, devant la triplette 3 et la triplette 9, qui est montée sur la dernière marche du podium.
Les retours des candidats…
Au cours de ces deux épreuves, les candidats ont dû surmonter le stress de prendre la parole en public.
Victor, qui a participé au choc des 1A, nous a donc parlé de la difficulté de se lancer dans son discours. Selon lui, les premières secondes sont les plus difficiles : il faut faire face à la pression, réussir à attirer l’attention du public, et espérer que les quelques blagues passent bien. Mais une fois que le public est acquis, et que le candidat est lancé, le discours se fait tout seul et il ne reste plus qu’à profiter.
Camille, candidate de la triplette 9 pour le deuxième événement SPK, semble être du même avis. Elle qui a dû prendre la parole devant tout un amphithéâtre, a dit que c’était « très impressionnant au début, jusqu’à ce qu’on reconnaisse des visages familiers qui aident à se sentir à sa place ». Il faut donc beaucoup de courage pour se lancer dans l’aventure de l’art oratoire. Camille, qui a fait treize ans de théâtre et qui est très à l’aise à l’oral, nous a dit avoir décidé de se porter candidate parce que c’était la meilleure façon pour elle de participer aux Triplétades et de contribuer à la victoire de sa triplette.
Pour Élise, qui a participé aux deux évènements, le but des Triplétades « était véritablement de former une cohésion de groupe ». Par exemple, la triplette 3 avait établi un dress code pour la finale. La compétition met aussi en place une rivalité inter-triplette, « on se lance des piques, des vannes etc… », bien que les 1A restent « là les uns pour les autres quand c’est dur ». En ce sens, le Choc des 1A était très différent « parce que ceux qui ont été sélectionnés se sont motivés “tout seul”, dans le sens où il y avait moins cet esprit classe ». D’ailleurs, le Choc des 1A « motive énormément pour la suite de SPK, parce qu’on voit de quoi les autres sont capables, et à quel point on va être aidé, soutenu et encouragé ». Élise souligne aussi l’investissement des membres de SPK, qui ont coaché les candidats lors des deux épreuves, les ont aidé à maîtriser leur stress et les ont conseillés. Elle a tout particulièrement aimé participer aux Triplétades car elle a pu affronter les orateurs avec lesquels elle avait fait le Choc des 1A. En effet selon elle, « la rivalité avec des gens qu’on connait, qu’on apprécie, ça pousse à donner le meilleur ».
Malgré la difficulté de se lancer et de faire face à la pression, les candidats du Choc des 1A et des Triplétades ont donc eu l’occasion de donner le meilleur d’eux-même et de découvrir l’art oratoire. Un art plus puissant qu’il n’y parait, et un outil profondément démocratique d’après Sciences polémique.
Crédit Image : Sciences Polémiques, Clément DEVILLIERS.