Une Journée Dédicaces sous le signe de l’engagement
En vue des présidentielles de 2012, la 64e édition de la journée dédicaces annonce la couleur : cette année, le thème sera l’engagement en littérature. Branle bas de combat donc samedi 3 décembre dans les locaux de Sciences Po, qui accueillaient une petite centaine d’auteurs tous séduits par le concept.
Concept qui se ressent dans l’ambiance général ce jour là au 27 : à l’entrée, les âmes les plus inspirées laissent un message post it, sur lesquels on peut lire des préceptes galvanisants (ou moralistes) : « si vous voulez être heureux, soyez-le » ou même l’incurable « indignez-vous » que l’on se devait de retrouver quelque part. A l’étage de la bibliothèque, Caroline Fourest improvise devant un petit attroupement une diatribe contre Patrick Besson (« un con fini »), mais plus généralement à l’encontre de la christianophobie. Une fois de plus à Sciences Po, le dialogue est ouvert.
On pourrait croire le salon de littérature de Sciences Po vert et peu notoire, il n’en est rien : sur quatre vingt dix auteurs, une bonne vingtaine a demandé à participer, attirés par la présence, indubitablement, du prix Goncourt 2011, j’ai nommé Alexis Jenni.
Coup de poker pour le staff de la Journée Dédicace de l’année ; Ségolène Cavaliere, l’organisatrice du projet, a invité l’auteur avant l’annonce de sa récompense ; Alexis Jenni qui « honore toujours ses promesses » était tout bonnement l’évènement ambulant de la journée, perpétuellement escorté d’une horde de fans et de curieux. A 16h05 Alexis Jenni délaisse une vingtaine d’admirateurs pour répondre aux questions savamment préparées de RSP. On dit l’écrivain timide, si c’est le cas il cache bien son jeu : rompu à l’exercice, il arrive, serre des mains et s’installe avec une aisance que lui permet sa tenue décontractée. Au bout de cinq minutes de questions, les badauds affluent, un public plutôt large de 18 à 60 ans.
3 questions à … Alexis Jenni
– Pas trop encombrante, cette nouvelle célébrité ?
« Si, je n’ai plus le temps de rien. Jusqu’à fin décembre, je suis overbooké : Troie, Paris, Renne, Genève… »
– Comment vivez-vous le succès de votre premier livre ?
« J’ai la curiosité du débutant, je découvre. Il faut se montrer, répondre aux questions… La réponse est parfois improvisée ! C’est assez lassant de signer des autographes comme un automate, mais c’est la règle du jeu. Pour autant les lecteurs m’intéressent, parce que j’ignore comment on voit mon livre »
– Un auteur doit-il expliquer son livre ou laisser le lecteur à sa propre interprétation ?
Je pense que c’est à lui de se débrouiller. D’ailleurs, il faut se méfier des gens qui expliquent trop bien leur livre… Ils mentent. Ou alors, leur livre est mauvais ! L’art français de la guerre, c’est un roman même si ça sonne très sociopolitique. C’est d’ailleurs le ton général des ouvrages que l’on retrouve en Péniche, dans le petit hall et en bibliothèque ; le Salon du Livre de Sciences Po, qui promet une évasion littéraire, reste tout de même bien sciences pistes dans le choix de ses auteurs. Ah sauf peut être, en grimpant à l’étage des salles de cours… Bien cachés en haut du petit escalier (et de l’ascenseur menaçant), on retrouve les écrivains de romans, bandes dessinées (la fameuse Silex and the City) qui, il faut le dire, moisissent un peu derrière leur table en deuxième moitié d’après midi. Loin de la cohue Jenni, le romanesque serait presque planqué en ce haut lieu de science politique. On y déniche pourtant des auteurs remarqués tels que Sorj Chalandon, ou Hugo Boris qui présente entre autre, Le baiser dans la nuque.
3 questions à… Hugo Boris
– Que pensez-vous de la journée ?
« Il y a une très bonne ambiance ! C’est une chance d’avoir un assistant d’auteur. Un salon, c’est toujours assez particulier, car on vend un truc assez personnel. »
– Qu’est ce que vous appréciez dans les Salons ?
« le fait de se confronter aux lecteurs, mais aussi de rencontrer de nouveaux auteurs. L’écriture est une activité solitaire, les salons permettent aussi de sortir de chez soi ! »
– Ca vous plait de promouvoir vos livres ?
« Si je pouvais me passer de la promo… Non, c’est plutôt inconfortable de devoir promouvoir son travail. Mais dans le monde de l’édition, c’est la guerre : on met trois ans à écrire un livre, et son temps de rotation n’est que d’un mois. Les écrivains sont hystériques, ils se débattent pour exister.» Retour dans le hall, qui se vide peu à peu. La 64e Journée Dédicace tire à sa fin, malgré quelques irréductibles qui errent entre les stands, ou font irréductiblement la queue devant la star de la journée. Une petite trêve « littéraire » entre les murs de l’IEP, qui vibre sous le son des guitaristes : un petit groupe de musique fait swinguer la Péniche au rythme de « c’est la crise ». Décidemment, on reste dans le thème.
Merci à Ségolène Cavaliere pour ses informations.
One Comment
lol
« Le prix nobel de littérature 2011, Alexis Jenni »